Fernando Belasteguin porte la voix du padel et de ses athlètes. Padel Magazine s’entretient avec la légende vivante depuis le Foro Italico, et l’Italy Major de Premier Padel.
Roland-Garros, c’était mon rêve
Lorenzo Lecci López : Qu’est-ce que cela fait de jouer dans le Foro Italico, cet endroit emblématique ?
Fernando Belasteguin :“C’est super. Je pense que maintenant c’est le début d’un rêve qui nous vivons éveillés. Venir jouer dans un endroit si emblématique du sport mondial, c’est génial. C’est le début de quelque chose de très grand pour notre sport.
Lorenzo Lecci López : Après ça, ce sera Roland-Garros. Si on te l’avait dit il y a 3 ans, il y a 20 ans, qu’aurais-tu pensé ?
Fernando Belasteguin :“J’en parlais justement avec Iñaki Cabrera de Wilson l’autre jour. Nous étions allés à Roland-Garros en 2020, et quand nous sommes entrés dans l’enceinte de Roland-Garros, je lui ai dit : “Mon rêve c’est qu’un tournoi de padel se joue ici”. Pas que moi je le joue, mais simplement pouvoir voir du padel dans le Philippe-Chatrier. Deux ans plus tard nous allons jouer, c’est incroyable !”
Objectif 2 ans et demi
Lorenzo Lecci López : Dans la dernière interview que nous avons faite, tu me disais que tu continuerais jusqu’à ce que tu sentes que tu n’es plus compétitif. Où mets-tu la limite ? Te battre pour le n°1 ? Pour gagner des titres ? Être compétitif dans le tableau ?
Fernando Belasteguin :“Me battre pour gagner des tournois. Je pense que j’ai encore la force, et c’est mon objectif, pour jouer deux ans et demi de plus. Je pense avoir la force. Au-delà de la force physique je parle du mental. J’ai toujours pris soin de moi, mais à cet âge-là je dois le faire au maximum pour pouvoir être compétitif. Je pense avoir cette force mentale pour 2 ans et demi de plus à un bon niveau. J’espère pouvoir le réaliser, car une blessure et ça peut être la fin.”
Le sport professionnel n’est pas une coopérative
Lorenzo Lecci López : J’ai parlé avec des joueurs habitués aux previas de WPT qui jouent ici le tableau principal. Ils me disent qu’ils vont dépenser ce qu’ils gagnent ici dans leur prochain voyage pour jouer un WPT. Penses-tu que c’est encore positif pour ces athlètes professionnels de jouer le WPT ?
Fernando Belasteguin :“Ce sont des étapes que connaît le sport professionnel. Nous avons accepté un compromis avec les prize-money il y a plusieurs années, et nous devons le respecter, en étant conscients que pour beaucoup cela coûte de l’argent. Espérons que cela change rapidement. Avec ces tournois, cela commence à changer. Je pense que cela va encore beaucoup changer dans le futur. Le joueur ne doit pas perdre de l’argent, il faut au moins qu’il puisse couvrir les charges des voyages et des entraînements.”
“Il faut que de plus en plus de sources de revenus arrivent pour le joueur, car cela se reflètera par le spectacle sportif. Plus les joueurs s’entraînent, plus ils peuvent couvrir leur charges, plus le sport grandira car le spectacle sera meilleur.”
Lorenzo Lecci López : Premier Padel vient de commencer, mais si l’on se projette dans 2/3 ans, penses-tu que ce sera possible pour des jeunes Argentins de venir jouer le circuit professionnel sans prendre trop de risques ? S’ils perdent, que ce ne soit pas un drame et qu’ils puissent continuer sans avoir à retourner en Argentine.
Fernando Belasteguin :”Ce ne doit pas être comme ça. Tout le monde risque lorsqu’il prend la décision de devenir professionnel de quelque chose. Personne ne peut te garantir que cela marchera, c’est en gagnant des matchs que tu auras plus de sous.
Le sport professionnel, ce n’est pas une coopérative. Dans le tennis combien de joueurs investissent pour tenter d’être professionnels ? Ces gens-là ne perdent pas d’argent, ils investissent du temps et de l’argent. Si ça marche, c’est fantastique. Il ne faut pas qu’ils soient assurés de quelque chose, car ensuite il vont se relâcher, et sans efforts rien ne se passe.”
Le WPT a perdu son premier procès
Lorenzo Lecci López : Le World Padel Tour n’a pas gagné son procès contre Miguel Oliveira. Ce dernier n’aura pas à payer les sanctions du WPT. Il n’y a plus de vraie pression du WPT sur les joueurs.
Fernando Belasteguin :“Cette affaire de Miguel n’a rien à voir avec la nôtre, c’est différent. Je ne pense pas que ce sera un antécédent pour notre situation, et que le WPT arrêtera de nous menacer car ils ont perdu ce procès contre Miguel. Ce qui est vrai, c’est que le premier litige qu’ils ont eu, ils l’ont perdu.”
Lorenzo Lecci López : Un autre circuit, l’APT Padel Tour, fait de bonnes choses notamment avec les jeunes joueurs, ils ont fait un bel évènement à Séville. Penses-tu que la FIP devrait reconnaître ces évènements, car ils aident à la diffusion du sport ?
Fernando Belasteguin :“C’est toujours bon que des circuits aident à développer les joueurs. C’est une caractéristique de Fabrice Pastor depuis de nombreuses années, à sa manière, il a toujours aidé les jeunes joueurs. Je me souviens de la Pastor Cup à Buenos Aires, il a aidé Stupa et Di Nenno, Chingotto/Tello, Tapia/Soliverez pour qu’ils viennent jouer en Europe. C’est bon que les jeunes aient la possibilité de voyager.”
“Ensuite, de là à ce qu’une fédération internationale le reconnaisse, je ne sais pas quelles sont les conditions requises. Mais que cela soit reconnu ou non, je soutiens toujours les initiatives qui aident le padel, qui que ce soit, quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise. Il faut applaudir et aller de l’avant.”
À ses noms, nous devinons ses origines espagnoles et italiennes. Lorenzo est un polyglotte passionné de sport : le journalisme par vocation et l’événementiel par adoration sont ses deux jambes. Il est le monsieur international de Padel Magazine. Vous le verrez souvent sur les différentes compétitions internationales, mais aussi sur les grands évènements français. @eyeofpadel sur Instagram pour voir ses meilleures photos de padel !