Le joueur argentin, Juan Tello, s’est récemment confié au micro d’El4Set, revenant sur une période difficile de sa carrière et sur son choix délicat de quitter Tino Libaak pour poursuivre la saison aux côtés de Martin Di Nenno.

Un passage à vide

Juan Tello a traversé une période compliquée depuis sa séparation avec Federico Chingotto fin 2022. “El Gato” a eu du mal à retrouver de la régularité et son meilleur niveau au cours des deux dernières saisons.

“Je ne me sentais pas bien sur le court, ni au quotidien à l’entraînement. Surtout sur le terrain. Quand tu sens que les choses ne marchent pas, que ça ne colle pas avec ton partenaire… c’est difficile, je me sentais très bas.”

Il admet que plus rien ne fonctionnait, que ce soit dans les résultats ou dans sa routine quotidienne d’athlète.

“Pour moi, le quotidien est essentiel. Les tournois, tu donnes tout, mais c’est à la maison, chaque jour à l’entraînement, que tu apprends, que tu retrouves confiance.”

Le déclic Libaak

Aujourd’hui, cette mauvaise passe semble derrière lui. Juan Tello affirme avoir retrouvé son jeu et sa confiance en début de saison.

“Comparé à ce que j’ai traversé, oui, je suis dans une bonne phase. Je suis heureux.”

Le déclic est venu de son association avec Tino Libaak, jeune prodige argentin, qui lui a redonné goût à la compétition et permis d’aborder cette saison avec de grandes ambitions.

“Avoir Tino comme partenaire. Ce gamin de 19 ans, il a tout. Il faisait déjà de super résultats. Il m’avait même battu deux ou trois fois. Il m’avait ‘vacciné’, comme on dit ! Mais j’avais un nouvel espoir avec lui. Je pensais qu’on pouvait vraiment faire quelque chose cette année.”

Leur complémentarité, sur et en dehors du terrain, leur a permis de réaliser des belles performances en seulement trois tournois, avec notamment une demi-finale au Santiago P1 et des victoires contre des paires du Top 10 mondial. Une dynamique très prometteuse, qui laissait espérer une entrée dans le Top 8.

Santiago P1 - Tello et Libaak s’offrent une première demi-finale ensemble

“Sur le plan sportif, il a tous les coups, de la vitesse, et l’instinct qu’il faut pour être dangereux, surtout sur des pistes lentes comme on en voit souvent aujourd’hui. Il a tout pour devenir numéro un. Mais surtout, humainement… incroyable. Je ne le connaissais pas, je n’avais jamais parlé avec lui. À 19 ans, il a une maturité et une humilité impressionnantes. Il prend son travail au sérieux, il n’a rien à redire, il ne se plaint jamais. Moi à 19 ans, j’étais loin de ça. J’étais touché de lui dire au revoir.”

Un choix de carrière difficile

La proposition de Di Nenno

Début avril, l’annonce tombe : Juan Tello rejoint Martin Di Nenno, 8e mondial. Une décision qui intervient alors que Di Nenno, associé à Javi Garrido, peine à obtenir les résultats espérés pour une paire classée 5e mondiale.

“Martín (Di Nenno) m’a envoyé un message… et je lui ai répondu : “Pourquoi tu m’envoies ça maintenant, fils de ta mère ?!” (rire)”

Ce choix a été particulièrement compliqué à assumer pour Tello, qui venait tout juste de construire une belle relation sur et en dehors du terrain avec Libaak.

“J’étais bien. Avec Tino, on venait de jouer trois tournois, on progressait à chaque fois. On avait fait des quarts, une demi au Chili… on était compétitifs contre des top-paires. Puis arrive ce message… Et là, j’ai pensé à tout ça. Pas pour des raisons sportives, mais humaines. Parce que je m’entendais vraiment bien avec Tino. On avait commencé ensemble la prépa fin janvier.”

L’opportunité d’intégrer le Top 8

Rejoindre Di Nenno, c’était aussi intégrer directement le Top 8 mondial, un critère déterminant dans le contexte actuel très compétitif du circuit.

“Jouer avec Martín me permettait de rentrer dans le top 8, d’être tête de série en Belgique. Aujourd’hui, sortir du top 8, c’est risqué, tu peux tomber en 8e contre une paire top 4. Et c’est dur de gagner des matchs maintenant.”

“Mais la réalité, c’est que la tentation est forte quand on te propose un projet immédiat dans le top 5.”

Une collaboration écourtée

Finalement, Tello et Libaak n’auront disputé que quatre tournois ensemble. Une collaboration brève mais marquante, avec notamment un quart de finale au Riyadh P1 et une demi-finale à Santiago, ainsi que trois victoires contre des paires du Top 10.

“Et ça m’a fait mal de casser ce projet, parce que je croyais vraiment en nous. Je pense que personne ne voulait nous affronter en 8e, même après seulement trois tournois. Heureusement, Tino a compris. Il a été très mature. Il ne s’y attendait pas, évidemment. On rentrait juste du Chili. Et mardi, je lui annonce ça.”

Une décision aussi lourde qu’émotionnelle :

“J’ai beaucoup hésité, c’était triste. Beaucoup diront : “C’est juste un jour de décision”, mais non, c’était vraiment dur.”

Mais Tello n’exclut pas une future réunification du duo :

“Mais comme je lui ai dit : “On sait tous comment ça marche ici. En deux ou trois tournois, tout peut changer. Peut-être qu’on rejouera ensemble.” Je lui ai laissé la porte ouverte. On s’est super bien entendus, même en peu de temps. Et je le remercie sincèrement pour ça.”

Un nouveau départ avec Di Nenno

Un changement de style aussi, puisque Di Nenno apporte une approche plus expérimentée.

“Tino, c’est l’énergie, la folie. Il ne réfléchit pas trop. Il est jeune, c’est normal d’avoir des hauts et des bas. Il fallait parfois que je tempère les choses. Martín, lui, a 28 ans, il a plus d’expérience. Avec lui, je pense qu’on peut jouer avec plus de calme, plus de maturité. Et ça, c’est précieux dans des matchs intenses.”

Un autre facteur important dans la décision de Tello de rejoindre Di Nenno est le fait que les deux joueurs, en plus d’avoir déjà partagé le terrain lors de l’Hexagon Cup en pré-saison, résident dans la même ville.

“J’ai toujours voulu jouer avec lui. On a joué ensemble en Hexagon Cup. Et il vit à Madrid, comme moi. Donc on peut s’entraîner tous les jours ensemble, ce qui n’était pas le cas avec Tino (Barcelone). C’est un vrai plus.”

Un nouveau chapitre s’ouvre donc pour Juan Tello, actuellement 18e mondial, qui débutera sa nouvelle aventure avec Martin Di Nenno à l’occasion du Brussels P2, fin avril. Une union qui formera la 6e paire mondiale sur le circuit Premier Padel.

Nicolas Fillaudeau

Grand passionné de sport et ancien tennisman, j’ai découvert le padel il y a quelques années sans m’y attarder vraiment. Puis je suis devenu accro à ce sport en le pratiquant et en regardant les matchs de premier padel. Hâte de vous partager les actus 2025 !