Présent à Doha lors du Premier Padel, le président de la FIP, Luigi Carraro, nous a livré son point de vue sur les championnats du monde senior, la situation avec le WPT et sur cette première édition du Premier Padel.

“La France sera un des principaux protagonistes du padel dans les prochaines années”

Padel Magazine : Tu reviens d’un très long voyage, et des championnats du monde seniors de Las Vegas. Comment ça se passe là-bas ?

Luigi Carraro : « C’est vraiment une expérience fantastique. Il s’agit de la première fois qu’on réalise un évènement d’une telle importance aux USA. Notre objectif en 2022 tournait autour de deux pays principalement : les USA et, en Europe, la France. Ce sont les deux pays qui devront nous apporter le plus de satisfaction.

Ce que j’ai vu aux championnats du monde senior était magnifique : plus de 450 athlètes provenant de 19 pays, une ambiance extraordinaire et voir que les USA commencent à s’intéresser au padel était une très belle surprise. Cela nous donne encore plus de motivation pour investir davantage dans ce sport et le faire devenir un sport plus global.

Par rapport à la France, hier ils ont réussi à prendre un point à l’Espagne. La France a une très belle équipe, et ce qu’elle est en train de démontrer sur le terrain est fabuleux. Je pense que la France est un pays leader dans tous les sports en général. La nouvelle équipe de la Fédération Française a beaucoup misé sur le padel, et je suis sûr que la France sera un des principaux protagonistes des prochaines années du padel. »

Le Premier Padel : “le circuit du padel, des athlètes et de tout le monde “

Padel Magazine : On est ici à Doha, au Premier Padel qui est enfin une réalité. Est-ce que le padel rentre dans une nouvelle ère ?

Luigi Cararro : « Oui, nous avions ce rêve depuis quelques années. Et depuis quelques mois, ce rêve est devenu réalité. Notre rêve était de construire un circuit qui avait un seul propriétaire : la communauté du padel International. C’est le circuit de la Fédération internationale de padel, il n’y a pas un propriétaire. C’est le circuit du padel, des athlètes et de tout le monde.

La plus grosse satisfaction est celle de voir le visage des joueurs qui sont heureux, émus et ça c’est une motivation pour continuer dans cette direction et faire encore mieux. »

Padel Magazine : La Fédération internationale était avec le World Padel Tour, qu’est-ce qu’il s’est passé pour que la FIP souhaite rompre ses contacts avec le WPT ?

Luigi Carraro : « Nous n’avons pas rompu de contact avec quiconque. Nous avons une idée du sport, et on pense que le sport doit être géré par la Fédération internationale et par les fédérations nationales. Notre projet est un projet ouvert, il a deux caractéristiques : l’ouverture et la liberté. La liberté pour les joueurs, qui est fondamentale pour nous car ce sont les principaux acteurs. Et l’ouverture au niveau organisationnel : pour tous les organisateurs qui veulent organiser des compétitions de Premier Padel, les portes sont ouvertes.

Nous avons le devoir de créer les règles et les conditions, mais nos portes sont ouvertes à tout le monde. Et je suis persuadé que petit à petit, nous réussiront à faire rentrer tous les organisateurs qui veulent le bien du padel. »

Padel Magazine : On sait qu’il y a d’autres circuits qui travaillent très bien : le WPT mais aussi l’APT Padel tour. Est-ce que tu vois la possibilité que l’APT et la FIP puisse se rejoindre ? Ou que certains organisateurs de l’APT puissent organiser des étapes avec la FIP ?

Luigi Carraro : « Comme je te disais avant, ce circuit est un circuit ouvert. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont investi dans ce sport, parce qu’ils l’aiment. Il peut y avoir eu des querelles dans le passé, mais ce projet est là pour le bien de notre sport.

Notre idée principale est d’unir les athlètes et de veiller sur leur bien-être et leur liberté »

Padel Magazine : Pour les organisateurs qui souhaiteraient organiser un Premier Padel, quel sera le cahier des charges pour que ça puisse fonctionner ?

Luigi Carraro : « Les portes sont ouvertes, il y a 3 grosses institutions au sein de ce projet : la FIP, l’association des joueurs et il y a un partenaire commercial qui est le meilleur qu’on ait pu rencontrer sur notre chemin : Qatar Sports Investment. Ils ont une chose qui m’a réellement touché, c’est l’esprit institutionnel et l’esprit sportif qu’ils ont. Avec les joueurs on a choisi ce partenaire car ils ont une force économique et financière intéressante, mais également parce qu’ils partagent les mêmes valeurs que nous vis-à-vis des athlètes et de la liberté. »

“Les joueurs ont une vie difficile et nous avons une responsabilité vis-à-vis de ces athlètes”

Padel Magazine : Les joueurs sont ravis, mais le seul bémol c’est qu’il n’y a pas encore de calendrier. Quand est-ce que Premier Padel sera en mesure de dévoiler un calendrier ? Ou cela se fera-t-il date par date ?

Luigi Carraro : « Nous avons déjà tout organisé en très peu de temps, on a forcément dû limiter la quantité (de tournois) en privilégiant davantage la qualité. On aura 10 événements de très grande qualité normalement. Il y aura beaucoup de surprises, et tout ce qu’on peut dire aux gens c’est de patienter et d’attendre les annonces des épreuves qui seront importantes et ambitieuses avec toujours l’idée de devenir l’un des sports principaux dans le monde »

Padel Magazine : On a Benjamin Tison qui a réussi à prendre un set à Lebron et Galan, Windahl qui s’est bien battu face aux numéros 1 également. Qu’est-ce que ça te fait de voir que désormais des Français et des Suédois sont quasiment au même niveau que des Espagnols ou des Argentins ? Car dans le passé on a pu entendre des critiques concernant le fait que le sport soit centré uniquement autour de ces nations-là.

Luigi Carraro : « C’est ce qu’on voulait et ce qu’on veut. Je pense que le Cupra FIP tour y est pour beaucoup parce que ces joueurs ont eu la possibilité de jouer dans le monde entier, d’engranger des points et d’avoir plus de visibilité. Ça c’est notre objectif. L’Espagne continue d’être le centre de ce sport, car aujourd’hui si un joueur veut devenir un grand joueur, il est obligé de passer par l’Espagne. Dans les autres sports ce n’est pas comme ça. Notre idée est de créer un sport global, qui donne la possibilité, peu importe l’endroit où on se trouve dans le monde, de pouvoir s’entraîner et atteindre le meilleur niveau possible.

Les joueurs ont une vie difficile, ils doivent beaucoup voyager et ont une vie professionnelle courte, limitée.

Certains de vos collègues m’ont demandé pourquoi commencer tout de suite ? Eh bien parce qu’il faut le faire. Parce que les joueurs le méritent. Parce qu’attendre deux ou trois ans ça voudrait dire pour eux, perdre 30% de leur carrière post sportive. Nous avons une responsabilité vis-a-vis de ces athlètes : ils méritent d’avoir un service, une organisation, un retour et une visibilité comme celles qu’ils sont en train d’avoir ici. »

“Tout ce qui est valide et légal dans les contrats, les joueurs vont le respecter”

Padel Magazine : Dernière question, comment valorises-tu le risque que sont en train de prendre ces joueurs par rapport au World Padel Tour ? On parle d’amendes de 25 millions d’euros, quel est ton point de vue vis-à-vis de la situation ?

Luigi Carraro : « Moi je ne veux pas commenter ce que font les autres. Ce que je peux vous dire sûrement, c’est que les joueurs sont des personnes sérieuses et qu’ils respectent les contrats dans les parties légales. Les choses correctes dans les contrats, les joueurs vont les respecter. Toutefois s’il y a des choses qui sont contraires à la loi, les joueurs doivent penser à leur vie et à leur famille. Sincèrement le padel mérite d’être un sport libre pour les athlètes et ouvert pour les organisateurs et les fans.

Je ne veux pas commenter les contrats que je ne connais pas, les personnes dédiées à ça ont analysé ce contrat. Les joueurs ont une association qui est très bien structurée du point de vue sportif et juridique. La seule chose que je peux vous dire, c’est que tout ce qui est valide dans les contrats les joueurs vont le respecter. »

L’interview à retrouver ici :

Nasser Housseini

Passionné de football, j’ai découvert le padel en 2019. Depuis, c’est l’amour fou avec ce sport au point de délaisser mon sport de prédilection.