Rassurez-vous, il n’y a dans le titre de cet article ni faute d’orthographe ni usage de l’ancien français. Si dans les années 1700, le mot « roi » s’écrivait « roy », un « Roy » de 2023 désigne bien autre chose.

Un « Roy », c’est désormais l’équivalent d’une action d’entreprise en Bourse dans l’univers de la start-up Royaltiz. Cette société créée en 2021 a pour ambition de coter les personnes et non les entreprises.

« Buy is the new like »

En clair, si vous croyez au talent d’une personne et à son succès économique, vous pouvez acheter un « morceau » de cette personne sous forme de « Roy » et faire ainsi grimper sa valeur… Le slogan de la société Royaltiz est d’ailleurs clair : « Buy is the new like », c’est-à-dire « acheter est la nouvelle manière d’aimer ».

Mais venons-en à Cyril Hanouna : l’animateur de télévision est la nouvelle recrue de Royaltiz, l’une des 160 personnalités sur lesquelles on pourra désormais miser son argent. Donc si vous pensez que « Baba » va prospérer économiquement et/ou devenir l’une des stars du padel mondial, vous pouvez acheter des actions à son nom. Elles vous permettront de toucher chaque mois des dividendes si sa cote progresse ; vous pourrez aussi revendre vos Roy en faisant une plus-value. Mais si le cours du Roy Hanouna baisse, vous perdrez de l’argent…

Hanouna est le seul joueur de padel coté

« Ce que j’aime, explique Hanouna dans une vidéo, c’est qu’on peut miser sur des talents et c’est ça qui me fait marrer. On mise sur des talents plutôt que sur des entreprises. C’est une Bourse des talents. Personnellement, les entreprises, je n’y comprends rien, par contre les talents, là je comprends. »

Actuellement, Cyril Hanouna est le seul « joueur » de padel coté sur Royaltiz. En revanche, les sportifs professionnels y sont nombreux, notamment les footballeurs, boxeurs, tennismen, rugbymen… Fin avril, on pourra par exemple acheter pour 2  € des Roy de Daniil Medvedev, ex-n°1 mondial de tennis et vainqueur de l’US Open 2021.

On retrouve également sur la plateforme des artistes et des influenceurs, que l’on peut liker à la mode Royaltiz, autrement dit acheter.

Interrogé sur BFM Business, Christophe Vattier, PDG de Royaltiz, justifie ainsi le slogan Buy is the new like : « Qu’est-ce qu’il y a de mieux pour dire à quelqu’un qu’on l’aime que d’investir sur lui ? N’est-ce pas la manière ultime de montrer à quelqu’un qu’on croit en lui ? »

L’humain devenu marchandise

Le fait de pouvoir désormais miser de l’argent sur des personnes, et en particulier sur des sportifs professionnels, est inédit. Certes, on pouvait déjà parier sur les performances de ces sportifs et gagner de l’argent si l’on visait juste. La nouveauté, c’est que l’algorithme de Royaltiz ne prend pas seulement en compte la performance sportive, mais également l’image de la personne, son nombre de followers sur les réseaux sociaux, ses taux d’engagement, etc.

Comme d’autres, Cyril Hanouna était déjà une marque, il devient désormais une marchandise qu’on peut acheter et revendre. Symptomatiquement, la société derrière Royaltiz se nomme “Mankind stock-exchange” : la Bourse de l’humanité. “On veut coter tout le monde”, confirme d’ailleurs son PDG Christophe Vattier.

Après le sport et le show business, il y a fort à parier – et à craindre – que cette marchandisation de l’humain touchera aussi les relations amoureuses. Veut-on vraiment d’une société où dire “je t’aime” à quelqu’un se résumerait à un acte d’achat ?

Jérôme Arnoux

Crédit Photo : Droits Réservés

NB : Nous n’avons pas de liens commerciaux avec Royaltiz. Cet article n’est pas une incitation à l’investissement.

Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.