Une différence majeure entre le tennis et le padel, c’est le nombre et la variété de smashs que l’on peut frapper dans ce dernier sport. Au tennis, il est très possible de jouer un match entier sans avoir aucun smash à jouer. C’est le cas pour des joueurs de fond de court ne montant jamais ou presque à la volée ; c’est aussi le cas quand l’adversaire privilégie le passing-shot au détriment du lob. Au padel, un match sans lob ni smash n’existe pas !
Côté variété, il faut bien constater une certaine pauvreté dans les smashs que l’on voit au tennis. La plupart du temps, le tennisman frappe à plat, le plus fort possible, pour prendre de vitesse son adversaire ou même le lober si l’angle est suffisant. Dans certains cas, on cherchera un effet slicé : la frappe sera alors moins lourde mais l’effet fuyant enverra idéalement la balle hors de portée de l’adversaire. Quelquefois, le smasheur cherchera à donner un effet lifté à sa balle pour qu’elle gicle vers l’extérieur du court, sur le revers adverse si ce sont deux droitiers ou deux gauchers qui s’affrontent.
On peut ajouter un quatrième type de smash au tennis, popularisé par l’Américain Jimmy Connors : le bras roulé. Ce smash, joué derrière soi et bras tendu, permet de compenser un placement trop avancé et de ne pas avoir à reculer pour jouer la balle après le rebond.
Un petit dernier ? Parce qu’on aime bien Yannick Noah et Gaël Monfils, évoquons encore le smash sauté, frappé généralement à plat, après une impulsion sur les jambes.
Que la force soit avec le smasheur
Passons à présent au padel, dont on va voir qu’il est, en matière de smash, le parent riche du tennis.
► Le smash en force : ce coup tout en puissance a pour objectif de prendre vos adversaires de vitesse. Le frappeur fait en sorte que sa balle tape le sol puis la vitre et revienne très vite et/ou très haut vers son camp. Les défenseurs peuvent essayer de bloquer la balle juste après le rebond ou de la laisser taper la vitre et de la jouer ensuite, près du filet, à leurs risques et périls…
► Le par 4 : si le smasheur est très proche du filet, il peut tenter de casser le poignet pour que la balle franchisse le mur du fond, d’une hauteur de 4 mètres. Cela s’appelle un “par 4” ou “por 4” en espagnol. Le point est terminé dès que balle arrive à l’aplomb de ce mur du fond ; si le smasheur touche le filet avant cela, il perd le point…
► Le par 3 : quand un smash tape la vitre du fond et que la balle sort du terrain en franchissant une des parois latérales de 3 mètres, cela s’appelle un par 3 (“por 3” en espagnol). Cela suppose que le frappeur vise au bon endroit, donne un angle important à sa balle ou un effet lifté qui dévie la trajectoire vers l’extérieur. Les défenseurs sont autorisés à sortir du terrain par la porte et à remettre la balle en jeu. Encore faut-il anticiper et être véloce…
Plateau, vipère, crochet…
► La bandeja : ce coup, également appelé “smash plateau”, est très spécifique au padel. Bandeja signifie donc “plateau” en espagnol, en référence à celui que les serveurs de cafés portent au-dessus de l’épaule, main à plat. Au padel, on tentera de reproduire ce mouvement en inclinant sa raquette vers le ciel pour obtenir un effet coupé. Pour ce faire, il faut frapper la balle devant soi, sur le côté du corps, à hauteur du regard. L’objectif de ce coup, frappé loin du filet, est de reconquérir ce dernier.
► La vibora : de l’espagnol “vipère”, cet autre smash spécifique du padel est une version plus agressive et violente de la bandeja. On le frappe également au niveau des yeux, sur le côté, avec un effet slicé très prononcé. Généralement, on est moins loin que pour frapper une bandeja et on vise en diagonale, le plus près possible du coin. Comme pour la bandeja, la vibora rebondit le moins possible.
► Le gancho : ce mot signifie “crochet” et désigne une sorte de bandeja frappée au-dessus de la tête, sans donner de vitesse. On se sert de ce smash quand un lob arrive sur le côté gauche du smasheur droitier (et droit pour un gaucher). Faute de temps pour se décaler, on ne laisse pas la balle descendre. Ce coup est frappé à plat, car dans cette position il est difficile d’incliner son tamis et de donner un effet.
Stupa et Paquito au bout du rulo
► Le rulo est un smashé lifté, frappé derrière la tête, en direction de la grille, avec une trajectoire bombée. Plus il rebondit près de la grille, plus il est efficace. Le grand spécialiste actuel du rulo est Franco Stupaczuk, mais Paquito n’est pas manchot non plus en rulo, aussi nommé “smash a la verja”.
► La feinte de frappe : il s’agit de laisser croire qu’on va frapper très fort. L’objectif est d’attirer les défenseurs vers l’avant et de glisser une petite balle lente qui viendra mourir près de la vitre du fond. Frustration garantie pour les victimes de ce coup, dont Stupa est également un expert…
► Le bras roulé : comme au tennis, il s’agit de faire un smash bras tendu pour revenir vers le filet. Au padel, mieux vaut de ne pas taper trop fort pour éviter la punition. On voit souvent Fernando Belasteguin frapper de tels coups.
► Le smash en suspension : on termine avec ce “remate” sauté très spectaculaire quand il est réussi. Le joueur saute le plus haut possible pour smasher en force, avec un angle incroyable, qui permet soit de trouver le par 4 directement, soit d’obtenir une balle qui rebondit très haut après la vitre et revient dans le camp du frappeur. Les experts en la matière se nomment Stupaczuk (encore lui), Tello, Garrido ou Coello.
■ Victoire écrasante du padel.- A présent, c’est l’heure de faire les comptes : en raclant les fonds de tiroirs, on a déniché cinq sortes de smashes au tennis ; au padel, on arrive à dix les doigts dans le nez ! Et on peut y ajouter le smash de revers, très répandu à haut niveau en contre-attaque alors qu’il est très rare au tennis.
Et vous, vous pratiquez d’autres sortes de smashs ? Si oui, racontez-nous !
Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.