À l’occasion de la première étape du Curva Tour Tecnifibre organisée au GPadel de Strasbourg, Adrien Maigret s’est longuement exprimé sur son début de saison, ses ambitions en équipe de France, sa quête de partenaire pour les Championnats de France, son attachement au maillot bleu et sa vision du padel de haut niveau. À 37 ans, le Parisien reste animé par le feu de la compétition et par un objectif clair : prouver qu’il peut encore avoir un rôle à jouer au plus haut niveau en France.
Un début d’année irrégulier, entre forme physique et réalités personnelles
Depuis décembre, Adrien Maigret évoluait aux côtés de Jérôme Inzerillo, mais le bilan est mitigé.
“On a eu des hauts et des bas. On a bien joué, mais aussi fait des contre-performances. C’est dû à une chose simple : on était tous les deux un peu moins en forme. Jérôme s’entraîne moins que l’an dernier, fait moins de compétitions. Et moi, j’ai été papa récemment, j’ai fait une petite couvade. Il fallait se remettre en forme.”
Mais le joueur se veut rassurant quant à son état actuel :
“Je commence à être de mieux en mieux physiquement, je reviens à un niveau très correct. L’idée, c’est d’être prêt en juin pour un potentiel stage équipe de France, si je suis sélectionné.”
L’objectif est clair : retrouver l’équipe nationale et décrocher enfin le titre de champion de France, le seul qui manque encore à son palmarès.
Une séparation assumée avec Inzerillo et un nouveau projet à construire
Le choix d’arrêter avec Inzerillo n’a pas été précipité.
“Ce n’était pas une décision prise sur un coup de tête. On a insisté, beaucoup discuté, mais ça ne matchait pas. J’ai besoin d’un joueur plus jeune qui m’apporte une dimension physique que j’ai un peu moins aujourd’hui.”
Maigret avait rapidement ciblé Maxime Joris, avec qui il souhaitait s’associer :
“J’avais envie de jouer avec lui depuis quelque temps. Il contrôle bien le jeu, progresse sans arrêt. Malheureusement, il a pris la décision de ne pas faire les Championnats de France avec moi.”
Aujourd’hui, il se retrouve sans partenaire pour la compétition, mais reste prudent :
“J’ai des pistes, rien de décidé. Je me laisse jusqu’au 28 mars pour valider ma paire.”
Des partenaires potentiels : du renouveau, mais aussi de l’ancien
Parmi les noms évoqués, plusieurs possibilités : du jeune en devenir, mais aussi des profils expérimentés.
Jérémie Scatena :
“Il s’entraîne encore, il joue un peu moins, mais il a toujours un bon niveau. En dehors de la piste, c’est un bonheur de passer un week-end avec lui. Il est encore bien classé, ça permettrait d’être dans les 12 paires qualifiées.”
“Mais jouer à droite, ce n’est pas vraiment mon objectif, même si je peux le faire sur un tournoi.”
Yann Auradou :
“Je trouve qu’il joue très bien. Il a retrouvé un bon niveau. Le rôle qu’il a à la fédé semble l’épanouir. Il est bien dans sa tête, plus relâché. Il s’entraîne un peu moins, mais il montre un très bon niveau.”
Arthur Hugounenq :
“Il progresse à chaque tournoi. Il a fait de gros matchs avec de bons partenaires. Il a battu Moreau / Seurin l’an dernier avec Timéo Fonteny. Il a montré qu’il peut battre des joueurs très forts.”
Mais la difficulté vient aussi du timing de la séparation avec Inzerillo :
“Tous les joueurs sont déjà engagés. Ça complique les choses.”
(NB: ce sera finalement avec Jérémy Scatena)
Le profil du “joker” de l’équipe de France
Adrien Maigret a toujours répondu présent lors des grandes compétitions. Il assume parfaitement ce rôle de “joker” de l’équipe de France.
“Je pense que Pablo (Ayma) le sait. Il sait que sur ces moments-là, il peut compter sur moi. L’équipe de France, c’est ce qui m’anime le plus.”
Il se souvient notamment de sa participation aux derniers Championnats d’Europe :
“Je m’étais blessé au stage. Malgré tout, Pablo m’a fait confiance. J’ai été titulaire avec Johan Bergeron. On a failli battre l’Italie. On n’a pas été loin de gagner un match contre un joueur classé 50e mondial.”
“J’ai un style atypique, offensif. Pas le meilleur en défense, mais avec un bon joueur à mes côtés, je peux être très performant.”
Analyse des forces en présence pour les France
Selon lui, les grands favoris sont identifiés :
“Thomas Leygue et Bastien Blanqué sont clairement au-dessus. Derrière, attention à Benjamin Tison et Maxime Forcin.”
Il insiste sur Forcin :
“Je l’ai dit plusieurs fois, Max Forcin est sous-côté. Il n’a pas un projet 100% padel, donc on oublie souvent son niveau. Mais il a montré qu’il peut être très bon sur la piste.”
“Avec Benjamin, ça fonctionne bien. Ils ont gagné le P2000 sans trop de difficultés. Je les place en paire numéro 2.”
Il évoque aussi Dylan Guichard et Manuel Vives, en espérant un retour de blessure de Vives. La concurrence est telle que selon lui, il n’a jamais été aussi difficile de sortir une liste de favoris.
Benjamin Tison en bleu ? “Je le prendrais”
Maigret est clair : s’il était sélectionneur, Tison ferait partie du groupe.
“Il a une expérience unique. Et il joue encore très bien. Il peut se transcender dans ce genre d’événements.”
Il souligne également que beaucoup de joueurs peuvent occuper le poste à gauche, rendant la sélection plus flexible.
“Joe (Bergeron) joue très bien à gauche. Thomas (Leygue) aussi. Moi, je serais sélectionneur, je prendrais cinq droitiers.”
Matériel : une raquette Curva adaptée aux conditions rapides
Interrogé sur la raquette qu’il tient entre les mains, Adrien est catégorique :
“C’est ma raquette depuis plusieurs mois. Mais en été, les conditions sont plus rapides, surtout avec les balles Wilson qu’on utilise en P2000. Elles sont très vives, presque comme des balles de tennis.”
“J’utilise la Curva Soft pour avoir plus de contrôle. Une raquette trop puissante, ça peut me desservir.”
Et forcément on pense à Miguel Lamperti, qui change de raquette selon les conditions :
“Beaucoup de joueurs font ça, même s’il n’y a que lui qui l’a vraiment communiqué.”
Une critique lucide des conditions extrêmes sur le circuit
Adrien Maigret ne cache pas sa frustration face aux tournois joués dans des conditions trop rapides, comme à Santiago, à 1000 mètres d’altitude :
“Ce n’est pas du padel. C’est un autre sport. C’est trop rapide. Le premier qui tape a gagné.”
Il déplore que le spectacle en pâtisse :
“Pour le public, ce n’est pas représentatif. On ne voit plus de viboras, de bandejas. On voit des smashs. Ça donne une fausse image du padel.”
Il appelle à une meilleure régulation :
“Il faut adapter les balles aux conditions. C’est comme au World Padel Tour à l’époque, avec les catégories Pro et Pro S.”
Il évoque le tournoi de Miami, comme un bon exemple :
“C’était parfait. On a vu tous les coups. Chingotto a pu briller, Galán aussi. Il faut préserver cette richesse.”
Enfin, il souligne que les femmes offrent souvent un jeu plus lisible pour les amateurs :
“Les débutants aiment regarder les femmes car il y a plus de variations. Les échanges sont plus accessibles. Chez les hommes, ça devient trop physique, trop rapide.”
Adrien Maigret, joueur engagé, observateur aiguisé, n’a rien perdu de sa motivation. En quête d’un partenaire, il prépare ses échéances avec sérieux et lucidité. Reste à savoir si le sélectionneur Pablo Ayma lui renouvellera sa confiance… et si la flamme tricolore brillera encore une fois à ses côtés sur les grandes compétitions internationales.

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.