On va vous faire un aveu : en lançant un sondage sur un sujet aussi douloureux et intime que les blessures, on pensait rebuter pas mal de nos habitués. Et pourtant, vous avez été 158 à répondre à notre questionnaire pourtant détaillé, contenant des mots et évocations barbares comme tendinopathie, épicondylite, traumatisme testiculaire, etc.

Mieux, vous avez été au-delà de nos questions en ajoutant des blessures que nous n’avions pas citées, en nous racontant vos bobos les plus tenaces et en partageant vos astuces pour faire avec. Voilà qui mérite un GRAND MERCI de notre part pour le temps consacré et la confiance que vous nous témoignez.

Mais rentrons à présent dans les détails de ce sujet qui nourrit de nombreuses conversations entre joueurs et joueuses de padel.

Les femmes moins souvent blessées ?

90% d’hommes.- C’est hélas un constat récurrent : les femmes sont très minoritaires parmi nos sondé(e)s mais aussi parmi les pratiquants du padel. Sur les blessures, seules 10% des réponses proviennent de dames et 90% de messieurs. Ces derniers auraient-ils une plus grande propension à parler de leurs bobos et à s’en plaindre ? A moins que les femmes soient plus résistantes, un peu moins casse-cou, plus conscientes de leurs limites et donc moins souvent blessées ? Vaste question.

Vous jouez beaucoup.- Les personnes qui nous ont répondu jouent beaucoup et souvent. Comme le montre le graphique ci-dessous, plus de 46% de nos sondés jouent entre 10 et 20 heures par mois, soit au moins deux séances par semaine ; et près de 25% des joueurs font plus de 20 heures de padel par mois ! Vous êtes donc de vrais mordus. Globalement, près de 95% des répondants jouent plus de quatre heures par mois. Et plus l’on joue, plus l’on risque de se blesser…

L’âge du capitaine.- L’âge de nos sondés va de 21 à 73 ans, avec une moyenne qui s’établit à 40 ans. Les tranches d’âges les moins représentées sont les plus de 55 ans et les moins de 30 ans. On n’en déduira pas que ces tranches d’âge se blessent moins que les autres, car elles sont aussi les moins représentées (avec les mineurs) parmi les joueurs de padel et sans doute aussi parmi les lecteurs de Padel Magazine. Il n’en reste pas moins vrai que les trentenaires, les quadragénaires et les jeunes quinquas sont les plus nombreux parmi nos sondés.

Le bas du corps souffre au padel

Les jambes plus que la tête.- Les plus anciens se souviennent peut-être du jeu télévisé “La Tête et les Jambes“, qui alliait dans les années 1960 et 70 des épreuves cérébrales et physiques. Au padel, même s’il faut réfléchir beaucoup, c’est plus souvent aux jambes qu’on se blesse : 29,1% de nos sondés ont déjà subi une blessure à une jambe et 25,9% au genou. Si l’on ajoute les 29,1% de chevilles endolories et 2,5% de blessés au pied, on voit que le bas du corps souffre au padel. D’autant que dans la catégories “autres”, certains sondés ont évoqué des blessures au mollet, au talon, au tendon d’Achille, aux adducteurs ou à la voute plantaire. En résumé, le bas du corps est la première localisation de vos blessures.

En revanche, les blessures à la tête concernent 12% des joueurs, soit près d’un sur huit. La cause la plus évidente est un choc contre une balle, une raquette, une vitre, un grillage ou au sol. Un parmi vous s’est même cassé une dent en jouant, plusieurs autres ont souffert de blessures à l’oeil, toujours suite à des chocs.

Gros bras vs petit bras.- Comme dans tout sport de raquette, le bras est très sollicité au padel. C’est encore plus vrai avec des raquettes pesant 370 grammes en moyenne qu’avec des raquettes de badminton ou de tennis de table. 52,5 % d’entre vous nous avouent s’être déjà blessés au bras dominant et 2% au bras non dominant ; cela englobe bien sûr le coude, les épaules, la main et le poignet.

Plein le dos.- Sachant que les trois quarts de la population ont des douleurs lombaires au cours de leur vie d’adulte, il n’est pas étonnant de les retrouver sur une piste de padel. La bonne nouvelle est que les blessures du dos dues au padel ne concernent heureusement pas 75% des joueurs, mais “seulement” 27,8% – ce qui est déjà beaucoup.

Ouille ! A la frontière entre le haut et le bas du corps des messieurs, les testicules sont parfois exposées à des coups bas, soit lorsqu’un smash adverse les touche directement, soit après un rebond. Cinq de nos sondés, soit 3,2% de notre échantillon, ont subi pareille mésaventure qui peut, au pire, aller jusqu’à un éclatement avec hémorragie. D’autres ont subi des “bursites”, mais ces inflammations concernent d’autres bourses, situées au niveau des articulations.

La tendinite, star des bobos

Après la localisation des maux, rentrons dans le détails des affections dont souffrent le plus souvent les joueurs de padel.

La tendinite.- Cette inflammation est la star des blessures chez les joueurs de raquettes. Le padel n’y fait pas exception. Selon vos déclarations, 71 de nos 158 joueurs en ont déjà souffert, soit près de 45%. A cela, le principal remède est le repos. Même le n°1 mondial Juan Lebron n’y fait pas exception et a dû renoncer à plusieurs tournois cette année.

Et parmi les tendinites, la plus répandue au padel est l’épicondylite externe, ou tendinite du coude, une réaction inflammatoire du tendon qui relie les muscles de l’avant-bras à l’épicondyle. 26,6% de notre panel ne la connaît que trop bien…

Entorse et foulure.- La troisième place de notre podium est occupée par les entorses et les foulures, qu’ont déjà connues 21,5% d’entre vous. Celle de la cheville est hélas un classique au padel, auquel notre collègue Julien Bondia a déjà consacré un article à lire ici. Elle est parfois favorisée par les pistes sans sable apparent, plébiscitées par les joueurs mais pas sans inconvénients. L’entorse ou la foulure mettent souvent du temps à guérir et peuvent entraîner une fragilité et un risque de récidive.

Déchirures et lombalgies se tiennent dans un mouchoir de poche : 18,4% d’entre vous se sont déjà fait une déchirure musculaire, tandis que 17,7% souffrent du dos, souvent de manière chronique. Et 3,2% de nos sondés doivent s’accomoder d’une hernie discale, le plus souvent lombaire (le bas du dos) mais parfois cervicale. L’hernie est d’ailleurs une pathologie très fréquente chez les adultes de 30 à 55 ans, la tranche d’âge majoritaire au padel.

De tout, un peu.- Parmi les autres blessures les plus fréquentes au padel, deux sont liées à des chocs au sol, contre les grillages ou une raquette : les brûlures cutanées (17,1%) et les plaies, ouvertes ou non (16,5%). Suivent, dans ce douloureux palmarès, les élongations (11,4%), les lésions du ménisque (7,6%), les ruptures de ligament (5,7%) ou du tendon d’Achille (3,8%). Viennent ensuite les fractures (4,4%) et les traumatismes testiculaires (3,2%) dont nous avons déjà parlé ci-dessus.

A cet inventaire à la “pervers”, certains d’entre vous ont ajouté les joyeusetés suivantes, aux noms parfois poétiques : cataracte post-traumatique, syndrome rotulien, torticolis, oeil en sang, dent cassée, rupture d’aponévrose, désinsertion du muscle, lésion de la coiffe des rotateurs, etc.

Hospitalisations et opérations parfois nécessaires

De rares hospitalisations.- A la question “Avez-vous déjà été hospitalisé(e) suite à une ou des blessures liées au padel ?”, nous avons heureusement recueilli une très grande majorité de réponses négatives. Mais certains ont parfois dû se rendre brièvement aux urgences, voire rester un jour, deux jours ou trois à l’hôpital. Le cas le plus grave a nécessité une hospitalisation de six semaines chez un de nos sondés : un homme de 44 ans jouant 10 à 20 heures par mois, ayant déjà subi des blessures au bras, au dos, au genou et à la tête.

Quelques opérations.- Dans certains cas, il n’y a pas d’autre choix que de passer sur le billard et se faire opérer. C’est le cas d’une minorité parmi nos sondés, pour les causes suivantes : hernie inguinale (deux joueurs), ligaments du genou (trois joueurs), ménisque (deux joueurs), opération du nerf optique suite à une balle dans l’oeil, points de suture à la tête ou ailleurs (quatre joueurs), rupture du tendon d’Achille (deux joueurs), fracture de la malléole et rupture du ligament tibio-fibulaire, usure du cartilage du genou.

Mises bout à bout, ces opération ont tout de même touché 10% de notre panel. Un pourcentage probablement supérieur à la moyenne pour une raison simple : ceux qui ont connu les blessures répondent davantage que ceux qui ne se sentent pas concernés !

Dans le prochain volet de cette enquête, nous rentrerons dans le détail de vos témoignages, en évoquant ces blessures récurrentes qui vous tracassent le plus et vos différentes manières de les combattre ou de faire avec.

D’ici là, replongez-vous dans nos précédents sondages en cliquant ICI.

Et pour approfondir la question des blessures, on vous recommande la lecture des articles du Dr Pierre-Olivier Ferrand dans Padel Magazine.

Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.