Ces championnats de France étant terminés, je profite de l’occasion pour vous raconter quelques histoires, anecdotes et enseignements autour des enjeux d’une carrière professionnelle dans le padel aujourd’hui en France.
Ou plutôt devrais-je dire : la construction d’une carrière professionnelle !
Le padel est en pleine expansion sur le territoire français, derrière les locomotives que sont l’Espagne, l’Argentine et maintenant l’Italie.
J’ai la chance, cette année, et depuis la pré-saison, d’accompagner Laura Buteau dans son parcours professionnel (sponsors, partenaires, logistique, matériel, médias). Sa situation particulière de joueuse participant à trois circuits différents (France, Portugal, FIP) nous apporte énormément d’informations.
On n’a pas à se plaindre par rapport à nos amis espagnols !
Actuellement top 20 française, top 20 portugaise, et top 300 mondiale, Laura s’entraîne au Portugal, à Direct Padel (Bobadela, Lisbonne), et concourt sous les couleurs du PadelShot Caen en France.
Le premier enseignement que nous tirons de cette situation est qu’en France, un bon classement ouvre déjà de nombreuses portes. À l’étranger, un niveau similaire ne garantit pas autant d’opportunités.
Certains joueurs en ont fait référence dans des propos relayés par Padel Mag : un(e) numéro 50 espagnol sera souvent meilleur(e) qu’un(e) numéro 10 français(e). Pourtant, le joueur ou la joueuse espagnol(e) sera moins sollicité(e) par les marques, en raison d’un classement national qui lui ferme de nombreuses opportunités de partenariats. À l’inverse, en France, le marché est en plein essor. Chez les messieurs, nos meilleurs joueurs français (qui font partie du top 150/200 mondial) bénéficient d’opportunités que des Espagnols du top 60 n’ont pas. Et cela se constate sur le terrain.
Les critères sportifs souvent relégués au second plan
Ce qui paraît logique d’un point de vue économique devient injuste d’un point de vue sportif. Par exemple, un(e) top 3 scandinave aura plus d’opportunités commerciales qu’un(e) top 30 argentin(e).
Cette disparité devient encore plus marquée et problématique dans le padel féminin, où les prize-money ne sont pas équitablement répartis, surtout depuis la fin de la parité sur le circuit Premier Padel. Les joueuses doivent redoubler d’efforts pour attirer des sponsors.
C’est précisément le rôle que j’ai choisi de tenir auprès de Laura, un projet accepté par amitié en début d’année, poussé par ma passion pour ce sport (née du tennis), mon savoir-faire et mes compétences acquises dans ma carrière de pianiste et artiste professionnel.
Les réseaux sociaux et les médias : plus importants que le ranking mondial ?
L’activité sur les réseaux sociaux joue un rôle crucial lors des discussions avec de potentiels sponsors ou partenaires financiers.
Être présent sur des plateformes comme Padel Magazine, référence francophone, est évidemment un levier stratégique pour valoriser sa carrière.
Pouvoir communiquer avec dynamisme et authenticité sur son quotidien de joueur(se) professionnel(le) devient essentiel pour chaque marque, leur permettant de justifier leur investissement et leur confiance.
Ainsi, le marché français est actuellement favorable et prêt à soutenir les joueuses et joueurs qui atteignent les premières places du classement national (on pourrait établir trois niveaux : top 50, top 20, top 10).
Au Portugal, des prize-money plus attractifs qu’en France
Au Portugal, par exemple, les prize-money des tournois sont plus élevés qu’en France, et leur organisation est bien différente, avec des tableaux et des ordres de jeu communiqués jusqu’à une semaine à l’avance.
Sur le circuit FIP, l’explosion du nombre de tournois cette saison (liée au CUPRA FIP Tour et ses catégories Promotion, Rise, Star, Gold, Platinum, etc.) a suscité beaucoup de discussions. Si ce modèle présente des avantages et des inconvénients, il semble globalement réussi, offrant à un grand nombre de joueurs et joueuses l’opportunité de participer à des compétitions internationales à moindre coût.
Aujourd’hui, il y a plus de joueurs, plus de concurrence, mais aussi bien plus de tournois internationaux. Tous les continents sont concernés.
Le circuit international : s’inspirer de l’organisation française ?
En y regardant de plus près, on constate également des conditions de jeu parfois approximatives (comme l’a évoqué récemment Carla Touly après la blessure de sa partenaire aux Canaries) et une concentration excessive des événements en Espagne. Si cette centralisation est en partie nécessaire, on espère une meilleure répartition géographique pour permettre au padel de se développer plus équitablement à l’échelle mondiale.
Cela permettrait également d’atténuer cette logique bien connue du tennis en circuit Challenger : le fameux rapport entre la distance, le niveau du tableau et les points en jeu (sans même mentionner les budgets impliqués).
En résumé, le padel connaît une belle croissance et se donne aujourd’hui les moyens de ses ambitions. En France, il est déjà possible pour une joueuse ou un joueur de vivre pleinement ce rêve et de s’y consacrer à 100 %, à condition de faire preuve de dévouement et de bénéficier d’un accompagnement adéquat.
L’aventure entamée par Laura Buteau est courageuse, d’autant qu’elle n’était pas prédestinée à s’imposer à l’international. Aujourd’hui, avec trois demi-finales remarquables en 2024 (1 en P2000, 1 en P1500, 1 en première division portugaise), un quart de finale aux championnats de France et plusieurs belles performances sur le FIP Tour, l’objectif est clair : atteindre une première finale FIP cette année et décrocher un beau trophée !
Pianiste professionnel, le Bataclan, mais aussi représentant de joueurs dont de Laura Buteau et maintenant chroniqueur… On ne l’arrêtera pas !