P2000, P500 juniors, FIP Gold… le Club du Mas à Perpignan est au cœur de l’actualité. L’occasion de rencontrer Alain Henry.
De 4 terrains de tennis à 10 pistes de padel
Padel Magazine : Alain, parle-nous un peu de l’histoire du club ?
Alain Henry : C’est l’histoire d’un club familial privé de 4 terrains de tennis créé par mes parents dans les années 80. C’était les années tennis, le nombre de joueurs ne cessait d’augmenter et les structures manquaient, un peu comme pour le padel aujourd’hui.
Au fil des années, le club a grandi et pris des virages importants, comme en 2005 avec la création de 5 courts de squash. Puis en 2012, nous avons construit la première piste de padel, très vite rejointe par 2 autres l’année suivante. En 2015, trois nouvelles pistes prennent la place d’un court de tennis pour répondre à la demande toujours croissante ; ils ont ensuite été couverts en 2020. Et enfin cette année, nous avons ajouté 3 padel indoors supplémentaires en sacrifiant les 2 derniers terrains de tennis.
Padel Magazine : Cela signifie qu’aujourd’hui vous êtes 100% padel ?
Alain Henry : Oui c’est exact, le tennis, c’est fini ! De 4 terrains de tennis nous sommes passé à 10 pistes de padel, dont 6 indoor. Le tennis a été notre ADN pendant 40 ans car avec Frédéric Tap, nous étions avant tout des passionnés. Nous avons toutes ces années développé le club grâce à l’enseignement. Nous avions jusqu’à 350 jeunes à l’école de tennis sur 4 courts.
Aujourd’hui une page se tourne et le club regarde vers l’avenir, mais sans oublier le chemin parcouru et le bonheur que nous a procuré le tennis.
Padel Magazine : Lors de ce passage du tennis au padel, y-a t-il eu des freins au niveaux des joueurs ?
Alain Henry : Pas tellement. Avec les 2 terrains de tennis restants, il n’y avait plus de compétitions et presque plus de matchs par équipes. Cela s’est fait naturellement et les quelques joueurs de tennis restants ont basculé sur les clubs voisins. Quant à l’école de tennis, nous avons conservé quasiment 80% des jeunes, qui jouent aujourd’hui tous au padel…
Padel Magazine : Comment et pourquoi t’es-tu lancé dans le padel ?
Alain Henry : D’abord par plaisir, et ensuite par passion. Après avoir essayé en Espagne, nous avons décidé de mettre une piste au club pour notre plaisir personnel… Mais finalement, tout le monde a voulu y jouer ! Il a donc fallu proposer rapidement d’autres terrains.
J’ai personnellement fait la bascule à 100% dans l’enseignement du padel pour développer l’activité et répondre à la demande. Le padel a très vite remmené de la convivialité au sein du club.
En 2014, j’ai co-écrit avec Cédric Carité le premier livre sur le padel pour apporter un outil de pédagogie et de compréhension du jeu, car dans ces domaines, en France, tout était à construire.
“Trouver le juste milieu entre compétition et loisir“
Padel Magazine : Justement, comment vois-tu l’avenir du padel en France et dans le monde ?
Alain Henry : Pour faire une comparaison, je crois que le padel est actuellement au niveau du tennis dans les années 70/80.
Depuis 10 ans nous avons été acteurs et aussi spectateurs de l’évolution du padel. En 2012, nous étions une dizaine de clubs et une centaine de joueurs en France. Padel Magazine, c’était toi (Franck Binisti) et ton appareil photo, et aujourd’hui, regarde le parcours ! Pour nous cela a été pareil, une piste, puis 3, et maintenant 10.
Le padel se structure de plus en plus tant au niveau de la fédération de tennis qu’au niveau des acteurs du privé et du public.
Pour qu’un sport se développe il faut de la visibilité, des installations, un enseignement de qualité et des jeunes. Sur chaque point le padel progresse vite et même plus vite que prévu.
Mais ce qui doit guider les choix, c’est le jeu lui-même et le plaisir qu’il procure aux gens.
L’important c’est de savoir trouver le juste milieu entre compétition et loisir, avoir une formation d’enseignants de qualité avec une identité forte, une politique de développement et de structuration des jeunes, un vrai partenariat de confiance entre FFT et clubs privés. Il faut aussi une politique géographique cohérente de qualité des installations, et non de quantité comme nous l’avons fait dans le tennis. Et enfin une identification claire et réelle du nombre de pratiquants avec et sans licence.
Comme tous les sports, le haut niveau et l’élite doivent rester la vitrine qui doit donner envie de rentrer dans le magasin, mais il faut aussi et surtout que l’intérieur de ce magasin soit assez attrayant et donne envie d’y revenir. Il faut des clubs avec un accueil adapté pour que le joueur qui vient trois ou quatre fois par semaine soit valorisé et que l’on puisse répondre à ses attentes : trouver des nouveaux partenaires, créer des parties, s’auto-évaluer… Le padel, c’est surtout des rencontres, de la convivialité, du partage, intégrés dans une vie de club, à la fois sur le terrain et en dehors.
“Créer des pistes n’est pas si difficile, les faire vivre est un vrai métier”
Padel Magazine : Quel est le programme du club du Mas pour les prochaines années ?
Alain Henry : Le programme reste toujours le même depuis 40 ans : animer, faire découvrir, former et enseigner ce merveilleux sport. Certes, nous avons agrandi et modernisé le club, et le petit club de tennis familial est devenu un complexe plus imposant, mais l’esprit reste le même.
Nous nous attachons à garder cet esprit club hérité du tennis et fort de notre longue expérience, tout en nous appuyant sur des gens qui ont grandi dans le club pour continuer à avancer.
Créer des pistes n’est pas si difficile, les faire vivre est un vrai métier. Ce bel outil doit être mis au service du padel.
Nous devons tout aussi bien travailler avec la FFT pour des évènementiels, que savoir animer les montée-descente du vendredi soir ; aussi bien entrainer les meilleurs joueurs(euses) français(es) (4 membres des équipes de France au club) que donner sa première leçon de padel à un nouvel initié.
Comme on l’a toujours fait, on va essayer de continuer d’innover, de proposer, en tout cas d’être toujours créateurs plutôt que suiveurs.
De gros rendez-vous en Catalogne
Padel Magazine : Parlons maintenant des compétitions internationales que tu mets en place…
Alain Henry : Je voudrais donner plusieurs rendez-vous importants aux passionnés de padel.
Tout d’abord les 13/14/15 mai au Mas pour le deuxième P2000 de la saison et en même temps le premier open national P500 jeunes U18.
Puis il y aura 2 autres rendez-vous importants en terre catalane.
Depuis l’an passé, nous avons lancé avec une équipe de passionnés, dont tu fais partie, l’association ADN PADEL qui a pour but d’organiser et de promouvoir le padel au travers d’évènements, dont notamment des compétitions internationales sous l’égide de la Fédération Internationale de Padel (FIP) et de la FFT.
La première a eu lieu en août dernier à Canet-en-Roussillon sur la plage et a été une véritable réussite.
Cette année nous renouvelons l’aventure sur l’une des plus belles places de Perpignan, pour un FIP GOLD du 22 au 26 juin prochains. En août, ce sera de nouveau le FIP RISE de Canet du 24 au 28 août.
C’est une aventure humaine extraordinaire avec une équipe de bénévoles passionnés où les compétences de chacun sont mises en valeur. Nous allons essayer de progresser étape par étape pour peut-être, qui sait, organiser un évènement encore plus important pour faire connaitre et développer le padel.
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.