Dorian de Meyer révèle les circonstances de sa séparation avec Thomas Vanbauce, soulignant les réussites marquantes de leur collaboration de sept ans. Il détaille ses perspectives, ses objectifs, tels que l’intégration de l’équipe de France et la montée dans le Top 200 FIP, et comment il se prépare pour les défis à venir.

Séparation avec Thomas

“C’est triste de devoir dire cela, mais c’est bien réel : « de Meyer/Vanbauce », c’est terminé. On aura écrit quelque chose de complètement inédit dans le padel français : commencer le sport ensemble et rentrer dans le Top 10 ensemble. Je ne peux pas m’empêcher de regarder un peu en arrière et plus les souvenirs remontent et plus les émotions arrivent.

Je me souviens de notre première partie en 2017, on jouait à un niveau si faible, pas une seule personne n’aurait misé ne serait-ce qu’un centime sur nos chances de faire partie des meilleurs joueurs français. On a mis 2 ans avant de gagner notre premier P100. Si nous faisons les comptes 7 ans plus tard : on a été top 10, on a gagné plusieurs P1000, plusieurs demi-finales de P2000, on a gagné un FIP Promotion et on est entrés dans le Top 300 mondial ensemble.”

Pourquoi la séparation ?

“Cela fait plusieurs mois que les résultats sont négatifs avec très peu de positif. Le niveau de jeu de l’équipe n’est plus à la hauteur de ce que l’on souhaite, l’entente n’est plus bonne et les frustrations s’enchaînent. Le fait qu’on soit à l’origine très amis empêche toute forme de filtres sur le terrain que tu t’imposes avec ton partenaire en temps normal. Ainsi, nous arrivions tristement à de gros clashs sur nos dernières défaites, et ce n’est pas acceptable.

De plus, je sens que nos objectifs, bien qu’ils soient plutôt similaires de base, n’étaient plus sur les mêmes approches. De mon côté, je crois que c’était vraiment de partager cette aventure avec Thomas qui me faisait vibrer, bien plus que les résultats au sens propre. Thomas est un ami à l’origine, que j’ai rencontré en fac de Maths en 2016. Initialement, le Padel a été un moyen de kiffer une activité en commun. Ainsi, je résonnais réellement par « les moments » que je vivais avec lui, tout ce qu’on était capable de mettre en place pour réussir, pour dépasser les difficultés, bien plus que le résultat final qui, pour moi, n’était finalement pas le plus important. En fait, je mettais notre amitié au premier plan.

Dorian de Meyer et Thomas Vanbauce

Cela ne veut pas dire que je vais arrêter pour autant, loin de là, mais cela signifie que je me lance dans un projet que je ne connais pas, celui de jouer pour soi, pour ses objectifs personnels. Je ne ferme pas la porte à faire autre chose dans le monde du padel si je me rends compte que ce n’est finalement pas ce que j’aime ou ce que je souhaite. Au pire, j’ai un master en mathématiques appliquées ; je suis relativement à l’abri si je veux changer de projet.

Tandis que du côté de Thomas, je sens qu’il a changé de cap depuis quelques mois et qu’il éprouve une immense volonté de réussir seul et pour lui. C’est tout à fait respectable, et je l’entends complètement. Ce n’est qu’une histoire de vision, et j’explique notre séparation en partie pour ces raisons-là. Je lui souhaite de réussir vu l’investissement qu’il y met, et je sais qu’il a tout dans la raquette (et aussi dans la tête) pour parvenir à ses objectifs. Je serais vraiment content pour lui s’il y parvient et, pour être honnête, je n’en doute pas une seule seconde. Pour parler plus concrètement sur le terrain, je pense que Thomas peut être beaucoup plus difficile à jouer s’il joue avec un partenaire tout aussi dangereux que lui en smashs. L’avenir nous le dira.”

Un partenaire à l’international ?

“Je ne sais pas encore. Probablement que je ne vais pas jouer avec un partenaire fixe. Si je devais y trouver une analogie, c’est un peu comme quand tu as été en couple pendant 8 ans et que tu te retrouves célibataire du jour au lendemain, tu n’as pas forcément envie de te réengager tout de suite dans une relation, mais plus envie de découvrir autre chose…

Ainsi, je verrai tournoi après tournoi. Je joue le prochain FIP avec Maxime Forcin ; on s’entend très bien que ce soit sur la piste ou en dehors, donc je suis déjà très content de cela. Il est papa, il ne peut malheureusement pas jouer le circuit international à fond, donc ça restera temporaire. Je raisonne sur le « moment présent » désormais.”

Un partenaire en France ?

“Je répondrai de la même façon que pour l’international : je n’ai pas de partenaire fixe (je n’ai même pas cherché). C’est un énorme changement pour moi, et je ne sais pas encore comment je vais gérer la suite. J’ai la chance d’être entouré par une « famille choisie » incroyable qui va m’aider à rebondir : ma copine Lisa, qui vit mon projet à 100 % avec moi ; mon meilleur ami Antoine, en qui j’ai une confiance infinie ; ma tante Clarence, qui me fait grandir ; et enfin ma grand-mère, qui m’a permis de devenir ce que je suis. C’est eux qui me donnent de la force dans tous les aspects de ma vie, à plein temps. Je vais notamment prendre le temps d’en discuter avec eux ; ils me connaissent bien et sauront m’aider.”

Dorian de Meyer et Thomas Vanbauce

Les championnats de France ?

“Les championnats de France, je les jouerai avec Thomas, car notre séparation s’est faite de manière (trop) précipitée, et nous n’avons pas eu le temps de nous retourner chacun de notre côté pour trouver un partenaire.”

Les raisons de la séparation

“Lorsque nous avons atteint notre objectif de rentrer dans le Top 10 français en août 2022, nous avons décidé de changer les plans et de jouer le circuit FIP, impliquant de délaisser les tournois français. Erreur de raisonnement ou non, nous ne sommes pas revenus sur cette décision jusqu’à présent. Pour être transparent, je vais tenter de jouer quelques P1000, P1500 et P2000 cette année, si le calendrier FIP le permet et si je trouve un partenaire avec lequel je me sens compétitif.”

Le plus compliqué dans le padel : les relations avec son partenaire ?

“Très intéressant comme sujet, je pourrais en parler longtemps tant les débats sont variés. Je dirais que oui, le padel est un sport humainement compliqué, d’autant plus quand il y a de l’amitié en jeu. Peu importe la personne avec qui tu joues, c’est une personne qui est différente de toi, avec ses qualités, ses défauts, ses propres valeurs, ses propres visions. Finalement, être partenaire, c’est 80 % du temps passé en dehors, à manger, discuter, dormir, etc., et seulement 20 % sur le terrain à jouer. Donc, la part d’entente dans la vie quotidienne est énorme compte tenu du temps passé ensemble et c’est ce qui peut rendre la chose encore plus compliquée parfois à l’autre bout du monde.

Je pense notamment que tous les voyants montrent le padel comme étant un sport extrêmement individuel (malheureusement). Sans entamer des débats sociétaux bancals, je dirais que le turn-over des paires au padel n’est que le reflet de la société de consommation dans laquelle on vit : « ça marche moins bien, donc je jette », plutôt que de réparer. Les paires ne se laissent que peu de marge : soit ça marche vite, soit on change. De mon point de vue, c’est dommage et triste. Et c’est pour cela que je serai toujours fier de ce qu’on a accompli ensemble avec Thomas et que je ne l’oublierai jamais.”

Programme et objectifs 2024

“J’ai clairement l’objectif de faire au moins une sélection en équipe de France (2025 ou après) et de rentrer dans le Top 200 FIP (254 actuellement).

Maintenant, le chemin est très (très) long. J’ai tout à fait conscience que je n’ai pas des qualités qui soient les plus attendues : je suis relativement petit, droitier à droite, et je n’envoie pas des Par 3 de derrière la ligne. Je suis en compétition avec des Français qui jouent bien, notamment des gauchers ayant des qualités de droitiers à gauche, ce qui n’est pas simple pour faire sa place. Mon profil est très défensif, et c’est dans ce domaine que je tente de me démarquer.

Dorian de Meyer et Thomas Vanbauce

Même si je me sens meilleur de jour en jour, je sens que j’ai encore une grosse marge de progression sur la confiance en moi. C’est finalement ma plus grande faiblesse. Le niveau que je suis capable de proposer lorsque je me sens en confiance peut être à des années-lumière du niveau que je peux proposer si je ne le suis pas, notamment si je décide de me considérer en-dessous de mes adversaires. Je suis très bizarre à ce sujet. Toutefois, j’ai au moins confiance en ma qualité de résilience et je continuerai d’essayer tant que cela reste possible pour moi. Si j’y arrive, je serai très fier de moi et du chemin que j’ai parcouru. Si je n’y arrive pas, ce sera extrêmement dur, mais finalement, ce sera exactement la même chose.

Tous ces voyages, toutes les personnes que j’ai rencontrées avec de belles valeurs et qui m’ont aidé… quelle vie on mène ! Je suis issu d’une famille aux revenus modestes, avec un passé psychologique lourd. J’ai donc une chance inouïe de faire ce que je fais, étant donné mon point de départ et les difficultés que j’ai rencontrées durant mon enfance et adolescence. C’est déjà même incroyable d’en être arrivé là. Quoi qu’il en soit, je ne me mets pas trop la pression. Si j’y arrive demain, dans 1, 2, 5 ans ou pas, c’est tout ce que je vivrai d’ici là qui m’importe.

Enfin, je tiens fermement à adresser un message particulier à JT, il a été un véritable pilier pour nous. Il a démarré son académie avec nous, nous a porté comme il l’a pu avec ses ressources à lui et j’en suis extrêmement reconnaissant. Ce qu’on a vécu à 3, c’est vraiment très fort et ça ne peut pas s’oublier. Comme je l’ai mentionné plus haut, c’est véritablement pour cela que j’ai démarré ce projet.”

Dorian Massy

Nouvel adepte du padel, je suis fasciné par ce sport dynamique qui allie stratégie et agilité. Je trouve dans le padel une nouvelle passion à explorer et à partager avec vous sur Padel Magazine.