Joueur et dirigeant du TSBDunkerque, Bertrand Cappelle revient sur l’accumulation des tournois en France et la nécessité d’en changer le système.

” Un excès de tournoi combiné à un manque de concertation “

Padel Magazine : Qu’est-ce qui a motivé ta réaction ? 

Bertrand Cappelle : ” Je voulais simplement dire qu’à l’heure où notre sport se développe à vitesse grand V, toutes les bonnes volontés doivent être encouragées. Il n’est donc aucunement question ici de polémiquer ou de faire le procès de qui que ce soit, mais simplement d’ouvrir un débat qui reste latent dans les coursives des tournois.

J’ai 2 « casquettes », je suis à la fois joueur et dirigeant de club. Chez moi nous avons la chance d’avoir 3 belles structures sur un rayon de 10 kms, l’offre de tournois qui était proposée l’an dernier devenait sans conteste faible par rapport à la demande du public.

Une augmentation de cette offre devenait forcément nécessaire voire indispensable, notamment à destination du public féminin, des jeunes mais aussi des joueurs qui font leurs premières armes dans la compétition.

Cependant par manque de concertation, manque de régulation.. nous nous retrouvons avec une situation qui peut devenir problématique à long terme, pour tous les acteurs de notre sport, si elle se répète…”

Padel Magazine : Donc selon toi, il y aurait une surcharge en matière de programmation de tournois ?

Bertrand Cappelle : ” Oui, tout à fait ! Je prends un exemple : du 4 au 6 Février est organisé un P250 dans un de nos 3 clubs, il se retrouve « entouré » par un P250 la veille et un autre P250 le lendemain soit une offre de 3 P250 en 3 jours sur 2 clubs distants de 5 kms. Nous avons certes un vivier de joueurs intéressant, mais il n’est bien entendu aucunement en rapport avec l’offre proposée. Nous sommes une ville moyenne et pas une grande métropole comme PARIS ou LYON…

Cette offre n’est pas cohérente et ni les joueurs ni les organisateurs n’y trouveront leur compte. ” 

Padel Magazine : Que faut-il en tirer comme conséquences selon toi ?

Bertrand Cappelle : ” Pour moi cela amène à se poser 2 questions principales qui sont : premièrement, comment adapter l’offre afin de ne pas lasser les joueurs ni dénaturer la valeur des tournois. Et Deuxièmement, ce qui en découle : quelles valeurs donner aux tournois de padel ?”

Adapter l’offre sans dénaturer les tournois

Padel Magazine : Du coup, comment adapter l’offre ?

Bertrand Cappelle : ” Je le dis et le redis le dialogue entre les diverses parties prenantes (clubs et instances dirigeantes) est indispensable au moment de faire le calendrier et il doit être renforcé.

Pour réguler et adapter l’offre, une piste serait peut être de donner  un « crédit » de tournois par club et par trimestre.(ex: X P1000, X P500, X P250, X P100, XP25 ).

Crédit qui doit bien entendu être modulé en fonction des régions, du vivier de joueurs et qui devrait même surement être un peu plus élevé pour les  clubs privés que pour les clubs associatifs, car je suis bien conscient que pour les privés c’est une manne financière encore plus importante que pour les clubs municipaux.

Cette mesure aurait pour but de mieux répartir les tournois dans les différentes structures et permettrait aux joueurs de fréquenter plusieurs installations et ainsi de rencontrer des adversaires différents.”

Padel Magazine : Tu as évoqué la dénaturation des tournois, qu’est-ce que tu entends par là ? 

Bertrand Cappelle : ” Pour diverses raisons, (parce qu’ils se jouent pendant les vacances, en semaine ou autres), 2 tournois d’une même catégorie peuvent avoir à présenter un plateau complètement différent. Par exemple un P250 peut avoir  un poids moyen des 4 premières têtes de série de 600 et dans un autre tournoi un poids moyen de 2800. Du coup l’équité sportive n’est plus vraiment respectée et cela peut amener à termes certaines frustrations. ” 

” Re-catégorisation et rétablissement des prize-money”

Padel Magazine : Quelles sont, selon toi, les solutions pour y remédier ? 

Bertrand Cappelle :  ” Il n’y a jamais de solution miracle, mais une première piste à étudier serait peut être de RE-CATEGORISER  a posteriori les tournois dont le tableau n’est pas en rapport avec la catégorie. Par exemple un P250 qui présente un niveau trop faible en terme de poids d’équipe des 4 ou 8 premières têtes de série serait re-comptabilisé en P100 et inversement octroyer un bonus si le poids le permet.

Deuxièmement ne faudrait-il pas rétablir l’obligation de donner 250 euros de prize money pour un P250…? En effet un organisateur n’a plus grand intérêt à homologuer un P100 ou un P25 puisque cela lui coute la même chose d’organiser un P25 un P100 ou un P250.

Rétablir le prize-money relancerait à mon avis les P100 et les P25 ( quitte à en revoir le format) et éviterait à beaucoup de joueurs débutants de se retrouver directement en P250 et de se faire « atomiser » sans prendre aucun plaisir et même finir par être définitivement dégoutés de la compétition. “

Padel Magazine : Afin de clôturer cette interview, quels seraient les différents aspects à garder et à améliorer afin que le padel continue son expansion, sans se dénaturer ?

Bertrand Cappelle : ” Le padel est en pleine effervescence, c’est loin d’être facile d’en maitriser les tenants et les aboutissants. Toutes les idées et les initiatives qui peuvent le faire grandir doivent évidemment être soutenues. Il faut également que chaque intervenant,qu’il soit associatif ou privé, y trouve pleinement sa place.

Cela passe à mon sens par un renforcement du dialogue entre les diverses structures de terrain. D’abord entre les clubs organisateurs mais aussi avec les instances dirigeantes afin d’augmenter la réactivité face à la vitesse de croissance de notre sport.

Il faut également être vigilant sur la catégorisation des tournois afin de ne pas dégoûter les gens de la compétition (surtout les débutants), et pouvoir permettre à chaque club de garder ce coté un peu « évènementiel » des tournois qui fera que le padel conservera son coté festif et convivial ! “

Nasser Housseini

Passionné de football, j’ai découvert le padel en 2019. Depuis, c’est l’amour fou avec ce sport au point de délaisser mon sport de prédilection.