Opposés à la tête de série numéro 1, Jose Antonio Diestro et Juanlu Esbri, deux membres du top 30 mondial, Benjamin Tison et Max Forcin ont livré un match intense, avant de s’incliner en trois sets (6/7 6/4 6/2) au FIP Silver de Narbonne. Malgré la défaite, le duo français a impressionné. Retour à chaud sur leur performance et sur l’état d’esprit qui les anime.
“On a montré qu’on pouvait rivaliser”
Benjamin Tison ne cache pas sa satisfaction malgré la défaite. Le Français, qui n’a plus la compétition comme priorité, a tenu son rang face à deux des meilleurs joueurs du monde.
Benjamin Tison :
« Je suis fier d’avoir pu lutter à ce niveau-là. Il faut remettre les choses dans leur contexte : ici, on ne peut pas sortir la balle. Les conditions nivellent le jeu. On a été très bons, je ne veux pas nous enlever de mérite, mais ces conditions nous ont permis d’y croire. On a eu l’opportunité de gagner. Maxime a tapé très fort derrière la ligne, ils ne pouvaient pas le lobber. »
Il poursuit :
« Maxime Forcin a fait un match monstrueux. Je pense qu’à un moment, il était même plus fort qu’eux. On a eu trois occasions qu’on ne concrétise pas, ensuite ils ont été plus solides. Moi, j’ai connu une grosse baisse physique, je n’avais pas joué depuis Bordeaux. »
L’ancien numéro 1 français l’avoue sans détour :
« Aujourd’hui, jouer n’est plus ma priorité. Je bosse 7-8 heures par jour avec Yvan, Timo, et les autres. Mais j’avais dit à Max que je donnerais tout. Et je me suis battu comme un chien. »
“Ils ont eu peur, vraiment peur”
Face à Diestro / Esbri, la paire tricolore a clairement fait douter ses adversaires. Et même suscité du respect.
Tison :
« Pendant un set et demi, je pense qu’ils ont vraiment eu peur de nous. Ils nous ont pris au sérieux. Avant le match, je les ai vus à l’échauffement, concentrés. Juanlu m’a même dit après : “Reprends, reprends.” C’est drôle, car je sais que je ne reprendrai pas. Mais ça fait toujours plaisir quand des joueurs comme eux te disent ça. »
Max Forcin, lui aussi, retient le plaisir de ce match référence.
Max Forcin :
« J’ai pris énormément de plaisir. Comme l’a dit Ben, s’il y a eu une baisse physique, c’est bon signe. Ça veut dire qu’on les a accrochés. Si on mène 2/0 dans le deuxième, ils doutent encore plus. On avait une tactique bien précise, qu’on a tenue pendant presque deux sets. »
Mais il souligne aussi la différence sur les moments clés :
« Quand ils ont commencé à mieux jouer, on a senti leur solidité. Ils sont très forts sur les points importants. »
“Max a montré qu’il méritait encore plus”
Benjamin Tison ne tarit pas d’éloges sur son coéquipier. Et laisse entendre qu’il mérite une place en équipe de France.
Tison :
« Max aurait été le premier joueur de FIP français à battre une tête de série du top 30 mondial. J’y ai cru à un moment. Ce sera pour une prochaine fois. On refera un tournoi ensemble en août, et j’espère qu’il aura une récompense : soit une sélection à Roland, soit en équipe de France. Il mérite au vu de l’année qu’il fait. »
Un binôme complice, au-delà du padel
Forcin revient sur leur collaboration :
Forcin :
« Ça se passe super bien. On a le même projet. On bosse à côté, on n’a pas toujours le temps de s’entraîner. Moi, je fais du physique dès que je peux, car c’est la base dans mon jeu. Ben, lui, a une telle main, un tel feeling, qu’il peut compenser autrement. »
Tison enchaîne avec franchise sur son niveau actuel :
Tison :
« Je suis un peu moins bon qu’avant, c’est certain. Mais Pablo Ayma (le sélectionneur de l’équipe de France) m’a dit à Bordeaux que j’étais aussi bon qu’avant. Il trouvait que j’avais progressé dans le jeu vers l’avant, dans la lecture. Avant, j’étais 57e mondial. Là, je pense que je joue à un niveau entre 100 et 120. »
Sur ses sensations :
« En termes de coups, je suis bien. Par contre, sur les transitions, les petits revers qui restent dans la bande, ça se joue à rien. Il me manque du rythme, des matchs. »
Et une promesse faite à ses élèves :
Tison :
« J’ai dit à Yoan et Timéo que si j’étais sélectionné en équipe de France, je ferais les trois semaines de préparation avec eux. En physique, en nutrition, en tout. »
“Aujourd’hui, je joue pour le plaisir”
Tison est clair : pas question de redevenir joueur à plein temps.
Tison :
« Si je suis repris en équipe de France, et que des gens estiment que je le mérite, j’irai. J’ai été 6 ans numéro 1, j’ai été 57e mondial, j’ai été qualifié directement dans des tableaux finaux. Mais je ne repartirai pas sur une saison entière comme Jo (Johan Bergeron) ou Bastien (Blanqué). Ce n’est plus mon projet. »
Et il conclut :
« Aujourd’hui, je veux juste être heureux. Profiter d’un tournoi avec Max, boire une bière après une victoire ou une défaite. Être bien entouré. C’est ça ma vie maintenant. »
Max Forcin : un ticket pour l’équipe de France ?
Interrogé sur une éventuelle sélection en équipe de France, Tison est prudent mais confiant :
Tison :
« Gagner un ticket, ce n’est pas moi qui décide. Ce qui est sûr, c’est qu’en jouant comme il l’a fait, Max marque des points. Il faut respecter aussi les jeunes qui arrivent. Mais avec les résultats qu’il enchaîne, il mérite une place. Pas sur un match. Mais sur l’ensemble de la saison, oui. »
Forcin, lui, garde le cap :
Forcin :
« Je reste détaché de tout ça. Je fais mon travail, je donne mes cours, je prends du plaisir. Si ça ne me procure plus rien, j’arrêterai les tournois. Mais pour l’instant, c’est que du bonheur. »

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.