Frédéric Tap, co-gérant du Padel Club du Mas à Perpignan aux côtés d’Alain Henry, nous raconte l’évolution du padel au sein de ce club familial reconnu, depuis l’ouverture de leur premier terrain en 2012. Aujourd’hui, le club emploie 9 salariés et compte 12000 joueurs.

“Je suis arrivé au club du Mas en 1986, en tant que coach de tennis.”

Pendant des années, avec Alain Henry, son associé, ils ont développé le club du Mas, à l’origine un club de tennis.

“On a d’abord développé le squash, puis le padel depuis maintenant 13 ans. À cette époque-là, il n’y avait aucun club de padel. Il y avait uniquement une petite activité associative de padel à Toulouse, qui comptait 3 ou 4 bons joueurs, gérant l’ancienne Fédération de padel, et une autre à Aix-en-Provence avec Jean-Marc Lenoir, l’un des premiers à croire au potentiel du padel en France.”

Frédéric Tap Alain Henry Club du Mas

Pourquoi avoir développé le padel au sein du club ?

“À l’époque, j’étais représentant sport pour la marque Reebok, et j’ai rencontré Sebastian Bozzi (ancien rugbyman professionnel du Top 14 et international argentin), devenu un ami. Il m’a dit qu’il souhaitait créer une société de construction de terrains de padel en Argentine, où le sport était déjà très en vogue.
Il m’a proposé de tester le padel sur un court éphémère installé sur le port de Saint-Cyprien. J’y suis allé avec trois amis et on a tout de suite trouvé ça génial.
C’est ce qui nous a poussés, avec Alain Henry (mon ex-beau-frère), à installer notre premier court de padel au club. L’engouement a été immédiat.
Nous avons ensuite fait venir des joueurs espagnols pour une exhibition, et cherché des marques pour développer des raquettes, car le padel n’existait pas encore en France.”

Quels aménagements ont été réalisés depuis 2012 ? Des projets à venir ?

“Après l’ouverture du premier terrain, l’engouement a été tel que nous avons remplacé un court de tennis par deux nouveaux terrains de padel, puis encore d’autres. Cela nous a permis d’attirer des pratiquants de tous horizons sportifs.
Aujourd’hui, nous avons 10 courts, dont 6 couverts.”

Depuis 2012, plus de 1,5 million d’euros ont été investis dans les infrastructures.

“Nous sommes limités par l’espace, donc pas de projet d’expansion. Notre objectif est désormais d’améliorer la qualité de l’accueil : restauration, vestiaires, services autour de la pratique.”

Frédéric Tap Alain Henry Club du Mas

Comment organisez-vous des événements de grande ampleur ?

“Avec Alain Henry, nous avons chacun notre expérience et des formations communes.
Nous avons commencé par de petits tournois, puis nous nous sommes entourés de spécialistes en communication, presse, restauration, etc.
Il nous est arrivé de préparer 1500 repas sur un seul week-end. Cela demande une logistique importante : équipes en cuisine, service… Il faut de la formation, mais surtout de l’expérience.”

Le club propose-t-il d’autres services ?

“Depuis un an, nous mettons à disposition une salle de réunion pour les entrepreneurs souhaitant faire du coworking.
L’activité padel est aussi proposée en parallèle, pour ceux qui le souhaitent.”

Frédéric Tap Alain Henry Club du Mas

COVID : difficulté ou coup de boost ?

“Nous avons eu de la chance. Grâce à nos structures ouvertes et à nos terrains extérieurs, nous avons pu continuer à accueillir du public. Nos terrains couverts disposent de rideaux roulants électriques, donc non considérés comme couverts durant la pandémie.
Finalement, nous avons même bénéficié d’une forme de promotion : les sports collectifs comme le rugby ou le foot étant interdits, leurs pratiquants sont venus découvrir le padel.”

Souhaitez-vous accueillir plus de joueurs professionnels ?

“Non, ce n’est pas notre objectif, ni notre philosophie.
Nous voulons accompagner tous ceux qui souhaitent progresser dans le padel, quel que soit leur niveau.”

Frédéric Tap Alain Henry Club du Mas

Quel regard portez-vous sur le développement du padel en France ?

“Je trouve que la stratégie actuelle est un copier-coller du modèle du tennis, or ce sont deux sports très différents, avec des valeurs et un ADN distincts.
Aujourd’hui, la communication reste trop centrée sur l’élite et la compétition, qui ne représente que 20 % des pratiquants.
Il est essentiel de développer le padel féminin, junior, le loisir, et de valoriser le jeu dans sa globalité.”

Faut-il suivre le modèle espagnol ?

“Je ne crois pas au mimétisme du modèle espagnol en France, notamment pour des raisons économiques et climatiques.
En Espagne, les courts sont souvent en extérieur, donc moins coûteux à construire et entretenir. Cela a permis au padel de se démocratiser.
En France, il fait trop froid pour jouer dehors toute l’année, donc il faut construire des structures indoor, beaucoup plus chères. Et le coût du foncier est élevé.
Je pense donc que le modèle espagnol n’est pas transposable tel quel.”

Votre plus grande fierté depuis toutes ces années ?

“Ce dont je suis le plus fier, c’est que nous sommes restés fidèles à notre vision : former les pratiquants.
Avec Alain, nous sommes toujours passionnés par ce que nous faisons.
Nous avons conservé le plaisir des débuts, l’esprit loisir, et surtout, la passion, qui est le moteur de tout.”