On voit de nombreux clubs de padel et joueurs de padet mitigés sur l’implication de la Fédération Française de Tennis dans le beach et le padel. Certains même pointent du doigt la FFT par rapport au développement du beach en France. Du coup, le padel prendra t-il le même chemin ?
La situation actuelle de ces sports en France
Le Beach Tennis et le Padel restent encore des sports très peu connus en France métropolitaine. Ils se jouent le plus souvent en bord de mer notamment pour le Beach Tennis qui est très développé à la Réunion. Selon Héloïse Clavel, le Padel recense entre 5 000 et 6 000 participants contre 2 000 pour le Beach Tennis.
La FFT compte donc sur le Padel pour « rebooster le Beach Tennis ». Ainsi, le Padel commence à se faire connaître de plus en plus par la population grâce aux structures privées (dans le modèle des Urban foot – Le Five – Soccer Park) qui fleurissent en particulier dans la région parisienne.
La FFT est en pleine réflexion pour élargir ces sports aux plus grands nombres et accroître leur notoriété. Pour cela, un terrain de Beach Tennis sera installé sur le nouveau format de Roland Garros.
La FFT se penche aussi sur un nouveau format de licence dite à « courte durée », comme des licences uniquement pour les joueurs de Beach Tennis l’été à la plage.
Malgré un manque de budget qui limite l’expansion de ces sports en France contrairement à d’autres pays européens, la FFT et les joueurs prédisent un bel avenir à ces sports sur le territoire français pour les années futures.
Les solutions imaginables (privé, associatif, les projets existants)
Après les entretiens réalisés et nos recherches personnelles, plusieurs cas sont envisageables. Plusieurs solutions existent malgré des freins financiers. Comme dans tout secteur jeune, il faut prendre des risques qui paieront.
Dans le cas du Padel et du Beach Tennis, sports absorbés par la Fédération Française de Tennis, le développement peine à se mettre en oeuvre malgré différents acteurs qui donnent de l’allant à ces disciplines. La FFT fait face à des demandes coûteuses et le tennis reste encore la discipline reine. Voici un état des lieux de ce qu’il est possible d’entreprendre pour dynamiser ces sports de raquette émergents.
• Structures privées
Depuis le milieu des années 2000, les salles de sports prennent leurs quartiers à la périphérie des villes.
Des gros complexes omnisports voient le jour : fitness, football, tennis, badminton, squash. Les réussites majeures sont exclusivement liées au fitness avec un nombre incalculable de salles de sport de remise en forme et au football à 5, véritable phénomène où l’on compte plusieurs acteurs qui monopolisent tout le marché de l’offre sportive privée.
Le sport est bon pour la santé, le public est maintenant prêt à payer pour se défouler une heure ou deux (parfois à des prix exorbitants). Le padel ne déroge pas à la règle, en effet, Héloïse Clavel à la direction de la vie fédérale de la FFT nous apprend que 34 structures privées intègrent du padel dans leurs centres omnisports.
Aujourd’hui, aucun centre dédié exclusivement au beach ou au padel n’a été ouvert, mais Franck Binisti, fondateur du site Padel Magasine nous met dans la confidence : « des clubs 100% Padel sont en train de s’installer » notamment à Lille. Ce type de centres fonctionnent sur le même principe que le modèle Urban Soccer avec une location à l’heure des terrains par des particuliers, des professionnels ou encore des clubs affiliés à la Fédération (pratique commune dans le football où des clubs se rendent dans des structures de foot à 5 pour garder une certaine condition physique pendant l’hiver).
Ce type de structures est un complément non négligeable pour les clubs de tennis qui souhaitent s’orienter vers le développement de ces pratiques émergentes. Certains voient d’un mauvais oeil l’apparition de ces centres puisqu’ils peuvent être jugés comme une concurrence déloyale envers les clubs affiliés existants. « Mais il peut y avoir des conflits si un club municipal monte un club à côté d’un autre club privé avec l’argent public et donne accès aux terrains pour 150€ par an » nous confie toutes les personnes contactées.
Néanmoins, un partenariat, une association avec un ou plusieurs clubs locaux seraient extrêmement bénéfiques pour toutes les parties prenantes : les centres, les clubs et la fédération. Le tout est de coordonner habilement les différents intérêts de chacun. La problématique majeure pour la fédération est la suivante : comment récupérez ces pratiquants pour les transformer en licenciés ?
Il est intéressant de noter qu’aucun centre privé dédié au beach tennis n’existe à l’heure actuelle. De quoi donner des idées à des jeunes tout fraîchement sortis d’un Master marketing et management du sport.
• Structures associatives
Beaucoup de clubs de tennis prennent la forme d’association, mais face à un coût élevé que représente l’installation d’infrastructures dédiées au beach ou au padel, beaucoup de clubs rechignent à promouvoir ces pratiques.
Pour le beach tennis, les zones de chalandise se situent principalement sur les littoraux de la métropole et dans les DOM-‐TOM. Les soeurs Hoarau, paire n°1 française en beach, nous expliquent que des associations parallèles se créent pour dynamiser leur sport, associations qui ne sont pas sous l’égide d’un club de tennis : « Les associations de beach se sont multipliées, mais il est vrai que peu de clubs de tennis disposent d’un terrain de beach. Le coût financier d’une structure artificielle de beach (et son entretien) est pour moi une raison qui pourrait expliquer ce constat. »
Pour l’instant, il est très difficile de quantifier ce phénomène malgré le support de fédération française de tennis. Néanmoins, l’apport financier et matériel de la FFT reste à ce jour très faible.
• Projets existants
Comme pour un produit classique, tout sport émergent se doit d’être connu du grand public. Ainsi, la FFT profite de la plus grande exposition française au niveau tennistique pour faire connaître le beach et le padel : Roland Garros.
Tous deux présentés en format exhibition / démonstration, ces pratiques ont rencontré des avis globalement positifs de la part des visiteurs même si « le beach a vraiment mieux marché que le padel » affirme Héloïse Clavel.
Les caractères « fun » et « facile à prendre en main » jouent énormément dans cette communication afin de faire découvrir au plus grand nombre ces sports. D’un point de vue plus professionnel, l’hypothèse d’un Pôle Espoir dédié au beach et au padel est en cours d’observation au sein de la FFT : « Au niveau du beach, la demande a été faite par certains licenciés auprès de Jéremy Botton, directeur adjoint, notamment pour des aides financières, au niveau infrastructures c’est plus délicat ».
Un Pôle padel et beach dans les bacs ?
En tout cas, l’idée est étudiée de près par la FFT. D’un point de vue international, le padel et le beach sont candidats pour être prochainement présentés aux Jeux olympiques en tant que disciplines de démonstration. Comme dit précédemment, le beach tennis prend une dimension plus importante sur les littoraux et dans les DOM-‐TOM.
Nous avons interviewé Frédéric Pamart, qui souhaite créer une structure de beach tennis au sein d’un club de tennis réunionnais : « 4 terrains éclairés, création d’une école dédiée au Beach : « Il s’agit là pour moi non d’un pari, mais d’une logique allant dans le sens de l’intégration du Beach tennis dans la FFT ».
Cette pratique semble être en développement sur les littoraux français, mais pour l’instant aucun projet dans le beach n’est arrivé à son stade ultime et concret. Enfin, dans les solutions envisageables, il faudrait s’appuyer sur les figures influentes du monde du tennis pour endosser le rôle d’ambassadeurs de ces sports émergents.
Franck Binisti rappelle que plusieurs tennismen professionnels jouent régulièrement au padel : « En France Monfils / Paire / Clément / Di Pascquale / Mahut jouent aussi au Padel.
Mahut représente une société (EPS), il crée des terrains, tout comme Henri Leconte qui a sa propre franchise (Henri Leconte Padel).
Il y a beaucoup de tennismen qui sont fans de Padel, même des gens au sein de la FFT. La FFT pourrait s’appuyer sur l’aura que dégagent ces personnalités afin de démocratiser le padel ou le beach, mais sûrement à la fin de leurs carrières.
[toggle title=”Auteur : Alexandre BRUZAUD,” state=”open” ]Diplomé d’un Master (spécialisation marketing et management du sport) à l’ISC Paris Business School. En CDI depuis la fin de mes études au sein d’Adidas France en tant que responsable commercial en charge de la région Paris/Nord. Passionné de sport, j’ai découvert et adhéré au Padel lors de mon Erasmus en 2013 en Espagne.[/toggle]
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.