Quatre années de partenariat, trois saisons au sommet du padel mondial… et une séparation marquée par le silence, les blessures et les non-dits. Juan Lebrón est revenu en longueur, pour la première fois, sur sa rupture avec Alejandro Galán dans un entretien-fleuve accordé à El Chiringuito. Un témoignage poignant, sans filtre.

« Sportivement, je lui dois beaucoup. Humainement, c’est une autre histoire »

Juan Lebrón et Alejandro Galán auront dominé la planète padel de 2020 à 2022, enchaînant les titres avec un style agressif et spectaculaire. Mais derrière les victoires, la relation personnelle entre les deux Espagnols s’est lentement dégradée.

« Ce furent trois années incroyables sur le plan sportif. Je suis très reconnaissant envers Galán pour tout ce qu’il m’a apporté… sportivement », insiste Lebrón. « Mais personnellement, je suis un peu blessé. On aurait pu faire les choses d’une manière plus adulte. »

Le joueur andalou reconnaît avoir été un coéquipier exigeant :

« Oui, j’ai été dur avec mes partenaires. Trop exigeant parfois. Mais c’était toujours pour progresser ensemble. »

La blessure, le silence, et la solitude

C’est en 2023 que tout bascule. Juan Lebrón traverse une blessure longue et douloureuse : quatre mois et demi sans pouvoir tenir une raquette.

« J’étais incapable de serrer la pala. C’était un calvaire. J’ai attendu ne serait-ce qu’un “Comment tu vas ?” de la part d’Ale. Rien. Pas un message. Pas un appel. »

Un abandon silencieux qu’il ne digère toujours pas :

« On a joué quatre ans ensemble. On a tout partagé. Et au moment où j’étais au plus bas, il n’a pas été là. »

« Il m’a quitté par téléphone »

La séparation définitive survient après Roland-Garros 2023.

« Il m’a appelé. Trois minutes. Et c’était fini. Le lendemain, cinq minutes au téléphone. C’est tout. Pas une vraie explication. »

Pour Lebrón, le malaise s’était installé bien avant.

« En 2022, on gagne 14 tournois. Mais la relation était déjà morte. On ne communiquait plus. Il était ailleurs, impliqué dans l’association des joueurs, souvent distant. »

« Il m’a dit une fois : ‘On est amis’. Et j’ai répondu : ‘Pour moi, ami, c’est un mot très fort’. Je le regrette aujourd’hui. »

L’affaire du Mondial : une main tendue non reconnue

Lors du Championnat du monde, Lebrón fait un pas vers la réconciliation… sans retour.

« C’est moi qui suis allé lui dire qu’on devait jouer ensemble la finale. Il ne s’y attendait pas. Je voulais que l’équipe d’Espagne soit soudée. On a bien joué. Mais après, en interview, il a dit que c’était une décision du staff. C’est faux. »

« Ce jour-là, je lui ai même passé une part de pizza, les coéquipiers ont applaudi. Il y avait une belle ambiance. Mais encore une fois, il n’a pas reconnu le geste. »

Polémiques, critiques, et “l’affaire du Qatar”

À ces tensions personnelles s’ajoute une séquence devenue virale : l’attitude de Lebrón au Qatar, violemment critiquée.

« J’ai vu les images. Deux ou trois fois. Inacceptable. Ce n’était pas moi. J’étais à bout. »

Il évoque un environnement médiatique hostile :

« On ne voulait pas que je sois numéro un. Il y avait un acharnement. On sortait tous mes gestes, toutes mes erreurs. »

« On disait que j’étais une mauvaise personne, que je faisais du mal au padel… mais moi je continuais. Je voulais être numéro un. »

Pas de retour possible ?

Quand on lui demande si un retour avec Galán est envisageable, la réponse est directe :

« Non. Ça n’arrivera pas. Et même si ça arrivait… je ne sais pas si je le voudrais. »

Lebrón admet cependant qu’une vraie discussion n’a jamais eu lieu :

« On ne s’est jamais parlé franchement. Il y a eu de l’orgueil. Des deux côtés. Mais j’aurais préféré qu’il me dise les choses en face. On était tous les deux à Madrid. Il aurait pu venir. »

« Ce que je raconte là, c’est ma vérité. Et je crois que personne ne la connaissait. »


Pour regarder la vidéo en espagnol :

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.