Une histoire de la vie quotidienne révèle un problème actuel dans la distribution de l’équipement de padel. L’histoire de ma rencontre avec Vicente Pérez Tarazona, directeur et gérant du Tennis Point de Valence.

Le récit d’une rencontre

Jeudi 2 Décembre 2021 – Valence – Espagne.

Comme tous les jours cette semaine, le ciel est bleu et le soleil réchauffe les 19°C de température ambiante. Les conditions sont parfaites pour jouer au padel. D’ailleurs, je vais jouer demain matin avec un Argentin, un Chilien et un Suédois. Je passe devant un magasin de matériel de padel et tennis et pense : “La dernière fois, les balles étaient un peu lentes”. Je rentre dans la boutique pour acheter des balles neuves.

Dès mon entrée, quelque chose me frappe : la boutique semble en transformation. De nombreux présentoirs sont vides, les raquettes de padel qui peuvent se compter sur les doigts de la main sont dispersées pour donner l’impression qu’il y en a plus que le compte. Je prends une boite de Head Padel Pro, parmi les nombreuses possibilités.

Plus qu’une simple conversation

“Tu as de la chance, la semaine dernière il n’y en avait pas. Ni Head, ni autres.”, me lance le vendeur depuis le comptoir. Mon instinct d’investigation est titillé : je cherche à en savoir plus.

– Pourquoi n’y avait-il plus de balles ?

– Tu sais, tout ça c’est la même histoire que les vaccins du Covid. Il en faut pour tout le monde et malheureusement il n’y en a pas assez donc certains pays se retrouvent en pénurie. Là c’est pareil, la demande de balles a explosé et c’est donc compliqué d’avoir du stock !

– Et cela se passe uniquement avec les balles ?

– C’est avec les balles, les palas, tout le matériel en général ! Regarde le nombre de raquettes que j’ai ! Je n’en reçois pas ! Et je suis l’un des principaux vendeurs de Valence. Je n’ai même pas pu faire de Black Friday. Je n’ai aucun stock ! Si je fais une promo je me retrouve sans rien !

Main alejandra Salazar balle WPT 2021

“Faire en sorte que tout le monde puisse jouer”

– D’où vient ce problème avec les fournisseurs ? Ce n’est pas juste parce qu’il y a un boom en Suède ou en Italie ?

– Ce sont plusieurs facteurs qui se combinent. De nombreux pays ont connue une hausse de la demande. L’offre n’est pas suffisante car il y a des problèmes de matière première, il y a eu des retards de production avec le Covid. En plus, il y a eu des problèmes de transport des conteneurs depuis l’Asie.

– Et comment fais-tu pour gérer tes stocks si les arrivages sont si inconstants ?

– J’ai mis en place un principe de proportionnalité. Le même principe que les fournisseurs font avec moi, mais avec les clients finaux. Si le club d’en face vient me demander 20 boîtes, je vais lui en vendre 10. Pareil pour toi, tu n’en n’achètes qu’une donc je vais pas la couper en deux. Mais si tu en avais voulu 4, je t’en aurai donné 2. Ainsi, je peux toucher le maximum de clients, et surtout faire en sorte que tout le monde puisse continuer à jouer au padel.

L’Espagne bousculée

Le padel connaît une expansion sans précédent, et tout cela bouscule complètement son économie. L’arrivée de tous ces nouveaux marchés ne pouvait pas être prévue par des fournisseurs qui cherchent à s’adapter au plus vite. De nouveaux acteurs apparaissent également pour tenter de prendre une petite part d’un gâteau qui ne cesse de gagner en farine, sucre, et levure…

Pour le moment, les distributeurs de matériel de padel doivent donc faire le dos rond, et les joueurs espagnols jouer un peu plus longtemps avec des balles usagées…

À ses noms, nous devinons ses origines espagnoles et italiennes. Lorenzo est un polyglotte passionné de sport : le journalisme par vocation et l’événementiel par adoration sont ses deux jambes. Il est le monsieur international de Padel Magazine. Vous le verrez souvent sur les différentes compétitions internationales, mais aussi sur les grands évènements français. @eyeofpadel sur Instagram pour voir ses meilleures photos de padel !