La n° 1 française Alix Collombon le disait il y a quelques semaines : « On ne peut pas se permettre d’avoir deux circuits, voire trois [Ndlr : WPT, Premier Padel et A1 Padel]. Il faut de la visibilité ». En cette fin mars 2023, il faut bien l’admettre, la visibilité en matière de padel professionnel ressemble au fog londonien, un soir frisquet d’automne.
Profond malaise
Plusieurs événements ont achevé de semer le trouble ces dernières semaines. La tournée sud-américaine du World Padel Tour a été marquée par l’absence de nombreux joueurs, notamment du côté des messieurs. Les uns ont prétexté des blessures pas toutes crédibles à ce stade peu avancé de la saison, les autres des problèmes familiaux plutôt inédits… Tout cela est le signe qu’un malaise profond s’est installé dans le padel professionnel.
Autre événement majeur, la décision de l’association des joueuses professionnelles (IPPA) de s’associer au circuit Premier Padel, avant même que les contrats des joueuses avec le WPT ne prennent fin. C’est donc la quasi-totalité des joueuses du top 100 mondial qui a fait le choix du circuit de la FIP et de la société qatarie QSI. Pour les joueuses, déjà tentées de rejoindre les messieurs dans les tournois de Premier Padel, la goutte qui a fait déborder le vase a peut-être été la question de l’égalité hommes-femmes. Après avoir aligné les prize money des dames sur ceux des messieurs en 2022, le WPT est revenu en arrière pour la saison 2023. Une humiliation restée en travers de nombreuses gorges féminines…
La FIP a aussi choisi son camp
Autre peau de banane sur le chemin du WPT, l’attrait toujours grandissant du circuit A1 Padel de Fabrice Pastor, qui séduit de plus en plus de joueuses et de joueurs – et notamment quelques Françai(se)s. Parmi les Français, justement, le choix semble clair en faveur des tournois organisés et reconnus par la Fédération internationale de padel, au détriment de ceux du World Padel Tour. Rappelons que le classement de ce dernier n’est pas pris en compte dans celui de la FIP, qui a elle aussi choisi son camp, étant associée financièrement au circuit Premier Padel…
Quelles options pour le World Padel Tour ?
Seules les n°1 et 2 françaises Alix Collombon et Léa Godallier continuent à ce jour à disputer les épreuves du World Padel Tour. Mais pour combien de temps ?
Dès lors, quelles sont les options du circuit espagnol patronné par Estrella Damm pour survivre à la crise qu’il traverse ?
Si le WPT s’entête dans sa volonté de capter à son profit exclusif les meilleurs joueurs et joueuses de la planète, il semble inéluctable qu’il aille à sa perte.
Mais le WPT a-t-il d’autres options que d’aller au bout du rapprochement entamé au début de cette année avec Premier Padel ?
Les dernières déclarations de Nasser Al-Khelaïfi ne laissent guère de doute sur l’issue des discussions actuelles : “Les pourparlers avec Damm se passent très bien”, a déclaré le président de QSI à Marca.
Après le ralliement des joueurs de PPA et celui des joueuses de l’IPPA, il est clair que la FIP et QSI ont toutes les cartes en main pour dicter leurs conditions au WPT. Si ce dernier ne saisit pas rapidement l’offre de fusion qui lui est faite – dont on ignore encore la teneur – il court vers une mort certaine. A moins d’un miracle ?
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Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.