Il y a des joueuses qui se livrent facilement et d’autres qui préfèrent laisser parler leur jeu. Charlotte Soubrié, membre de l’équipe de France de padel depuis 2019, fait partie de cette seconde catégorie. À bientôt 36 ans, la 162e joueuse mondiale, originaire d’Albi, doit livrer l’une de ses plus grandes batailles : être interviewée par Padel Magazine.

Pour mieux la connaître, nous avons pu échanger avec elle sur son parcours, sa discrétion, son engagement pour l’équipe nationale et son équilibre entre vie professionnelle et compétition.

Une joueuse discrète (ça dépend…), mais une compétitrice affirmée

Tu es peut-être la joueuse la plus discrète du circuit, malgré ton statut en équipe de France. Pourquoi cette réserve ?

Disons que je préfère m’exprimer sur les pistes plutôt que devant un micro ! Après, regarde, j’ai répondu avec plaisir à ta sollicitation ! Je ne ressens pas le besoin qu’on parle de moi. Je préfère qu’on parle de mes performances plutôt que d’autres aspects extra-sportifs.

Mais en dehors du padel, je suis une bonne vivante, une épicurienne ! Petit clin d’œil à ma grande amie Chacha, qui se reconnaîtra.

“Une carapace que je me suis construite”

On avait déjà évoqué ton parcours tennistique. Peux-tu nous en dire plus sur cette expérience qui semble avoir marqué ton caractère ?

Je suis partie très tôt de chez mes parents, à 12 ans, pour intégrer le CNE de Roland-Garros jusqu’à mes 17 ans. Une expérience enrichissante et difficile à la fois. Être éloignée des siens à un si jeune âge forge un caractère. Entre performances et déceptions, il faut apprendre à avancer malgré les obstacles.

Ce parcours m’a aidée à comprendre que je suis plus épanouie dans un sport d’équipe. J’aime partager des moments, me battre pour mes coéquipières. Cette discrétion dont tu parles, c’est aussi une carapace que je me suis construite.

J’ai aussi vécu un épisode très dur : à 17 ans, j’ai dû témoigner aux Assises dans une affaire où le père d’une joueuse droguait les adversaires de ses enfants. J’en ai été victime. Un moment extrêmement difficile, mais qui fait partie de mon histoire.

Heureusement, j’ai la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours soutenu, tout comme mon grand frère Thibault, avec qui je suis très proche… même s’il me donne du fil à retordre pendant les footings ! Il faut dire qu’il est préparateur physique, entre autres.

Une place en équipe de France toujours en jeu

Aujourd’hui, tu es une cadre de l’équipe de France. Te considères-tu comme une joueuse incontournable ?

Tu me connais, jamais je ne dirai que ma place est acquise ! Le niveau monte constamment, et c’est une très bonne chose pour le padel.

Il y a Louise Bahurel, une jeune joueuse prometteuse, Marie-Amélie Dardaine qui revient de blessure, Nada Majdoubi, avec qui je m’entraîne souvent. Sans oublier Lou Lambert Agosti et Kimy Barla, qui s’investissent beaucoup. C’est un vrai challenge d’être bousculée, mais c’est ce qui rend le haut niveau passionnant : se remettre en question en permanence.

Des souvenirs forts avec l’équipe de France

As-tu des anecdotes marquantes avec l’équipe de France, positives ou plus compliquées ?

Les souvenirs les plus forts restent la médaille de bronze aux Championnats d’Europe. Nous avons failli battre les Italiennes en demi-finale, mais malgré la déception, on a su se remobiliser pour aller chercher cette médaille tant convoitée.

Une anecdote ? Lors de notre première rencontre à Cagliari, la team me dit : « Vas-y Sousou, lance le cri de guerre ! » À un moment, j’étais censée dire « Quand je dis go, vous dites France ! », mais personne n’a réagi… En fait, je n’avais jamais dit “go” ! Autant dire que j’ai été chambrée après ça.

Côté négatif, notre défaite en quart de finale lors des derniers Mondiaux a été une grosse claque. On a mis du temps à s’en remettre, mais on est restées soudées malgré tout.

Un clin d’œil aussi aux filles de la Team Senior+, qui m’ont super bien intégrée cette année. Un souvenir mémorable !

Un équilibre entre sport et vie professionnelle

On te reproche parfois de ne pas participer suffisamment aux épreuves internationales. Est-ce un choix ?

Oui, et je l’assume totalement. Je ne suis pas dans un projet padel à 100 %, mais c’est mon équilibre de vie et je suis bien ainsi. Je m’organise pour jouer des tournois FIP, mais je ne peux pas être sur tous les fronts en permanence.

Des débuts rapides dans le padel

Comment as-tu découvert le padel et senti que tu avais du potentiel ?

J’ai commencé à taper quelques balles en 2018, dans mon club du Stade Toulousain, où des terrains venaient d’être construits. J’ai vraiment commencé en 2019, bien entourée par Maryline Lafouresse et Marianne Vandaele, qui jouaient depuis plus longtemps. Tout s’est ensuite enchaîné : premier stage en équipe de France en 2019, puis première sélection en fin d’année.

Combien de temps après tes débuts as-tu intégré l’équipe de France ?

J’ai été sélectionnée pour la première fois fin 2019 pour les Championnats d’Europe en Italie. Ensuite, il y a eu le Covid, mais je suis revenue en 2021 pour les Europe et les Mondiaux de la même année.

Une joueuse de gauche, mais avant tout une compétitrice

Avec qui apprécies-tu le plus jouer ?

J’aime jouer avec tout le monde, mais c’est sûr qu’il y a des affinités particulières. Alix Collombon, avec qui j’ai eu la chance de jouer en équipe de France, Léa Godallier, avec qui j’ai gagné le P2000 de La Rochelle et disputé le Premier Padel de Bordeaux.

Droite ou gauche, peu importe. J’ai une préférence pour le côté gauche, mais tant que je suis sur le terrain, je suis heureuse !

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.