Alors que le padel connaît une croissance spectaculaire en France, avec plus de 1600 terrains construits à l’horizon 2025, un phénomène parallèle prend de l’ampleur : celui des plaintes liées aux nuisances sonores. D’un sport émergent et convivial, le padel devient pour certains riverains une source de tension et de contentieux.
L’expert EchoPadel nous accompagne sur cette thématique.
Un développement fulgurant… au plus près des habitations
Dans un contexte d’explosion du marché du padel, de nombreux clubs voient le jour en zone périurbaine, voire dans des zones résidentielles. Si cette proximité facilite l’accès au sport, elle engendre aussi des conflits de voisinage. Le bruit généré par les échanges, les rebonds contre les vitres, les cris des joueurs ou encore la musique d’ambiance lors d’événements est parfois vécu comme une intrusion dans le quotidien.
À Toulouse, Aix-en-Provence, Nantes ou encore Paris, plusieurs cas ont été médiatisés ces derniers mois. Certains ont conduit à des fermetures administratives temporaires, voire à des recours judiciaires engagés par des riverains.
Un vide juridique encore flou
La réglementation sur les nuisances sonores sportives reste complexe en France. Le padel, souvent assimilé aux activités de loisir extérieur comme les terrains de foot ou les skateparks, échappe à des normes strictes. Pourtant, les juges commencent à se saisir du sujet.
En janvier 2024, un club de padel des Hauts-de-Seine a été contraint de fermer deux terrains extérieurs après une décision de justice favorable à un collectif de riverains. En cause : un niveau sonore mesuré au-delà des 50 dB autorisés en zone résidentielle la nuit, et un défaut d’isolation acoustique.
Des solutions techniques existent, mais elles ont un coût
Face à la montée des plaintes, certains porteurs de projets anticipent désormais cette problématique en intégrant dès la construction des dispositifs anti-bruit : panneaux acoustiques, bâches d’isolation, revêtements absorbants…
« Nous avons décidé d’installer des panneaux isolants sur tout le périmètre des pistes extérieures », explique Julien V., gérant d’un club dans la région lyonnaise. « Cela a représenté un surcoût de 25 000 €, mais c’est indispensable pour maintenir de bonnes relations avec le voisinage. »
Cependant, de nombreux clubs plus modestes, ou déjà en fonctionnement, peinent à financer ces équipements après-coup, ce qui alimente les tensions.
Vers une réglementation nationale plus stricte ?
Plusieurs élus locaux plaident pour une clarification réglementaire. Le Sénat a été saisi par une question écrite d’un parlementaire en avril 2025, demandant à ce que des seuils sonores spécifiques au padel soient fixés et que l’implantation de terrains soit conditionnée à une étude d’impact sonore.
Pour les porteurs de projets, cette incertitude juridique devient un enjeu majeur. D’un côté, ils participent au développement du sport et de l’économie locale. De l’autre, ils doivent composer avec un contexte de plus en plus sensible.
Un équilibre à trouver
Le padel reste un formidable levier de dynamisation des territoires, de lien social et de pratique sportive pour tous les âges. Mais comme tout phénomène en croissance rapide, il demande aujourd’hui un encadrement clair et des efforts partagés entre exploitants, collectivités et riverains.
Les prochaines années pourraient bien être décisives : soit les tensions s’enveniment, soit des compromis intelligents émergent autour d’un développement plus durable du padel en France.
