Depuis l’époque de Suzanne Lenglen les vêtements des joueuses ont été nettement rétrécies, particulièrement au niveau des jambes. Les longues robes sont devenues des jupes s’arrêtant au-dessus des genoux puis des petites jupettes qui ne « doivent pas s’étendre plus de 10 centimètres sous la fesse ». La modification des tenues des joueuses leur a permis de faciliter leurs déplacements latéraux (pas-chassés) et leurs courses vers l’avant (récupération des amorties). Les joueuses, pour la plupart, n’ont pas encore opté pour le short et une raison explique cela. En effet la jupette est un « vêtement magique ». Dans les années 1980 et 1990 le célèbre commentateur français Jean-Paul Loth contemplait Steffi Graf massacrer ses adversaires dans sa petite « jupette portefeuille Adidas ». Il qualifiait des jambes de « plus belles du circuit ». Mais en 2009 La légende du tennis Australien Margaret Court a déclaré :

« Certaines joueuses viennent habillées comme si elles allaient à la plage. Les femmes n’ont pas besoin de s’exposer autant ». Cependant c’est un atout « marketing » pour le tennis féminin. En effet quel homme peut s’empêcher d’admirer le corps d’une sportive en pleine épreuve ? D’ailleurs la finale féminine de Roland Garros regroupe 2 millions de téléspectateurs, et rien qu’en France. Les joueuses le savent et ne peuvent l’ignorer lors du choix de leur tenue. Il en est de même pour leur sponsor qui ne va pas se priver de profiter de cela pour se faire de la publicité. D’ailleurs, si l’intérêt du public pour le tennis féminin augmente ce n’est pas uniquement dû au développement du jeu et à la performance technique. L’érotisation des physiques féminins semble également être l’un des facteurs suscitant  l’intérêt croissant du public.

« Kournikova a la frappe efficace mais aussi des longues jambes et des cheveux de poupée russe au-dessus de la brassière – Adidas, la marque, on s’en souvient, à force de l’avoir vue smashée en gros plan sur France 2 ». Tous les téléspectateurs ont aimé la regarder jouer en entendant ses cris et en contemplant son déhanché et ses balles liftées. « Bien jouer, c’est bien, mais joliment bien, c’est encore mieux ». Aujourd’hui, Maria Sharapova et Ana Ivanovic font partie de ces joueuses-là. Ces joueuses permettent de promouvoir le tennis féminin, tout comme la multiplication des images et des produits dérivés. Tant d’éléments qui rendent le tennis féminin lucratif et plus attractif. Cette manière de capitaliser le sport peut réjouir ou être déplorée. Toujours est-il qu’elle permet de progresser dans la parité des revenus.

Cependant certaines disciplines ne peuvent pas en profiter et sont laissées « sur le carreau ». Ce sont des pratiques jugées moins sexy telles que la boxe ou encore le basket. Elles sont moins bien diffusées que ce soit en termes de volumes horaires ou de créneaux horaires. A l’inverse le beach-volley a connu la même évolution que le tennis au niveau de l’érotisation des physiques féminins puisqu’elles jouent en maillot de bain. Dans leur lutte pour la parité, peu de moyens apparaissent pour les femmes.

Néanmoins, même si la capitalisation sportive sur l’érotisation de physiques féminins peut être déplorée elle leur permet d’obtenir des résultats, tant au niveau de la médiatisation de leur discipline qu’au niveau de leurs revenus.

Nicolas ZEBBAR

Diplômé d’un Master management du sport et passionné de tennis, j’ai réalisé une étude sur le développement du tennis féminin. Pratiquant de ce sport depuis vingt ans et aujourd’hui dirigeant de mon club (TC Morlaàs dans les Pyrénées-Atlantiques), je suis toujours à l’affût de nouvelles idées visant à améliorer l’environnement de pratique des adhérents. Je suis donc ravi de pouvoir partager ce travail.