À l’occasion de sa candidature à la présidence de la Fédération Française de Tennis (FFT), Germain Roesch, président réélu de la Ligue Île-de-France, revient sur son parcours et sa vision autour du padel et des structures sportives en France.
Un président au parcours atypique
Vous êtes président de la Ligue Île-de-France, mais vous ne venez pas directement du tennis. Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Effectivement, je n’ai découvert le tennis que sur le tard. J’ai 65 ans, je suis marié et père de deux enfants. Dans mes jeunes années, je pratiquais le basket. J’ai eu la chance de jouer dans un club dont l’équipe fanion évoluait en Pro A, ce qu’on appelait la division 1 à l’époque. J’ai aussi fait du cyclisme sur piste, où j’ai remporté deux titres de champion d’Alsace qui m’ont permis de participer aux championnats de France. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert le tennis, grâce à mes enfants. Ma fille était en centre d’entraînement de ligue, et mon fils jouait en début de deuxième série. Leur implication m’a permis de comprendre le fonctionnement d’un club de tennis et d’une association sportive, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser à ce sport.
Comment êtes-vous passé de simple parent impliqué à président de la Ligue Île-de-France ?
Tout s’est fait progressivement. Alors que j’accompagnais mes enfants à la VGA Tennis de Saint-Maur (Val-de-Marne), le président m’a proposé de m’investir dans le club. J’ai intégré le comité de direction, puis j’ai été vice-président et enfin président pendant sept ans. Par la suite, j’ai été élu trésorier de la Ligue du Val-de-Marne, puis président du comité départemental. Depuis quatre ans, je suis président de la Ligue Île-de-France et également vice-président de la Fédération Française de Tennis.
Une candidature pour un nouveau souffle
Vous faisiez partie de l’équipe de Gilles Moretton il y a quatre ans. Pourquoi vous présentez-vous contre lui aujourd’hui ?
C’est une question légitime. Certains pourraient penser que j’ai été élu grâce à Gilles Moretton, mais il est tout aussi vrai que Gilles Moretton a été élu grâce aux voix des clubs franciliens. Ce soutien est indispensable pour tout candidat à la présidence de la FFT. J’avais adhéré à son programme, car il plaçait les clubs au centre de la stratégie et privilégiait par exemple la formation des jeunes à l’hyper-sélectivité. Malheureusement, la mise en œuvre de ce projet ne correspond pas à ce qui avait été annoncé. Je suis donc déçu.
Vous êtes donc déçu ?
Oui, mais pas uniquement. Je suis convaincu qu’il est temps d’insuffler une nouvelle dynamique à la Fédération, en remettant réellement les clubs, les bénévoles et les pratiquants au cœur du dispositif. Avec mon équipe, nous souhaitons donner le pouvoir aux clubs.
Le padel : un enjeu clé
Le padel est en plein essor en France. Quelle est votre vision pour son développement ?
Il faut d’abord reconnaître que le succès actuel du padel est largement dû aux structures privées. Ce sont elles qui ont suscité l’engouement des 400 000 à 600 000 pratiquants, bien au-delà des 70 000 licenciés que nous comptabilisons aujourd’hui. Cela dit, les clubs associatifs jouent un rôle essentiel. Beaucoup ont intégré le padel pour dynamiser leurs activités, fidéliser leurs adhérents et attirer de nouveaux publics.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
L’histoire de Padel Horizon illustre bien ce que peut apporter une collaboration entre structures privées et associatives. En 2018, j’ai mis en relation un groupe d’investisseurs avec le Tennis Club de Saint-Maur, qui disposait d’un terrain disponible. En 2019, Padel Horizon voyait le jour. Aujourd’hui, cette structure est l’une des plus importantes en France, avec plus de 1000 licenciés padel. Elle cohabite parfaitement avec le club de tennis associatif, grâce à une gestion collaborative et des activités mutualisées.
Valoriser les bénévoles : une priorité
Le modèle associatif français repose sur les bénévoles. Comment envisagez-vous de les soutenir ?
Le bénévolat est le pilier de nos clubs. Si le nombre de bénévoles venaient à baisser de manière significative, c’est tout le modèle qui serait en danger. Avec le collectif “Les Clubs, au Cœur de notre Engagement”, nous travaillons sur un projet de loi pour faire reconnaître et valoriser le statut des bénévoles. Ce projet vise à leur offrir un cadre juridique et à leur accorder des avantages concrets pour récompenser leur engagement.
Le tennis français compte désormais 1,1 million de licenciés. Quel regard portez-vous sur ce chiffre ?
C’est un excellent résultat. Je tiens à remercier les bénévoles, les enseignants et les dirigeants de clubs, qui ont permis cette progression. Le padel y a également contribué avec ses nombreux pratiquants, et je suis persuadé que cette croissance va continuer dans les années à venir.
En route pour les élections
Les élections auront lieu le 14 décembre prochain. Quel est votre plan d’action d’ici là ?
Depuis 5 mois, nous menons une tournée nationale pour rencontrer les président(e)s de clubs, les enseignant(e)s, et les pratiquant(e)s. Nous présentons notre projet et notre équipe, qui est complète et compétente. Je suis peut-être moins connu dans certains départements, mais cette campagne me permet d’aller à la rencontre des acteurs locaux et de faire entendre ma vision pour l’avenir.
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.