Les sociétés ont connu au cours des siècles des changements dans leurs habitudes de vie et de consommation. Le sport n’a pas échappé à ces changements. Des pratiques disparaissent dans certains pays, naissent dans d’autres, certaines évoluent et changent d’aspect.

Le padel est un sport qui date… Et pourtant qui semble se développer en France comme dans le monde entier que depuis quelques années…

Acensi et Marchiset[1] mettent en avant qu’il y a une perpétuelle transition dans les disciplines sportives. Tandis que les anciennes prennent d’autres formes, de nouvelles apparaissent ; soit elles proviennent de l’étranger, soit elles relèvent de créations qui sont souvent des dérivés de sports déjà existants.

Prenons comme exemple précis la course à pied en France. Dans la première moitié du siècle dernier, cette pratique était très encadrée et fédérale. Mais petit à petit, elle a changé de forme. Ce changement a été dû en grande partie au changement de mode de consommation et de vie des pratiquants. En effet, ces derniers sont depuis quelques dizaines d’années à la recherche d’une pratique autonome et libre. Ainsi, les coureurs ont commencé à courir seuls, ou en groupe d’amis, dans les rues, les parcs, les chemins, lorsqu’ils en avaient envie. Il faut bien comprendre qu’une pratique ne change pas d’aspect sans raison.

Concernant l’émergence de nouvelles pratiques dans un pays, sans « antécédents » sur le territoire, elles proviennent très souvent de l’étranger. L’un des articles de la revue #531[2] de Sport Stratégies nous montre l’émergence de certaines pratiques. Prenons le cas du Quidditch. Selon Alexis Venifleis, ce dernier est né de la saga Harry Potter, dans laquelle on peut y voir s’affronter des équipes au quidditch. Cette pratique, à la base imaginaire, aspire aujourd’hui des milliers de fans, voir des millions. Aujourd’hui, nous pouvons compter environ 500 équipes à travers une trentaine de pays. Cette pratique se structure en France depuis le début des années 2010. En 2011, il y a eu la création d’une Fédération en France avec l’instauration de tournois appelés « Fantasy ». A ceci, s’y ajoute l’essai de la Fédération d’instaurer des championnats dans chaque région. Sur le territoire hexagonal, on compte 350 licenciés à travers 20 clubs. Au niveau international, on retrouve « l’International Quidditch Association », fédération qui régule les compétitions aux niveaux européen et international.

Dans cet article, on peut facilement mettre en avant plusieurs étapes quant à l’éclosion d’une pratique : créer un modèle économique, puis solidifier la base sportive et enfin trouver des partenaires solides. Cependant, le quidditch peine quelque p eu à éclore, comme beaucoup d’autres nouvelles disciplines. En effet, d’après Armand Cosseron, (responsable de la communication de l’IQA) : « Le quidditch ne bénéficie que d’une aura restreinte, et sa notoriété réduite dépend essentiellement de sa communication digitale. La visibilité reste le nerf de la guerre, et s’il existe un réel phénomène de curiosité, l’enjeu est de taille : ‘ Nous avons un rôle pédagogique au sein des fédérations. L’un des défis est de déplacer, via les réseaux sociaux, le regard que l’on porte sur le quidditch pour le présenter tel qu’il est devenu, c’est-à-dire un véritable sport, florissant et semi-pro’ ».

A travers cet exemple, nous pouvons facilement comprendre qu’il est difficile pour une pratique d’émerger dans un nouveau pays. Le fondement d’une pratique est primordial. Le créateur du Teqball l’a bien compris. Cette pratique est née en Hongrie en 2014 et se développe en France depuis début 2017. L’hebdo #518[3] de Sport Stratégies nous explique comment Jawad El Hajri, ancien footballeur marocain, a posé les bases de cette pratique en France. Il est aujourd’hui président de Teqball France et membre fondateur de la Fédération internationale de Teqball. Ses objectifs étaient et sont toujours de faire reconnaître cette pratique comme un sport à part entière, faire devenir cette pratique un sport Olympique à l’échelle internationale (dans ce sens, des clubs, fédérations et compétitions vont voir le jour à l’échelle nationale), et enfin, d’implanter dans le paysage sportif urbain le Teqboard. Ce dernier permet de rassembler 4 pratiques : le teqball (football), le teqvolley (volleyball), le teqpong (tennis de table) et le teqtennis (tennis). Cet équipement multifonction nécessite 50 m2. Pour rassembler ces 4 sports, il faudrait environ 1000 m2, soit 20 fois plus d’espace. Il s’agit là d’un véritable argument auprès des collectivités, mais ce n’est pas le seul. Il leur permet de développer des activités sportives pour la population, il a un faible cout de maintien, un faible prix (entre 2490 et 3490 euros), il permet une pratique mixte et enfin, lors de la vente les éducateurs sont formés, et les municipalités sont aidées pour créer une association Teqball.

Teqball France a planifié quelques étapes en France pour son développement ; tout d’abord officialiser la Fédération Française de Teqball pour crédibiliser la discipline et créer des associations et clubs, et licenciés, puis mettre en place une véritable force commerciale avec la proposition de différentes offres sous forme de package pour différentes cibles que sont les collectivités territoriales, clubs de football et écoles. Ensuite, Teqball France compte mettre en place un championnat de France avec les écoles de commerce qui à terme, servira comme modèle pour organiser une compétition majeure à l’échelle nationale et enfin, développer un sponsoring et organiser une campagne de communication nationale.

On a vraiment la sensation, avec l’exemple de cette nouvelle pratique, qu’il est essentiel de mettre en place une stratégie de développement. Teqball France a vraiment réfléchi aux questions « Comment se faire connaître ? Comment développer cette pratique ? Que mettre en place ? ». Ils semblent bien organisé pour développer cette nouvelle discipline, il s’agit peut-être ici de la clé du succès.

[1] ACENSI Jean-Philippe, MARCHISET Gilles Vieille, op. cit. page 2.

[2] VENIFLEIS Alexis, « Quidditch, roller derby, dodgeball, ces sports « petits poucets » qui égrainent leurs cailloux », Sport stratégies : le spécialiste du marketing sportif : #531, 27 novembre – 03 décembre 2017, pages 14 – 19.

[3] « Football à 5 : Soccer Park – Le Five toujours offensif » Sport stratégies : le spécialiste du marketing sportif : #518 hebdo, 17-23 juillet 2017, pages 12 – 17.

Pierre Lemonnier

Pierre a fait des études de STAPS, et a validé un master en management du sport, après avoir étudié à Reims, Francfort et Lille. J’ai découvert le padel en 2014 pendant mon année Erasmus à Francfort grâce à une amie espagnole. Bon sang, que c’est bon le padel !