Il y a dix ans, en 2014, la Fédération française de tennis (FFT) intégrait le padel dans ses statuts. Si les débuts ont été progressifs, le padel s’est développé à grande vitesse en France. Depuis 2018, sous l’impulsion d’Hubert Picquier, premier élu en charge de cette discipline, et avec l’investissement croissant de la FFT, le padel a franchi un cap décisif. L’exemple le plus marquant reste l’organisation du Paris Major au Stade Roland-Garros, renouvelée pour cinq ans jusqu’en 2029. Mais au-delà de cet événement phare, c’est toute une success story qui se dessine pour la FFT.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 600 000 pratiquants et bientôt 100 000 compétiteurs recensés sur les douze derniers mois, soit des joueurs ayant disputé au moins un tournoi homologué. Un chiffre impressionnant qui témoigne de l’engouement croissant pour la compétition. Environ 16 % des pratiquants ont participé à un tournoi officiel, signe que le padel ne se limite pas au simple loisir. L’essor du nombre de joueurs réguliers se traduit aussi par une demande accrue de compétitions, des plus petites catégories aux plus élitistes.
Une structuration réussie des tournois
Malgré quelques critiques, la FFT a maintenu sa stratégie et consolidé les bases de la compétition en France. Les tournois P25 à P250 sont devenus incontournables et leur nombre ne cesse de croître. Pour répondre à une demande spécifique, une nouvelle catégorie, le P50, devrait voir le jour en septembre prochain. Si son officialisation reste en attente, certaines ligues, comme celle de la Martinique, ont déjà annoncé leur intention de l’adopter.
Les tournois P500 ont connu une évolution particulière. Jadis première marche pour les joueurs confirmés, cette catégorie est aujourd’hui une passerelle vers les P1000. L’arrêt du prize money obligatoire a entraîné une explosion du nombre de P500, bien que leur niveau ait baissé. Un phénomène qui touche aussi les P250, mais qui reste une conséquence logique de la multiplication des tournois et du nombre de joueurs. Un P500 de 2021 correspond aujourd’hui à un P250 en termes de niveau, tandis que les P1000, P1500 et P2000 ont pris le relais pour les joueurs les plus aguerris.
Avec la régionalisation des P1000 prévue dès septembre prochain, l’enjeu sera d’éviter un déséquilibre entre les régions et de limiter la concurrence entre tournois sur un même week-end. L’équilibre semble pour l’instant préservé, mais cette réforme nécessitera un suivi attentif.
Les P2000, vitrine du padel français
Les P2000, tournois élite du padel français, se sont imposés comme des étapes incontournables. S’ils ne réunissent plus systématiquement les meilleurs joueurs français, le niveau reste très élevé, notamment chez les messieurs. L’exemple du P2000 d’Esprit Padel en atteste : la compétition a mis en lumière de jeunes joueurs prometteurs, à l’image de Thomas Basso, finaliste aux côtés de Damien Bayard, ou encore d’Alexis Coulombon, qui a brillé avec Ludovic Cancel pour décrocher une quatrième place à Lyon.
Le sélectionneur de l’équipe de France, Pablo Ayma, souligne l’importance de ces tournois pour détecter de nouveaux talents : « Cette compétition est très importante pour moi. Si certains joueurs sont des incontournables en équipe de France, on voit à quel point la France dispose d’un vivier impressionnant de jeunes joueurs compétitifs. Ce P2000 à Lyon en est un parfait exemple. »
Un message fort envoyé aux jeunes qui cherchent à se faire une place dans l’élite. La finale du P2000 de Lyon a d’ailleurs illustré la marche à franchir : Thomas Basso s’est heurté à l’expérience de Benjamin Tison, ancien top 60 mondial. Le chemin vers le plus haut niveau ne fait que commencer pour ces jeunes espoirs.
Un enjeu clé : la formation des entraîneurs
Autre avancée significative pour la FFT : le renouvellement du Titre à Finalité Professionnelle (TFP) pour les professeurs de padel. Malgré un long combat face à France Compétences, cette certification pour l’obtention d’un diplôme de padel, essentielle pour encadrer la pratique du padel en France, a été validée pour une durée de trois ans. Un soulagement pour les étudiants et les clubs, confrontés à une demande croissante d’encadrants qualifiés.
Un sport désormais ancré dans les mentalités
Enfin, la popularisation du padel en France est indéniable. Plus besoin d’expliquer ce qu’est ce sport. Le terme “padel” n’est plus confondu avec le stand-up paddle, preuve de son ancrage dans l’univers sportif.
La FFT a donc réussi son pari : structurer et faire grandir un sport en plein essor, en l’installant durablement dans le paysage français. Les prochains défis seront de pérenniser cette croissance, déployer (ce qui est déjà le cas) des actions pour booster le padel féminin en compétition, tout en s’adaptant au boom de ce sport.

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.