Arthur Hugounenq, 22 ans, est rentré dans le top 50 français alors qu’il joue au padel depuis à peine plus d’un an. Ce gaucher de 1,82 m, réputé puissant, a décidé de préféré le padel au tennis et rêve d’un avenir professionnel. Ancien -4/6 en tennis, il est licencié au Tennis padel club de Palavas, un club très dynamique en matière de padel.

« Mes adversaires râlaient dans les P500 »

Padel Magazine : Entre le tennis et le padel, as-tu choisi ?

« Même si je suis prof de tennis, je donne la priorité au padel, je ne joue presque plus au tennis. Dans mon club de Palavas, on va essayer de monter une équipe de padel de bon niveau pour jouer en N1 l’année prochaine. J’ai commencé réellement à jouer au padel au début de l’année 2022. Au début, j’étais assimilé 1500e, mais on m’a rapidement corrigé à 600 car mes adversaires râlaient dans les P500 que je faisais… Ensuite, j’ai commencé à avoir des résultats corrects, les choses se sont enchaînées et me voilà 49e, donc je suis trop content.

Arthur Hugounenq défense

« J’ai adoré ça »

C’est vrai que je viens du tennis. Mon meilleur classement était -4/6 et il me manquait dix points pour être à -15 avant le Covid. Je jouais des tournois Futur et quelques Challengers, j’avais dans l’idée de devenir pro. Mais la reprise après le Covid n’a pas été facile, que ce soit en termes financiers ou même mentalement, il aurait fallu repartir à l’étranger, c’était compliqué.

C’est un peu à ce moment-là que j’ai découvert le padel près de chez moi à Beaucaire (Gard), avec des amis. J’ai adoré ça. Après, je suis arrivé à Montpelier, j’ai commencé à faire quelques parties au niveau 6 ou  7. J’ai sympathisé avec pas mal de gens, mais au niveau du jeu, je m’ennuyais un peu, mes partenaires ne comprenaient pas trop pourquoi je jouais à ce niveau. En faisant des tournois, j’ai pu faire des rencontres, sympathiser et faire des parties de plus en plus intéressantes avec les bons joueurs du sud. »

Quelles sont tes ambitions pour la suite ?

« J’ai prévu de faire quelques tournois avec Simon Boissé (ex-n°4 et actuel 63e français, à 40 ans), qui est une légende : je l’appelle “le maestro”. On a déjà joué ensemble cette année le P2000 de Bordeaux, en se classant 7e pour notre premier tournoi. Au quotidien, je m’entraîne avec Yannick Maurel trois fois par semaine. C’est bien, mais j’ai envie d’en faire plus. Je n’aime pas faire les choses à moitié, donc j’ai vraiment envie d’aller vers quelque chose de professionnel. »

« Je réfléchis à l’idée d’aller en Espagne »

« Le problème que je commence à avoir est qu’il faut se déplacer parfois loin pour faire des tournois qui rapportent des points. C’est comme au tennis, qui a coûté beaucoup d’argent à mes parents quand j’étais plus jeune. Je travaille mais c’est compliqué et ça coûte cher de partir tous les week-ends en tournoi. Je suis donc à la recherche de sponsors pour financer les déplacements et l’hébergement. Je vais avoir du matériel Adidas, mais il me manque des sponsors pour floquer les vêtements. Ça me permettrait d’aller vers quelque chose de plus professionnel. Je suis aussi en train de réfléchir à l’idée d’aller en Espagne pour m’y entraîner un certain nombre de semaines dans l’année. Et pourquoi pas à terme partir à Barcelone ou Madrid… »

Est-ce qu’un gaucher puissant comme toi est courtisé par les joueurs de gauche du circuit français ?

« A vrai dire pas tant que ça, je suis encore nouveau dans le milieu, j’arrive sur les tournois, je ne connais pas grand monde, je n’ai pas eu trop l’occasion de parler avec les joueurs du top 20 français. Mais j’espère qu’en faisant de bons résultats, cela va arriver de plus en plus. On me verra de plus en plus jouer et si mon jeu intéresse de bons joueurs, j’espère qu’ils me contacteront. »

Ses points forts : volée et smash

Quels sont tes points forts dans le jeu ?

« Je dirais que c’est tout ce qui est en rapport avec le filet : la volée et les smashs. Au tennis déjà on disait que j’étais adroit et je crois que c’est aussi le cas au padel. Mon jeu en direct est pas mal et après les vitres, même si j’ai déjà beaucoup progressé, il faut encore que je progresse par rapport à des Espagnols qui défendent très bien. Je pense avoir encore de la marge de progression sur tous les coups spécifiques au padel, style bandeja ou vibora. Je suis conscient que j’ai encore plein de choses à apprendre. Je ne m’arrête évidemment pas au classement français : si mon objectif est de jouer à l’international, je ne peux pas m’arrêter à la 49e place française, même si c’est un beau classement. »

T’entraînes-tu également au niveau physique ?

« Pour l’instant, je m’entraîne tout seul en faisant des séances, mais mon objectif c’est d’avoir le plus rapidement possible des fonds pour financer des entraînements physiques. Car je n’ai pas les moyens pour l’instant de payer à la fois des entraînements padel et physique. L’idée est de pouvoir m’entraîner quatre fois physiquement par semaine environ, car j’ai un super entraîneur avec qui on bosse très bien. Je suis vraiment à fond dans mon projet autour du padel et je n’ai qu’une seule hâte, c’est d’avoir les fonds et le sponsoring qui me permettront de le mener à bien. »

« Des tournois incroyables »

Quel est ton programme de compétitions cette année ?

« Du côté des compétitions, mon objectif cette saison est de performer sur les gros tournois français, avant de peut-être aller jouer aussi à l’étranger. Je suis par exemple à la recherche d’un partenaire pour le FIP Rise de Bordeaux, en avril. Je vais aussi essayer de faire le FIP du Canet, où j’avais fait 8e l’an dernier. Ce sont de super expériences, des tournois incroyables avec une organisation de folie, un peu comme lors des P2000. J’ai besoin de faire des tournois de ce niveau, car j’en ai fait peu jusqu’à présent : une dizaine de P1000 et deux P2000. Beaucoup de ces gros tournois ont lieu dans le nord de la France, or je suis à Montpelier et c’est souvent compliqué. Je voudrais par exemple aller à Liévin, mais le train coûte 300 € et il faut trouver à se loger. »

Tu n’as pas encore accès à un jet privé ?

« Effectivement, ce serait une bonne solution (rires), mais il va falloir que je trouve de très très gros sponsors ! »

Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.