Jimena González Galiño est la coach de la sélection féminine allemande de padel. Iñaki Loredo de Padel Stuff l’a rencontrée pour Padel Magazine lors des Championnats d’Europe de la FEPA 2021.
Une croissance exponentielle à prévoir en Allemagne ?
Iñaki Loredo : Tout d’abord, peux-tu nous en dire plus concernant ton rôle de sélectionneur national ? Où en est l’équipe féminine allemande ?
Jimena González : Au moins de juin, au Championnat d’Europe de la FIP, à Marbella, nous avons réussi pour la première fois à qualifier une équipe féminine pour les Championnats du Monde du Qatar qui auront lieu en novembre.
Cette année, c’est la première fois que nous avons pu réaliser la “Bundesliga de padel”, qui se joue à niveau régional pendant toute l’année et dont les finales se célèbrent actuellement à Leipzig. Je m’occupe aussi d’inviter des joueurs de la Bundesliga de tennis afin qu’ils puissent tester le padel.
I.L : Peux-tu nous parler un peu de la situation actuelle du padel en Allemagne ?
J.G: Cela fait 7 ou 8 ans que le padel a débuté en Allemagne, avec deux fédérations mais aucune des deux n’était officielle. Cela a retardé un peu le développement. Aujourd’hui il n’y en a plus qu’une, ce qui fait que toutes les initiatives relatives au padel ont plus de poids.
La fédération de tennis n’a pas trop aidé au début car elle ne pouvait pas s’approprier réellement ce sport. Il y avait déjà une fédération de padel qui faisait la promotion de notre sport en tant que discipline propre, pas d’un dérivé du tennis comme ce peut être dans d’autres endroits.
L’avantage de ce début un peu lent, c’est que cela a permis de créer des bases solides, ce qui fait que l’on peut prévoir une croissance exponentielle du padel à moyen terme en Allemagne.
Environ 110 pistes dans le pays
I.L : Combien de pistes y-a-t-il dans tout le pays ?
J.G : On compte aujourd’hui environ 110 pistes dans tous les pays, et 50 autres qui sont en projet à l’heure où on parle. Les plus grands clubs, avec 4 ou 5 pistes, sont à Leizig, Cologne et Dortmund.
Le frein à la croissance aujourd’hui est clairement le prix des terrains et des hangars. Mais la bonne chose c’est que les petits clubs de tennis disposent déjà d’espace et d’aides régionales pour la construction de pistes. Depuis un an, l’État et les régions offrent des aides d’environ 30% du prix des pistes pour les clubs qui veulent en construire.
I.L : Que manque-t-il à l’Allemagne pour arriver au niveau d’un pays comme la Suède ?
J.G. : Clairement de gros investissements économiques, comme on pu faire Ibrahimovic ou Björkman. Ils ont investi dans de gros projets avec des installations impressionnantes.
Les marques sont déjà très intéressées pour rentrer sur notre marché mais il manque des lieux pour permettre d’augmenter la pratique.
Un manque d’entraîneurs
Par exemple, dans notre club, le Padel TC Pleidelsheim Stuttgart, nous sommes passé de 150 membres à 200 en un an, seulement en installant une piste de padel. Nous avons donc dû en monter une deuxième et aujourd’hui nous avons près de 300 membres. Cela est également bénéfique également pour le tennis. Aujourd’hui on peut affirmer que la formule padel+tennis, c’est clairement du gagnant-gagnant.
I.L : Et en termes d’entraîneurs ?
J.G. : Le padel étant un sport nouveau, nous avons besoin de gens qui puissent enseigner ce sport et pour cela nous manquons grandement d’entraîneurs.
A plus haut niveau, nous bénéficions de l’aide de Juan Alday qui est l’entraîneur de l’équipe nationale.
Nous formons en ce moment des entraîneurs allemands, principalement pour les enfants. Pour les adultes c’est souvent suffisant de parler anglais mais pour que la base soit bien solide, il faut des personnes qui parlent couramment allemand pour enseigner aux enfants.
I.G : Quelle serait la clé pour que le padel se développe plus vite ?
J.G. : Développer le padel féminin, le padel pour les enfants, et disposer de clubs plus grands. Il faut chercher des investisseurs pour créer des clubs plus grands pour donner plus de cours, faire plus de tournois, d’évènements, d’activités sociales. Clairement des clubs de plus de quatre ou cinq pistes et pas toujours des clubs d’une ou deux pistes comme c’est le cas actuellement.
Le padel moins élitiste que le tennis ?
I.L : Les Allemands voient-ils le padel comme un sport élitiste ?
J.G : Ils le voient comme un sport beaucoup moins élitiste que le tennis, car il revient moins cher et sa courbe d’apprentissage est beaucoup plus rapide. Au tennis, moins de gens peuvent se permettre les dépenses liées aux entraînements, aux tournois.
Au padel, les dépenses se divisent en quatre, on progresse plus vite, on a moins de déplacements à faire sur le court donc c’est finalement plus accessible à tous les niveaux !
I.L : Que ferais-tu aujourd’hui si le budget n’était pas un problème ?
J.G : La première chose serait de construire un grand club, avec 8 pistes ou plus, dans une ville importante. Dans mon cas ce serait à Stuttgart. Je mettrais 4 pistes indoor et 4 pistes outdoor car les Allemands aiment profiter à l’extérieur dès qu’il y a du soleil.
Et dans ce club, j’organiserais tous types d’évènements liés au padel comme des exhibitions, des tournois, je ferais venir de nombreux entraîneurs pour que les gens puissent voir différentes méthodologies, différentes visions de ce sport !
Iñaki est l’un des fondateurs de Padel Stuff, une agence dédiée aux stages de padel en Europe. L’amoureux de padel nous permet de découvrir ou de mieux connaître certaines facettes du padel européens.