Dans quelques jours, les mondiaux de padel 2024 débuteront au Qatar, un site magnifique où les joueurs aiment se retrouver. Les conditions de jeu y sont souvent exceptionnelles, dans un stade bien connu des professionnels et des amateurs de tennis. Cependant, les fans semblent plus attirés par les étapes professionnelles que par ces épreuves internationales. Étrange, non ?

Loin de toute caricature, suivre son pays reste bien sûr passionnant. Le véritable problème réside dans les disparités importantes de niveau qui subsistent entre les nations dans le padel.

Des différences de niveau difficiles à ignorer

Les avis recueillis sont souvent unanimes, comme Jessica Azoulay, joueuse et fans de padel au Club des Pyramides : « Peut-être que le problème, contrairement à d’autres sports, est que le padel reste très cloisonné. On sait qui va gagner, qui va atteindre le top 5, et quelles sont les nations loin derrière. Les surprises n’existent pas vraiment, ou alors trop souvent à la marge ».

Antoine de Bailliencourt a d’ailleurs relevé un élément qui tend à confirmer cette impression chez les fans.

Lors des championnats d’Europe, le capitaine messieurs de l’équipe d’Espagne, , Juanjo Gutierrez, a été clair : « Aujourd’hui, il n’y a malheureusement que l’Argentine et l’Espagne”. Sous-entendu : Inutile de parler d’une quelconque concurrence. Encore plus préoccupant pour le spectacle et le suspens, chez les dames, l’Espagne semble indétrônable, tandis que l’Argentine a décroché et paraît désormais plus proche de nations comme l’Italie ou la France.

La formation : un pari pour l’avenir

Certaines nations, comme la France, ont lancé des politiques de formation ambitieuses pour combler cet écart. Mais les résultats ne sont pas immédiats, et il faudra sans doute attendre 5 à 10 ans avant de voir des talents français prétendre au top 20 mondial.

Chez les dames, Alix Collombon est dans le top 30 mondial et Léa Godallier dans le top 50, ce qui est déjà une performance notable. En revanche, chez les messieurs, le top 100 est déjà un exploit, comme l’expliquait Thomas Leygue, numéro 1 français, à propos de la rude concurrence dans ce secteur : « Faire partie du top 100 mondial chez les messieurs est déjà un luxe quand on voit la guerre qu’il y a et le nombre de très bons joueurs de padel. »

La France bénéficie d’un vivier de joueurs issus du tennis, l’un des sports les plus populaires du pays avec près d’un million de licenciés. À part, l’OVNI, Bastien Blanqué, la plupart des joueurs français de padel ont un parcours de tennis derrière eux.

Objectif : la 3e place mondiale

Pour les fans, La France semble presque assurée du top 5 mondial et vise la 3e place, face à des nations concurrentes telles que l’Italie, le Portugal, et le Brésil. Victor Stjern, l’un des joueurs historiques de l’équipe suédoise, évoquait d’ailleurs la motivation de son équipe : « La Suède en a marre de perdre contre ces nations. »

Les nations concurrentes sont bien identifiées. La France sortira des poules, jouera les premiers rôles, et devrait remporter la majorité de ses confrontations face à des nations parfois peu préparées, sans remplaçants, kinés, capitaines, ou soutien médiatique. Par exemple, certains pays d’Amérique latine et même européens, comme l’Allemagne, sont souvent limités. Kristina Clément, figure du padel européen, rapporte : « En Allemagne, ce sont les joueurs eux-mêmes qui vont jusqu’à acheter leur propre billet pour participer aux épreuves internationales. »

La question des joueurs à double nationalité

Concernant les joueurs à double nationalité et l’intégration de joueurs venus d’Espagne ou d’Argentine chez certaines nations, la tendance est là. Des nations comme l’Italie, ou plus récemment les Émirats arabes unis, tentent de se doter d’équipes plus compétitives. Si réglementairement cela passe, la question morale peut parfois se poser. Cependant, cette pratique permet de rééquilibrer quelque peu les compétitions, comme l’explique un responsable de la Fédération internationale : « Cela apporte plus de compétitivité et de concurrence. »

C’est pourquoi, la France doit rester très vigilante, car si elle fait partie des favorites pour le top 3/4, entre les nations qui progressent et celles qui se dotent de joueurs compétitifs, la surprise peut arriver plus vite qu’on ne le croit.

L’intérêt de cette compétition, même si l’auteur de cet article avoue un peu de chauvinisme, réside justement dans la qualité des affrontements à venir. On aura de belles confrontations et on attend tous avec impatience les oppositions face à des nations telles que l’Italie ou le Portugal, car elles sont toujours passionnantes.

Investissement qatari et débat autour des lieux de compétition

Les mondiaux bénéficient d’un investissement qatari massif, qui a d’ailleurs bouleversé le padel en deux ans. Ce n’est pas un hasard si cette édition se déroule de nouveau au Qatar, ce qui suscite des interrogations parmi les fans qui auraient aimé voir plus de variété dans les lieux de compétition. Mais la Fédération a-t-elle vraiment le choix ?

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.