Le confinement a été un chemin de croix pour l’Argentine. Avec plus de 200 jours d’isolement forcé, la nation albiceleste avait besoin de se défouler et de se remettre au sport. C’est une des raisons pour lesquelles le padel connaît un boom dans sa pratique depuis plusieurs semaines.

Un boom suscité par la pandémie

L’Argentine, ce sont 2 millions de pratiquants, 2600 clubs et 4900 courts d’après les chiffres avancés par Lisandro Borges, président de l’Association Argentine de Padel (APA) et organisateur du Buenos Aires Padel Tour. La présence de Fernando Belasteguín ou Sanyo Gutierrez, superstars de la discipline, au sommet de la hiérarchie du World Padel Tour depuis de très nombreuses années, est également un puissant catalyseur pour attirer de nouveaux joueurs. Sans parler des jeunes ultra spectaculaires : Tapia, Tello, Chingotto, Stupaczuk…

Le padel bénéficie en Argentine, comme partout ailleurs, de son côté ludique et facile d’accès. “Dans les années 90, le padel était en pleine croissance. Puis il a disparu car il est entré dans une guerre féroce avec le tennis”, explique Lisandro Borges au site infobae.com. Mais le padel est beaucoup plus inclusif car quatre personnes peuvent jouer à des niveaux différents tout en se faisant plaisir, ce qui n’est pas le cas au tennis qui requiert une plus grande technique. Cela conduit à une croissance exponentielle, non seulement en Argentine mais dans le monde entier”.

Une modernisation de l’offre

Pour conserver tous les nouveaux adeptes, les structures argentines doivent se moderniser. En effet, sur les 4900 courts que compte le pays, seulement 10% ont un revêtement en moquette et 5% des vitres. Autrement dit, 85% des pistes sont en béton. Il est donc impératif de moderniser l’offre, non seulement pour pérenniser cette nouvelle base de pratiquants, mais aussi pour les prévenir des blessures aux genoux et aux chevilles. C’est un effet boule de neige : quand un club investit, il devient plus attractif, ce qui pousse les concurrents à s’équiper à leur tour. Par conséquent, le niveau augmente.

Académie padel Severino Iezzi Mar Del Plata

De la faillite à afficher complet

Le padel fait donc le plein et, finalement, de nombreux complexes au bord de la faillite début 2020 sont désormais au centre de la pratique sportive en Argentine. “Depuis septembre, nous avons vécu un moment comme celui des années 90, constate Guillermo García Berro, propriétaire du club Pasaje del Sol à Buenos Aires et premier propriétaire à avoir proposé des courts gazonnés en 2012. Dans les mois qui ont suivi la réouverture suite à une autorisation de la ville, nous avons pu nous ressaisir”.

Et dans la mesure où le padel respecte les gestes barrières, la distanciation sociale et qu’il permet de retrouver de la sociabilité avec des matches en double, l’instant est quasiment historique : “Les gens viennent jouer de 17h à minuit et il y a aussi beaucoup de compétition le week-end”. Propriétaire du club de padel World Padel Center, Félix Orsatti estime que les joueurs de football se sont reportés sur le padel car “c’est un sport avec peu de participants, ce qui est plus prudent. Vous pouvez rester dans une bulle plus petite”.

Pénurie de matériel

Avec cette modernisation de l’offre, c’est tout le business du padel qui repart en flèche. Guillermo García Berro l’assure, la possibilité de suivre les exploits des joueurs en streaming, notamment via YouTube, a boosté les ventes : “Auparavant, les gens venaient jouer avec n’importe quelle pala, avec n’importe quelles chaussures. Aujourd’hui, c’est avec des raquettes top niveau, des chaussures spécifiques. Ils les achètent tous, ceux qui jouent bien comme ceux qui débutent”.

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Propriétaire du magasin Tenis Hollywood, Gustavo Olivera constate une fièvre acheteuse chez des pratiquants très longtemps privés de sport : “Cela fait partie du boom actuel. Avant c’était déjà agréable de jouer, maintenant ça l’est encore plus. Cela ne se passe pas comme au tennis où 85% des joueurs amateurs veulent la raquette professionnelle. Dans la padel, il n’y en a pas tellement. Vous pouvez avoir 50% de joueurs qui achètent pour le prix et la qualité et 50% qui n’achètent que du haut de gamme car c’est ce que le joueur professionnel utilise”.

Bilan : les ventes ont doublé depuis un an. “Il y a une crise des produits pour toutes les marques, appuie Guillermo García Berro. Il y a peu de palas. Les usines argentines ne peuvent pas faire face à la production et les boutiques spécialisées n’ont pas de stock. C’est dû à la demande générale”. De quoi surfer sur la vague encore de nombreux mois et assurer la pérennité de la pratique en Argentine !

François Miguel Boudet Journaliste padel sport

Je suis un Journaliste sportif installé à Barcelone et forcément un mordu de padel.

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