Le premier volet de notre enquête sur les blessures liées au padel était riche en enseignements. Les 158 joueuses et joueurs qui ont répondu à notre sondage nous ont permis de confirmer que le bas du corps souffre dans notre sport, tout comme le bras dominant.

La tendinite et l’épicondylite sont les affections les plus répandues, juste devant les entorses et les foulures, suivies du mal de dos. Le padel a même conduit certains d’entre vous à l’hôpital, avec parfois la nécessité de subir une opération : c’est arrivé à environ 10% de nos sondés.

Dans ce deuxième article consacré à vos grands et petits bobos, nous allons rentrer davantage dans la psychologie du joueur : ce qu’il fait lorsque la blessure survient, comment il se soigne et comment il gère les fragilités de son corps pour poursuivre sa pratique sportive.

Quand la blessure survient

Quand une blessure vous affecte, que faites-vous ? Les réponses à cette question font apparaître un contraste entre les joueurs “raisonnables” (voire flippés ?) et ceux qui le sont moins. Si 47 sondés sur 158 nous disent “s’arrêter systématiquement pour ne pas aggraver les choses”, ils sont 91 à “continuer de jouer si la douleur est supportable”.

Redevenus raisonnables en sortant du terrain, 85 de nos joueurs disent consulter un ostéopathe ou un kiné et 45 se rendent chez le médecin, voire à l’hôpital, pour se faire soigner. Mais ensuite, seules 41 personnes sur 158 suivent leur traitement ou leur rééducation jusqu’au bout. Vous êtes 39 à avouer “laisser trainer les choses en espérant que ça passera” et 38 à vous soigner vous-mêmes, en automédication.

Parmi nos sondés, on en déplore trois qui ont dû arrêter le padel définitivement suite à une blessure : ils ont toute notre sympathie… Et un autre, trop mordu pour arrêter, nous dit avoir changé de main pendant environ six mois !

Ange ou démon ?

Après la blessure.- A la question “Après une blessure, respectez-vous les temps de repos et de récupération préconisés par les professionnels de santé ?”, vos réponses confirment que les joueurs de padel oscillent entre deux attitudes. Comme Milou dans Tintin au Tibet, ils sont partagés entre la voix de l’ange qui leur intime de ne pas faire de bêtise et celle du diablotin qui les pousse à n’en faire qu’à leur tête…

Le graphique ci-dessous montre qu’une courte majorité de 51% est souvent (32,9%) ou toujours (18,4%) raisonnable, tandis que près de 49% d’entre vous le sont moins. Dans le détail, 22,2% d’entre vous respectent rarement les préconisations médicales, 24,7% font plus confiance à leur ressenti qu’aux médecins et 1,9% ne respectent pas du tout les temps de repos…

Nous n’avons pas interrogé notre panel sur le pourquoi de leur attitude, mais il y a fort à parier que le démon du padel et son côté addictif sont des forces qui nous poussent à reprendre le sport trop vite ou à jouer blessé…

Là où ça fait mal… et vos palliatifs

Nous avons demandé à nos sondés l’affection ou la blessure récurrente qui les gêne le plus dans leur pratique du padel et comment ils s’en accommodent. Leurs réponses confirment que la tendinite, qui touche 45% d’entre eux, et celle du coude, l’épicondylite (26,6%), sont vos pires ennemis.

Voici vos différentes blessures et vos manières de les amadouer…

La tendinite.- Ramses, 32 ans, souffre de “tendinites au niveau du tendon rotulien des deux genoux. Je joue moins et j’essaye de m’étirer davantage…” ; Greghi, 48 ans, se plaint de “tendinites au talon d’Achille, au poignet et au coude droit”, ainsi que de douleurs aux adducteurs. Il y remédie par “de bons échauffements et des pommades préparatrices” ; Patricia, 51 ans, a également une douleur au tendon d’Achille : elle la traite avec des “anti-inflammatoires, beaucoup d’eau et des exercices recommandés par [son] kiné” ; souffrant également de tendinite du tendon d’Achille, Nathalie, 38 ans, “diminue la dose padel quand une crise survient” et Franck, 39 ans, fait des “étirements et du renforcement musculaire” ; Arainu, 34 ans, soigne sa (ses ?) tendinite par du repos et travaille ses geste avec un coach pour éviter les mauvaises positions ; Bryan, 25 ans, joue moins souvent qu’avant et espace ses sessions pour épargner son poignet douloureux. Contre la tendinite, Sébastien, 34 ans, se masse et s’échauffe plus longuement avant de jouer, puis se masse encore et applique du froid après avoir joué.

L’épicondylite.- Ceux dont la tendinite est localisée au niveau du coude (tennis elbow) ont les astuces suivantes : “Je glace après le match et je mets des crèmes Diclofenac et Weleda”, nous dit JFC, 41 ans ; “Je me masse l’avant-bras tous les soirs et je fais attention en cas de rechute”, préconise Armand, 51 ans ; Paul, 32 ans, a recours à un kiné, diminue son rythme de jeu et a adapté son matériel en changeant de raquette ; l’ordonnance de TT, 44 ans, ce sont des séances de kiné et d’ostéo, tandis que Thomas, 26 ans, a augmenté l’échauffement ; même remède pour Bolderiz, 65 ans, qui fait “des exercices du coude avant chaque début de partie” ; Ulysse, 24 ans, a aussi des douleurs aux bras dominant dès qu’il tape un gros smash : “Problème entièrement résolu grâce aux antivibrateurs Shockout”… Même remède pour PJ 24 ans : “Contre le tennis elbow, j’ai d’abord essayé des antivibrateurs puis j’ai changé de raquette pour que ça disparaisse quasi complètement”.
Cousine germaine de l’épicondylite, l’épitrochléite est un “golf elbow dont souffre Fab, qui fait face “en serrant les dents et en souffrant”…

L’épaule.- Qu’il s’agisse de tendinites ou d’autres affection, l’épaule des joueurs de padel est parfois soumises à rude épreuve. Philippe, 56 ans, a soulagé son “épaule fatiguée et douloureuse” en devenant un joueur de droite “et tant pis pour les smashs, on travaille les bandejas”. Armougn, 42, suggère lui la plus grande “décontraction du bras lors des coups au-dessus de l’épaule”. Quant à Max, 27 ans, il a jugulé sa douleur à l’épaule par des exercices de mobilité (étirements actif, mouvements fonctionnels) et de renforcement musculaire.

Baume du tigre ou arnica ?

L’entorse.- Pour prévenir les entorses de la cheville, Julien, 33 ans, pratique un “échauffement par petits sauts demi-pointe pour mettre en tension les muscles de la cheville”, mais aussi d’être bien chaussé et de “faire attention aux bas de vitre qui peuvent bloquer le pied”. Bela, 49 ans, préconise pour sa part des “chaussures neuves pour moquette sablée, et des chaussures plus usée pour moquette WPT, pour éviter les blocages et entorses de la cheville” ; il conseille également d’utiliser un pistolet de massage après les matchs. Baptiste, 22 ans, explique que, “suite une entorse de la cheville gauche sur la piste, j’ai des douleurs récalcitrantes et j’ai du mal à être explosif vers l’avant. Donc je strappe ma cheville”. Contre ses douleurs récurrentes à la cheville (antérieures au padel) et sa tendinite à l’épaule, Rémi, 35 ans, alterne entre repos, crèmes avant et après le jeu. Romain, 37, préviens que “les joueurs hyperlaxes au niveau des chevilles doivent impérativement porter des chevillières adaptées”.

TFCC.- Au padel, TFCC peut être une manière d’invectiver son partenaire : “Tu Fais Connerie après Connerie” ! Mais ici, il s’agit plutôt de l’abréviation anglaise pour Complexe Fibro-Cartilagineux Triangulaire, une affection du poignet. David, 46 ans, a solutionné ce problème à l’aide d’une sangle de poignet de marque WristWidget et d’une raquette plus légère.

Le dos.- Les douleurs lombaires, cervicales et sciatiques sont un classique chez les sportifs. Ceux qui en souffrent y remédient principalement par du repos, du gainage abdominal, des étirements, du renforcement musculaire, des pommades chauffantes et des anti-inflammatoires. Certains évitent aussi de se cambrer et de frapper des par 3. Pacou, 33 ans, qui a des douleurs à la hanche et au dos, nous dit qu’il essaie “de faire un maximum d’exercices de renforcement et de mobilité pour éviter toute gêne. Si ce n’est plus supportable, je fais une pause de quelques semaines”. “Pensez à votre dos, étirez-vous avant de jouer quitte à passer pour un mec qui a loupé le cours de yoga”, préconise Seb, 44 ans. Souffrant également de lombalgie, Marco, 26 ans, applique du baume du tigre et fait des étirements systématiquement. Jérôme, 47 ans; qui souffre d’une hernie discale, nous dit qu’il prend des “anti-inflammatoires après chaque grosse séance”.

Une co(q)uille dans le slip

Les pieds.- Plusieurs d’entre vous ont recours à des semelles pour leurs soucis aux pieds. C’est le cas de Val, 31 ans, qui confie des “problèmes à l’articulation du gros orteil (Ndlr : hallux rigidus, peut-être ?]. Une douleur estompée grâce à des pommades et des semelles orthopédiques”. Davhk, 46 ans, se plaint lui du talon et a recours à des semelles ainsi qu’à des massages.

Et aussi… Aux grands maux, les grands remèdes… et aux petits maux, les petits remèdes ? Chacun a ses trucs pour aller mieux, parfois conseillés par un professionnel de santé, parfois relevant de la méthode Coué. L’un soigne son syndrome rotulien au genou par un “protocole ICE”, un autre a acheté des chaussettes de running qui viennent serrer le tibia et réduisent ses douleurs. Un troisième a une plaie ouverte au genou qui s’accentue lors des flexions : il s’efforce donc d’anticiper autant que possible mais fléchit quand même qu’il n’y a pas le choix… Certains préfèrent prévenir que guérir en mettant une coquille dans leur slip… Il y a ceux qui ne jurent que par le baume du tigre et d’autres adeptes de l’arnica avant et après chaque partie.

Après tout, l’important est d’y croire et de prendre soin de soi !

Rodo, 73 ans et zéro blessure récurrente

On termine cette longue enquête en réitérant nos remerciements à ceux qui nous ont répondu et en publiant quelques-uns de vos témoignages les plus parlants :

Davhk, 46 ans : “Le padel est une addiction, je me force à avoir une ou deux journée par semaine off. Pour les bobos séances kiné si besoin et de temps en temps réflexologue ou ostéopathe”.

Bronx66, 57 ans : “Je m’échauffe 30 minutes avant chaque match ou entraînement (à la maison) avec massages (mollets, poignet, coude, épaule, dos), je fais des KTAPE sur les chevilles, je bois deux litres par séance de 1 h 30, je ne force pas sur les amorties, je vois mon ostéopathe en cas de douleurs plus intenses que d’habitude. Je ne fais pas de tournois, car sur une journée, trop de temps morts entre deux matchs et le corps ne le supporterait pas, ce qui est assez frustrant : réflexion à avoir sur ce sujet (sets de 4 jeux ou sur une semaine comme le tennis, championnats homologués) ?”

Sébastien, 34 ans : “Je prends le temps de bien m’échauffer au niveau articulaire et musculaire. Je me masse avec de l’huile essentielle de gaulthérie ou baume du tigre pour compléter afin de bien détendre les muscles. Utilisation du froid si douleur sinon douche froide pour la récupération et quelques étirements le lendemain. Si douleurs sans inflammation, utilisation du chaud via douche ou bouillotte sur la zone douloureuse. Je bois beaucoup d’eau pour aider à la récupération et hydrater les muscles. Et pour finir, du repos avec une alimentation adaptée à mes besoins (glucides, et protéines).”

Robin, 29 ans : “Finale d’un P500, terrain (presque) parfait car il y a des zones un peu sablées sur les zones les moins travaillées (fond millieu, proche grille). En voulant défendre une balle vitre 5, mon pied a glissé et tout mon corps est tombé vers l’arrière, le pied restant collé au sol. Entorse plus rupture du tendon d’Achille.”

Fabien, 36 ans : “Bien choisir son partenaire : après avoir été lobé en tant que joueur de droite, je me retourne pour défendre en fond de cours. C’est a ce moment là que mon partenaire décide de smasher, sauf qu’au lieu de prendre la balle, il m’ouvre le front sur 3 cm, direction les urgences pour poser des points.”

Christino, 56 ans : “Ne jamais arrêter, écouter son corps et diminuer l’intensité de la pratique. Arrêter c’est se démuscler et être plus vulnérable a la reprise.”

Et le mot de la fin revient à l’aîné de nos sondés, Rodo, 73 ans, qui nous écrit, en espagnol (gracias, Rodo, un placer leerte), qu’il est très rarement blessé et ne souffre d’aucune blessure récurrente ! Voici sa prescription : “Quelques minutes avant de jouer, étirez-vous consciencieusement, 40 secondes pour chaque étirement, surtout les jambes”.

On peut lui faire confiance, ce n’est pas une “Rodomontade” !

Pour approfondir la question des blessures, on vous recommande la lecture des articles du Dr Pierre-Olivier Ferrand dans Padel Magazine.

Et pour vous replonger dans nos précédents sondages cliquez ICI.

Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.