Huitième de finaliste au Bordeaux P2, la numéro 1 française Alix Collombon a pris le temps de revenir avec nous sur sa première partie de saison 2025. Elle évoque ses performances, son association avec Araceli Martínez, la difficulté de franchir un cap face aux meilleures joueuses du monde, mais aussi sa vision du calendrier, sa progression technique, son plaisir de jouer en France… et même le football. Une interview riche, sincère et sans langue de bois.
Début de saison 2025 : “plutôt bon et positif”
« Globalement, c’est plutôt bon et positif pour l’instant. On a gagné les bons matchs, ceux qu’on devait gagner, on les a remportés. On a réussi à embêter des paires assez fortes. Le contenu est bon, en progression. Ce qu’on fait aujourd’hui est plus intéressant que ce qu’on faisait en septembre quand on a commencé ensemble. Donc c’est intéressant. Le début de saison est positif, même si évidemment, on veut toujours mieux et plus. Mais on sent qu’on a passé des petits caps, et qu’on n’est pas loin de peut-être en passer un important. »
Franchir un cap contre le top mondial ? “Ça se joue sur des détails”
« Ce sont des matchs qui se jouent vraiment sur des détails. C’est ce qu’on a vécu hier face à Sofia Araujo et Andrea Ustero. Il faut être bien dans le match dès le début, bien commencer, et savoir garder le break quand on l’a. Il y a des moments où on ne joue pas très bien, ou alors les autres élèvent leur niveau, resserrent leur jeu. À ce niveau, on parle vraiment de détails. Et pour battre ces top paires, il faut faire des matchs très complets, voire quasi parfaits, pendant une heure et demie, deux heures, deux heures et demie. On ne peut pas juste être bonnes par moments. C’est ce qui nous manque encore. Mais on est plus proches d’y arriver qu’il y a quelques mois, et c’est ça l’important. »

Jouer en France : “ça fait vraiment plaisir”
« C’est toujours un plaisir de jouer en France. Je joue toute l’année à l’extérieur, donc pouvoir jouer à domicile, c’est forcément agréable. Le public français était très sympa hier, c’était cool. J’aurais aimé leur offrir une petite victoire, ça aurait été sympa. Mais bon… j’espère que ce sera pour l’année prochaine. En tout cas, j’adore venir à Bordeaux chaque année, ou à Roland-Garros en septembre. J’essaie de profiter de ces moments et de ces tournois-là. »
FIP en France : une gestion à faire au cas par cas
« Pourquoi pas faire des FIP Silver, oui. L’idée c’est d’en jouer un peu avec Araceli. Mais c’est vrai que le calendrier est très chargé. On arrive à un moment où il faut vraiment choisir ses tournois, ses moments de récupération aussi, qui sont essentiels pour éviter les blessures. Il faut gérer. En début d’année, on a beaucoup joué parce qu’on voulait être tête de série au Major du Qatar. On a beaucoup enchaîné. Là, on a un peu sécurisé notre position dans le top 16, donc c’est peut-être un peu moins prioritaire de faire des FIP en ce moment. Mais on ne peut pas les négliger non plus, parce que les autres les font. Et puis il faut composer avec les événements de sponsors, la PPL pour Araceli… donc on met en commun nos calendriers, et on essaie de décider ensemble. Mais oui, on veut en faire de temps en temps. »
Une relation solide avec Araceli Martínez : “on se complète bien”
« Ça se passe bien entre nous. On s’entend très bien sur le terrain, mais aussi en dehors, et je pense que c’est important. Cette stabilité, elle vient à la fois de mon travail et aussi de son jeu à elle. On se complète bien. J’ai toujours eu la stabilité comme point fort. Mon axe de progrès, c’est d’apporter plus de créativité, de faire plus de choses, plus d’agressivité. On travaille dessus. C’est mieux. Mais il faut trouver les bons moments pour le faire, ne pas se précipiter. Je suis dans un process de progression, et je suis contente de l’évolution. Et évidemment, avoir une partenaire comme Araceli, qui ne va pas t’engueuler si tu fais une faute, ça aide à avoir un peu plus de courage pour tenter. Donc c’est un peu des deux : mon travail, et sa présence. »
Des coups de génie… instinctifs
« Le coup que j’ai fait à Valladolid, c’est de l’instinct de survie. Je ne l’avais jamais fait, même à l’entraînement. C’est l’effet gauchère de Paola qui revient sur moi, donc j’ai un réflexe de taper derrière le dos. C’était complètement instinctif. Ce n’est pas un coup que je travaille. Mais c’est cool, parce que je ne les aurais jamais tentés avant. Aujourd’hui, j’ai plus de stabilité, donc plus de confiance, donc plus de lucidité. Et quand la balle arrive, tu as parfois ce moment d’improvisation. Avant, j’étais plus dans la panique. Maintenant, je suis plus posée, la tête un peu plus libre. »
L’avenir avec Araceli ? “C’est l’objectif de continuer”
« On n’en parle pas spécialement, parce qu’on sait qu’en padel, ça peut aller très vite. Mais oui, l’objectif c’est de continuer ensemble au moins jusqu’à la fin de l’année. Après, je ne veux plus trop m’avancer. Par le passé, j’ai dit que ça allait durer, et deux tournois après, c’était fini. Donc je ne dis plus rien ! Mais ça se passe bien. On joue bien. Beaucoup de top paires nous disent qu’on joue vraiment bien. On est sur une bonne phase, et on sent qu’on a une grosse marge de progression, ce qui est important. Donc j’espère qu’on va se donner du temps, et pourquoi pas continuer l’année prochaine. On n’en a pas encore parlé, mais à l’heure actuelle, c’est mon idée. Et je pense que c’est aussi la sienne. Après… le padel, ça va vite. »
Trois mots pour décrire Araceli Martínez ?
« En tant que personne, je dirais ultra sociable. Elle s’entend bien avec tout le monde, elle a toujours le sourire, elle est très agréable à vivre. En tant que joueuse, je dirais compétitrice : elle adore les matchs, les challenges. Et enfin, combattante. Elle n’aime pas perdre, comme moi. On se rejoint bien là-dessus. »
Un gros coup bientôt sur le circuit ?
« On l’espère. On travaille pour ça tous les jours. Hier, face à Araujo et Ustero, on avait la possibilité. On ne l’a pas saisie. 6/4 6/4, ce n’est pas si loin, mais c’est encore un peu loin. Il faut continuer à bosser, à garder cette régularité du début à la fin. Face aux top paires, si tu baisses à un moment, c’est fini. Elles te rentrent dedans, le match tourne. Mais si on continue sur cette ligne, je pense que des beaux résultats peuvent arriver. »
Pour autoriser à jouer avec les pieds aussi, puisque tu joues très bien au foot ?
« Ah ça, c’est une question de Francky. Jouer avec les pieds ? Non ! Avec les mains, c’est déjà très bien. On a une raquette, c’est suffisant. »
Le FIP Silver de Narbonne… sans Alix Collombon
« Je ne pourrai pas y être, même si j’aurais adoré. Ce n’était pas prévu à cette date-là au départ. Je suis engagée sur un événement à Montpellier les 11 et 12 juillet, aux Arènes du Crès. Et je ne veux pas revenir sur ma parole. J’y serai. Mais oui, si je n’avais pas eu ça, j’y serais allée à 100 %. C’est dommage que l’annonce du tournoi soit sortie aussi tard, mais j’imagine qu’ils ont leurs raisons. J’espère que ce n’est que partie remise, et que je pourrai y participer l’année prochaine. J’espère juste que le tournoi sortira plus tôt dans le calendrier, comme ça je pourrai mieux m’organiser. »
Et pour la suite ?
« Ce qu’on peut me souhaiter ? De continuer à progresser. D’avoir ces victoires contre les top paires tant attendues. C’est pour ça qu’on bosse. Continuer à prendre du plaisir avec Araceli. On aime se battre ensemble. J’espère qu’on sera récompensées par une belle ou plusieurs belles victoires en fin de saison. »

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.