Il y a encore quelques années, tout le monde était en extase devant l’Espagne et son jeu défensif. Aujourd’hui, est-ce toujours le cas et qu’en est-il des pays émergents ?

L’Espagne reste bien sûr toujours leader mondial du padel avec l’Argentine. Venir s’entraîner et jouer en Espagne est toujours positif car il est bien plus simple de trouver des joueurs de niveau supérieur. Mais cela a un coût pour les visiteurs qui souvent ne rentabilisent pas l’investissement. Alors certes, ils apprennent à se professionnaliser, apprennent du jeu “à l’espagnole”, mais ont généralement du mal à briller.

Il y a quelques années, nous avions soulevé ce sujet de savoir s’il était positif pour le padel national de le délaisser pour s’exiler en Espagne, et cela avait provoqué des réactions. Aujourd’hui, il semblerait que les mentalités aient changé et que le “made in” prenne place pour le développement de chaque fédération.

France, Belgique, Italie, Portugal, Suède pour ne parler que de l’Europe, mais aussi l’Amérique, l’Afrique ou encore l’Océanie pour n’en citer que quelques-uns, se développent. Ça y est. Grâce à la télévision et aux précurseurs qui ont fait le pas et le sacrifice d’aller à la Mecque du padel, il semblerait qu’aujourd’hui des entités propres se créent. Une culture padel propre à chaque pays qui devrait porter ses fruits avec les générations futures.

Si vous avez décidé de planifier un voyage padel à travers une dizaine de pays, vous allez rapidement vous apercevoir de la différence de jeu. Alors, au milieu de tout cela, vous mettez un Espagnol, il se peut que ce soit lui qui remporte la palme, mais le travail de fond des fédérations apporte doucement des résultats. Regardez chez les jeunes, des pays que l’on n’attendait pas forcément, montrent le bout de leur nez.

On ne peut rien faire contre la culture.

S’inspirer de l’Espagne oui, mais jouer comme eux, non. Si les Espagnols ne s’adaptent pas rapidement, il se peut que dans quelques années, ils se fassent doubler. Mais quand ? Là est la question. Peut-être lorsque les jeunes 100% padel montreront le bout de leur nez et que le vivier de joueurs nationaux sera suffisamment important ? Alors le vivier, on peut dire qu’il grossit à vue d’œil, mais les jeunes, on ne peut pas les faire grandir plus vite. Il se peut que dans les 10 prochaines années, nous constations des changements dans le leadership du padel mondial.

La culture de chacun, c’est ce qui marquera la différence. Prenons un exemple simple afin de noter ces différences : les Espagnols ont une gestion de leurs repas complètement différente des pays nordiques, même chose avec l’éducation. Donc, petit à petit cette base culturelle, que chaque nation a développée depuis des décennies, voire des siècles, apparaîtra et doit apparaître dans le jeu, et pour le bien de tous.

La culture sportive

Bien que la plupart des pays du globe se soient mis au padel depuis moins de 10 ans, la culture sportive reste différente. Les sports nationaux sont différents. Regardez en Espagne, c’est le football (le padel vient en deuxième), en Inde, c’est le cricket, en République Dominicaine c’est le baseball, aux États-Unis c’est le basketball, en Nouvelle-Zélande le rugby, en Égypte le squash, bref, autant de cultures sportives différentes dont le padel peut se nourrir. On parlera de techniques d’apprentissage, mais aussi de transmission de culture. Peut-être que techniquement, il y aura peu de différences, mais tactiquement, dans la gestion des matchs ou des compétitions, nous verrons des évolutions.

Et les différences à l’intérieur d’un même pays, on en parle ?

Nous sommes bien placés pour le savoir. Regardez les différences d’attitudes entre des gens du nord de la France et des gens du sud, de la région lyonnaise et du pays basque. Elles sont énormes. On a besoin d’un temps d’adaptation pour se comprendre sur une piste, même si nous parlons la même langue. Là est la force de ce sport ; le mélange des cultures, des histoires personnelles, des identités, des passés sportifs. Le travail des clubs, des associations, des fédérations est d’unir ces tendances pour créer une identité où chacun se reconnaît. Pas simple.

Ce sport est incroyable et une porte vers le mélange culturel. L’Espagne est une base comme ont pu l’être d’autres pays dans d’autres sports, l’Angleterre avec le rugby par exemple. Avec sa vitesse de croissance importante, le padel peut apporter de belles surprises à l’avenir. Mais cela passera par 2 axes principaux : la culture de chacun et la possibilité de gagner correctement sa vie en se consacrant à la compétition. Vamos!

Julien Bondia

Julien Bondia est professeur de padel à Ténérife (Espagne). Chroniqueur et conseiller, il vous aide à mieux jouer par l’intermédiaire de ses tutoriels et articles tactiques/techniques padel.