Dans une série d’articles, nous allons vous partager des parties du mémoire de recherche consacré au développement du padel de Paul Dornberger. Ce joueur amateur a réalisé un travail d’étude soutenu en avril 2024 dans le cadre de son Master en Management du Sport à l’UFR STAPS de Nantes.
Pour entamer cette série, nous vous présentons l’un des sujets que Paul explore dans son mémoire de recherche : le contexte favorable de la période post-Covid pour la croissance exponentielle du padel.
Une période bouleversante pour le sport
En fin d’année 2019, la Chine a été victime d’une propagation d’un virus qui s’est rapidement transmis de territoires en territoires et partout dans le monde : la crise du COVID-19. En France, cette crise sanitaire a pris une grande ampleur provoquant alors une intervention politique. En effet, à la suite d’une augmentation exponentielle du nombre de cas dans l’Hexagone, le Président Emmanuel Macron a pris la décision de mettre en place un confinement de la population le 17 mars 2020 afin de limiter les interactions sociales et donc le risque de contaminations.
C’est principalement cet aspect social qui est intéressant ici. On observe à cette période une restriction de la vie sociale de la population, qui doit alors vivre isolée chez elle en ne s’ouvrant au monde extérieur que par un justificatif précis et réglementé. Ce processus de distanciation sociale a fait parler dans le domaine du sport. Les infrastructures sportives se sont retrouvées fermées, les événements sportifs annulés, les regroupements de sportifs en plein air sanctionnés.
L’arrêt de la vie sportive de la population a impacté les institutions avec la mise en sommeil de l’activité des associations sportives et des structures commerciales durant cette longue période. Le CNOSF fait en mai 2020 une synthèse de l’impact de la crise sur le domaine sportif. Des chiffres sont alors intéressants et montrent à quel point la pratique d’une activité physique et sportive s’est complexifiée. Ce sont donc « 76% des associations et 50% des organisations marchandes » qui ont stoppé leur activité.
Nous nous demandons alors ici si le confinement et les restrictions sportives qu’a engendré la crise sanitaire Covid-19, ont également eu pour conséquence une transformation des envies sportives de la population. Si certains passionnés sont restés fidèles à leur(s) sport(s) favori(s), d’autres ont découvert d’autres formes de pratique dans lesquelles ils ont souhaité poursuivre leur chemin.
Le padel, un nouveau mode de pratique sportive
Cette période a laissé place à la diffusion de pratiques innovantes, populaires à l’étranger et qui se sont d’autant plus intégrées dans ce contexte social, comme le padel. En effet, suite au confinement, les envies sportives des pratiquants se dirigent vers des pratiques moins traditionnelles et la popularité du padel a connu un boom à cette période en Espagne, qui a fait que le sport s’est davantage répandu en France et plus généralement dans le monde au lendemain de la crise.
Mais alors, il est légitime de se demander pourquoi le padel ne s’est pas popularisé plus tôt ? Ou même pourquoi le padel s’est démocratisé alors que c’est un sport qui ne pouvait pas être pratiqué pendant la crise sanitaire ?
Le padel, au lendemain de cette crise, est une discipline sportive qui a répondu aux nouvelles attentes des sportifs par ses qualités principales : convivialité, accessibilité, ludique… Dès 2015, Patrick Mignon (auteur de « Point de repère – La pratique sportive en France : évolutions, structuration et nouvelles tendances ») nous parle de l’essor de nouveaux critères de recherche des sportifs : bien-être, équilibre personnel et sociabilité. Il faut alors croire que dans un contexte de crise où la sociabilité a été considérablement réduite, ce critère de recherche s’est fortement développé à la reprise de l’activité physique et sportive en France.
C’est d’ailleurs ce que nous pouvons constater dans les réponses au questionnaire d’enquête passé aux pratiquants de l’agglomération orléanaise où les critères de pratique du padel les plus rapportés sont l’aspect fun et spectaculaire (85,1%) mais aussi la convivialité (79,2%). On remarque que la sociabilité est citée par la moitié des enquêtés.
Si nous poussons encore plus loin la place du padel dans le contexte du Covid-19, Padel Magazine a publié une étude de Lorenzo Lecci Lopez démontrant que le padel pourrait être un sport anti-covid. La crise Covid a atteint la santé mentale des sportifs, et le padel, avec les qualités qui lui sont connues aurait des bénéfices dans ce domaine : la lutte contre l’isolement, l’anxiété et la dépression.
Les facteurs de la croissance du padel
Malgré un contexte compliqué, le cabinet Monitor Deloitte fait en 2023 un état des lieux de ce qui a permis, selon eux, au lendemain de la crise sanitaire, d’assurer le bon développement du padel. Tout d’abord, le pouvoir d’achat des ménages dans le sport serait resté stable et la dépense sportive serait même en évolution de 8% par an.
De plus, on observe l’évolution des pratiques sportives qui se modernisent et une médiatisation des événements de plus en plus développée. Ainsi, le rapport fait le constat qu’en 2023, trois Français sur quatre pratiqueraient un sport dont la moitié au moins une fois par semaine. On a donc ici la preuve d’une relance de la pratique sportive en France au lendemain de la période Covid qui est bénéfique pour le développement de jeunes sports comme le padel.
L’étude distingue alors plusieurs facteurs de croissance du padel comme le fort intérêt des joueurs de tennis, la sociabilité de la pratique, la visibilité augmentée par les personnalités publiques, ou encore l’importance des acteurs privés.
Dans une série d’articles, Paul Dornberger vous partage sa recherche consacrée au développement du padel. Ce joueur confirmé en France a réalisé un travail d’étude soutenu en avril 2024 dans le cadre de son Master en Management du Sport à l’UFR STAPS de Nantes.