Jean-Luc Baldelli, le promoteur du tournoi Betclic Premier Padel Bordeaux P2, revient sur la première édition du tournoi en évoquant sa genèse, la fragilité du modèle économique ou encore l’absence des tops joueurs.

D’architecte à promoteur du Premier Padel

Moi, je ne viens pas du monde du padel, ni même du tennis. Mon parcours est tout autre. À l’origine, je suis architecte et chef d’entreprise, à la tête d’un groupe de quatre agences. J’ai découvert le padel en tant que loisir pendant le confinement en 2020. Très vite, je suis tombé amoureux de ce sport. Le padel étant un petit monde, j’ai rapidement rencontré de nombreuses personnes et j’ai voulu donner plus de sens à cette pratique qui, pour moi, était initialement très récréative. Mon premier pas a été de créer une ligue d’entrepreneurs à Bordeaux. L’objectif était de se rencontrer, de partager cette passion, et de donner une dimension compétitive et sportive à nos parties.

Ensuite, je suis devenu partenaire du Big Padel en sponsorisant le terrain central. J’ai également domicilié ma ligue là-bas. C’est à ce moment que j’ai rencontré Jean-Thomas Peyrou. Il m’a sollicité pour devenir sponsor du FIP RISE qui a eu lieu l’année dernière à Bordeaux. Ce tournoi a été un succès, ce qui nous a donné l’envie de faire encore mieux et plus grand.

trophée premier padel bordeaux

Nous avons alors envisagé de nous lancer dans quelque chose de plus ambitieux. À cette époque, il y avait deux circuits : le World Padel Tour et le Premier Padel. Nous avons estimé que l’avenir se trouvait du côté du Premier Padel, même si cela n’était pas encore certain à ce moment-là. Avec Jean-Thomas, nous avons pris contact avec Qatar Sports Investments et avec l’Arkéa Arena pour discuter de la possibilité d’organiser un tournoi majeur à Bordeaux.

Le bilan du tournoi

Étant donné que je ne viens pas du milieu du padel, j’ai apporté une vision entrepreneurial au tournoi. Jean-Thomas, lui, a apporté toute son expertise sportive et sa connaissance des contraintes spécifiques au padel. Ensuite, nous avons monté une équipe solide avec l’arrivée de Michaël Llodra en tant qu’associé, ainsi que de Fabien Stut et Cyril Gaillard.

Aujourd’hui, le bilan de ce tournoi est extrêmement positif. L’événement a été bien conçu, très esthétique et il s’est déroulé sans accroc. L’affluence a dépassé nos attentes, avec plus de 16 000 billets vendus pour cette première édition. Un des points les plus positifs, c’est que l’organisation humaine a très bien fonctionné malgré les défis. Nous avons travaillé avec des bénévoles, des techniciens, nous formions au quotidien une équipe de plus de 100 personnes, et la coordination a été excellente.

Les partenaires sont également très satisfaits. Le padel de très haut niveau a réussi à séduire un public large, de 7 à 77 ans : hommes, femmes, enfants. Le spectacle a vraiment captivé les spectateurs. Cela prouve qu’il y avait une véritable demande pour ce type d’événement à Bordeaux, et c’est extrêmement encourageant pour l’avenir.

Coki-Nieto-Jon-Sanz-Bordeaux-P2

L’absence des tops joueurs

Cela a eu un impact sur la vente de billets et nous étions très déçus de ne pas tenir nos promesses. Cependant, je pense que nous avons rapidement réussi à tourner la page, ce qui est la grande force de ce tournoi. On n’a plus parlé des absents et on a presque oublié qu’ils n’étaient pas là. Le spectacle proposé était quasiment équivalent à ce qu’il aurait été si le Top 8 avait été présent.

Nous avions quand même 40 joueurs du Top 50 mondial, donc le niveau restait très élevé. Même si ces absences était décevantes, nous avons su faire face et offrir un tournoi de qualité. Nous espérons avoir ces joueurs dès la prochaine édition et cherchons à obtenir des garanties de leur présence. Mais nous avons montré que nous pouvions très bien nous en sortir sans eux.

Un modèle économique fragile

Je crois que notre objectif principal aujourd’hui est de faire un bilan complet. Sur le plan sportif et humain, le bilan est excellent. En revanche, le bilan économique reste à déterminer. Nous avons encore beaucoup de données à analyser pour comprendre où nous nous situons exactement. Nous savions dès le départ que ce modèle économique était fragile, et cela pourrait être le point négatif de ce tournoi : il risque de ne pas être à l’équilibre. Cela ouvre beaucoup de réflexions. Nous étions préparés à ce risque, car nous nous sommes engagés sur le long terme, avec l’objectif d’atteindre l’équilibre au bout de deux ou trois éditions. Il est donc crucial de porter ce risque en conscience.

L’une des principales questions concerne le calendrier. Nous devons nous positionner à un moment plus stratégique de la saison. Cette année, nous avons été désavantagés par le calendrier : le P2 avait lieu juste après une tournée sud-américaine et juste avant un Grand Chelem en extérieur, alors que notre tournoi est en intérieur. Nous travaillons actuellement avec Premier Padel pour repositionner ce tournoi à un meilleur moment de l’année.

piste bordeaux premier padel

Le passage au P1 est une véritable réflexion, mais il rend le modèle économique encore plus fragile. Un P1 implique des prize-money augmentés et un cahier des charges plus exigeant, ce qui représente beaucoup de nouvelles contraintes pour nous en tant qu’organisateurs. Nous ne sommes pas encore sûrs de vouloir aller dans cette direction. Ce que nous recherchons, ce sont des garanties concernant la présence des tops joueurs. Actuellement, les tops joueurs ont participé à tous les P2 sauf à celui de Bordeaux. Il y a donc un problème à résoudre à ce niveau, et nous travaillons dessus avec Premier Padel.

Un changement de lieu pour la prochaine édition ?

Il y a certainement d’autres aspects à améliorer. Une fois que nous aurons réajusté la date, la deuxième réflexion importante concerne le lieu. Nous étudions actuellement cette possibilité. Rien ne nous empêche de changer de site. Cela pourrait signifier changer de salle ou même de ville. Nous explorons actuellement différentes pistes et sites pour déterminer si la prochaine édition se tiendra à l’Arkéa Arena ou ailleurs.

Changer de lieu doit vraiment être envisagé dans l’optique d’améliorer l’événement : c’est pour faire encore mieux. En tant qu’organisateur, tu ne peux pas être performant sur de nombreux critères et être économiquement en difficulté. Donc, l’objectif est d’améliorer tous les aspects, y compris l’aspect économique, pour assurer la pérennité et le succès du tournoi.

Quelle date pour la 2ème édition du tournoi ?

Nous n’avons pas encore une idée précise de la date de la seconde édition parce que tout est interconnecté, c’est un effet domino. Un lieu donné détermine les dates potentielles, mais le circuit Premier Padel nous donne des dates idéales qui peuvent ne pas être compatibles avec les lieux que nous avons envisagés. Tout est très lié.

Il faut que cette équation s’équilibre en tenant compte d’un positionnement optimal sur le calendrier. On doit également considérer le calendrier sportif français, avec Roland-Garros, le Top 14 avec ses phases finales et demi-finales, et le Tour de France. Le calendrier Premier Padel ne prend pas toujours en compte ces échéances françaises. Les Majors, comme Rome et Roland-Garros, se positionneront en premier, et nous devrons ensuite trouver une date pertinente.

Une date trop avancée dans la période estivale n’est pas non plus idéale, car les partenaires ne sont pas vraiment intéressés par des hospitalités ou des événements after-work en plein mois de juillet ou d’août. Nous allons probablement garder un positionnement printanier, autour de mai ou juin.

Nous allons essayer de faire aussi bien, voire mieux pour la seconde édition. Les retours que nous avons reçus jusqu’à présent sont unanimes. Les joueurs sont très contents, nous avons reçu des messages de certains d’entre eux, ainsi que beaucoup de feedbacks positifs de la part des spectateurs, des joueurs et des partenaires. Les retours sont très encourageants.

Dorian Massy

Nouvel adepte du padel, je suis fasciné par ce sport dynamique qui allie stratégie et agilité. Je trouve dans le padel une nouvelle passion à explorer et à partager avec vous sur Padel Magazine.