Dans la suite de son entretien accordé à El Chiringuito, Juan Lebrón revient sur les dessous de sa séparation avec Alejandro Galán. Entre silences, blessures, décision unilatérale et tension au sein de l’équipe nationale, le joueur andalou livre sa vérité sans détour.

Une relation brisée au sommet du padel mondial

Ils formaient l’une des paires les plus dominantes de l’histoire du padel moderne. Ensemble, Lebrón et Galán ont été numéro 1 mondiaux, enchaîné les victoires et marqué le circuit par leur style explosif. Mais au fil du temps, leur entente s’est dégradée, jusqu’à une rupture brutale en 2023.

« Ce furent trois années sportivement incroyables. Je suis très reconnaissant envers Galán… sportivement », précise d’emblée Lebrón, insistant sur la distinction avec leur relation humaine.

« Mais personnellement, je suis un peu blessé. On aurait pu faire les choses d’une manière plus adulte. »

Derrière la façade des podiums, les tensions étaient réelles, notamment sur les comportements et la communication entre les deux hommes.

« Je pense que j’ai été trop exigeant. C’est mon défaut. Je voulais toujours aller plus loin. »

Une blessure… et le vide

C’est durant l’année 2023 que tout bascule. Juan Lebrón est victime d’une blessure grave à l’avant-bras, qui l’éloigne du circuit pendant plus de quatre mois.

« J’étais incapable de serrer une raquette. Je souffrais physiquement et mentalement. Et à ce moment-là, je n’ai reçu aucun message de Galán. Aucun appel. Rien. »

« Il aurait pu m’envoyer un simple ‘Comment tu vas ?’. Après tout ce qu’on a vécu ensemble. Mais non. »

Une absence totale de contact qui laisse des traces profondes.

« On a joué quatre ans ensemble. Et quand je suis tombé, il n’a pas été là. C’est ce que je retiens. »

Une séparation en trois minutes

La rupture est officialisée après le tournoi de Roland-Garros. Et selon Lebrón, elle a été aussi froide qu’expéditive.

« Il m’a appelé. Trois minutes. Il m’a dit qu’il voulait arrêter. Le lendemain, on a eu un deuxième appel, cinq minutes. Et c’était terminé. »

Pas de discussion face à face. Pas d’explication approfondie. Une méthode que Lebrón juge injuste :

« On méritait mieux. On a partagé trop de choses pour finir comme ça. »

Le cas du Championnat du monde : la décision de Lebrón

Au Mondial de padel, alors que l’Espagne doit jouer une finale, Lebrón prend une décision forte : proposer à Galán de rejouer ensemble pour représenter leur pays.

« C’est moi qui suis allé vers lui. Il n’y croyait pas. Je lui ai dit : ‘Allons-y, faisons-le pour l’Espagne.’ »

Leur entente sur le terrain est bonne. Mais au moment des interviews d’après-match, Galán déclare que la décision venait du staff, ce que Lebrón conteste fermement.

« C’est faux. C’est moi qui suis allé le voir. Ça m’a blessé qu’il ne le reconnaisse pas. »

Il évoque aussi un moment d’unité dans le vestiaire :

« Je lui ai même passé une part de pizza. Tout le monde a applaudi. L’ambiance était bonne. Mais une fois encore, il n’a pas reconnu le geste. »

La dégradation progressive de la relation

Selon Lebrón, les premières fissures dans leur relation datent de 2022, malgré une saison exceptionnelle.

« Cette année-là, on gagne 14 tournois. On domine. Mais lui, il commençait déjà à être ailleurs. Très impliqué dans l’association des joueurs. Moins présent. »

Le joueur andalou raconte un éloignement personnel difficile à ignorer.

« Je lui ai dit un jour : ‘Tu dis qu’on est amis, mais moi, j’attends autre chose d’un ami.’ Je crois que je l’ai blessé. »

« Il y avait de l’orgueil des deux côtés. On n’a jamais eu de vraie discussion. C’est ça, mon plus grand regret. »

Aujourd’hui, la communication semble rompue. Les deux hommes vivent à 300 mètres l’un de l’autre à Madrid, mais ne se croisent plus.

« Je serais prêt à parler. Mais il ne viendra pas. Et moi, je ne vais pas forcer non plus. »

Une vérité trop longtemps tue

Pour Lebrón, cet entretien est aussi l’occasion de donner enfin sa version des faits.

« Pendant des mois, on m’a critiqué. Mais personne ne connaissait ma vérité. Aujourd’hui, je la dis. Et je n’ai rien à cacher. »


Pour regarder la vidéo en espagnol :

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.