Au cours du séminaire national de StandUp, organisé par le Paris Volley, le nageur et champion Olympique Yannick Agnel est monté sur scène pour une interview exceptionnelle. Ce n’est pas du padel, mais vous le verrez, c’est inspirant.

En effet, pour réussir, il faut se battre, et parfois même sacrifier une partie de sa vie pour aller au bout. De nombreux joueurs de padel français sont allés vivre leur rêve en Espagne. Un rêve, mais aussi un énorme travail et parfois même un véritable pari. Ils ont fait partie des premiers étrangers (après les Argentins) à se lancer sur le World Padel Tour. Et pour être compétitif, pas le choix, il faut travailler dur. Bravo à eux.

Merci à 4EverSport, Livemotion et Offside pour la qualité du contenu et des images.

Le physique des nageurs

“Il y a différentes tailles en fonction des nages. Les nageurs de brasse sont plus petits. De la même manière que Usain Bolt par exemple qui mesure presque 1m95, les nageurs grandissent de génération en génération. Plus tu as un bras imposant, plus tu transportes de l’eau, et plus tu vas vite. “

“J’ai pris 10 kilos depuis la retraite sportive. En natation, ce qui est important, c’est le rapport poids-puissance. Il faut être comme les cyclistes : le plus léger possible et développer le plus de watts possibles dans l’eau. Pour 2m02, je faisais 86 kilos.”

“Je suis content de voir des volleyeurs de taille normale. Nous avons eu une génération de nageurs où on était tous aux alentours des 2 mètres.”

L’humilité d’un champion

Le double médaillé d’or Olympique a été questionné sur la réaction du public à ses performances. La réponse est géniale :

“Il y a un truc de dingue. Je n’ai pas l’impression que c’est moi sur les images. J’ai tellement grandit avec l’idée des JO comme quelque chose d’inaccessible.”

“C’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à un athlète d’arriver à inspirer les jeunes générations. Je ne sais pas si j’ai conscience de l’impact que l’on a pu avoir.”

L’entrainement est un investissement, pas un sacrifice

“Pour moi, pendant 10 ans, une grâce matinée, c’était se lever après 6h. Je ne voyais pas ça comme un sacrifice, c’est d’ailleurs une manière très française de voir la chose. Je voyais ça comme un investissement. Le fait de se lever et de vivre ça. Ce n’était pas tous les jours facile, mais je considérais que c’était un privilège de vivre ces moments-là. On était très peu dans le monde à vivre ça.”

“C’était 7 jours sur 7 avec 6 à 8 heures d’entrainement par jour. Mais quand tu commences à vivre ce genre de moments (grandes victoires), tu es prêt à faire n’importe quoi pour en vivre d’autres. Gravir la montagne, c’est assez compliqué, mais ce sont des moments uniques.

Les dispositions tactiques et mentales pour une course

“J’ai préféré garder de l’énergie lors des phases de qualifications, et laisser “les meilleures lignes” aux adversaires.”

“Lorsque le journaliste pose la fameuse question “à quoi pensiez-vous pendant la course ?” et l’athlète se retrouve toujours sans savoir vraiment quoi répondre. Ce n’est pas qu’on pense à rien, c’est parce qu’on est dans un état quasiment méditatif. On est tellement concentrés sur notre épreuve, et on l’a tellement déjà vécu à l’entrainement, que cette fois, on est juste en train de prendre du plaisir, et de mettre ce supplément d’âme. 

“Lorsque l’on est dans la chambre d’appel, il y a des milliers de personnes qui tapent des pieds, et ça donne cette impression d’être un gladiateur. C’est l’un des seuls trucs qui me manque vraiment.

La culture américaine

“La culture au bord du bassin. La première fois que je me suis entrainé avec celui qui était l’entraineur de Michael Phelps, je suis passé d’un milieu froid, à un cadre où il y avait la musique à fond et des mecs qui te crient “come on you can do it” lorsque tu es dans le bassin.”

“Là où l’on voit les choses différemment aux États-Unis, c’est au niveau du contrat. En France, les nageurs sont rétribués par le club. Là-bas, j’arrive, on pose le contrat, et je commence à le lire : je vois “Yannick doit 50 000 dollars par an à Bob Bowman”. Donc, je lui demande et il me dit : “l’entrainement, c’est un service que tu payes”.

“Ça a donc 3 effets immédiats. Le premier, c’est que tu n’es jamais en retard à l’entrainement, vu le prix de l’entrainement. Le deuxième, c’est que lui non plus, il n’a jamais été en retard à l’entrainement. Et le troisième, c’est que ça crée une certaine distance dans la relation qu’on entretenait tous les deux. Ça nous a permis d’avoir une relation plus de travail.”

“En France, on a souvent des entraineurs qui nous suivent depuis qu’on est jeunes, et si tu brises cette relation, tu as l’impression d’avoir fini ta carrière. Il y a beaucoup moins cet effet de vieux couple.” 

Sa retraite sportive

Le nîmois a pris sa retraite sportive à 23 ans, après les jeux Olympiques de Rio en 2016.

“Il y a deux sortes de retraites dans le sport de haut niveau. Moi, j’étais certain d’avoir envie d’arrêter, c’était une décision. Je me suis dis, je n’ai plus à faire en dehors du rôle d’athlète. Nous les nageurs, on se projette en olympiades, donc il fallait se projeter pour 4 ans supplémentaires. Pour être honnête, je suis content de ne pas l’avoir fait lorsque je vois la situation actuelle. Je pense que ce doit être très dur pour les sportifs, en particulier pour ceux qui doivent repousser leur retraite.”

“La deuxième catégorie d’athlètes, ce sont ceux qui sont obligés de s’arrêter pour diverses raisons, souvent des blessures. Ils ont pendant des années cette petite voix qui leur dit “si je ne m’étais pas blessé…”. Et ça, c’est vachement difficile. Maintenant, j’habite à Paris, j’ai fait l’université Dauphine, et je me sens bien.”

Le e-sport

Yannick Agnel est devenu directeur sportif d’un club de e-sport.

“L’idée, c’était d’associer le meilleur de l’expertise du sport à l’e-sport, et d’encadrer ces joueurs comme de véritables athlètes de haut-niveau. Je ne suis pas un expert dans le monde des jeux vidéo, mais par contre, on encadre sur tous les détails qui font la performance en dehors : préparation physique, suivi nutritionnel, médical, psychologique, sur la récupération…”

L’émotion, elle est exactement la même que dans le sport. Je pense qu’elle est même décuplée. Je ne gère pas la performance, car ce sont eux qui sont en compétition, donc je stresse beaucoup plus. Je ne pourrai jamais faire entraineur de haut-niveau, car je mourrai d’une crise cardiaque. Je préfère être en maitrise.”

La gestion de la carrière

“Les échecs ne sont jamais évidents, mais c’est là que l’on apprend le plus. En ce qui concerne le monde de la nuit. Lorsque vous êtes jeunes et que vous avez des corps d’Aphrodite ou d’Adonis, et que vous êtes mis sous pression avec seulement quelques moments dans l’année pour faire la fête, et bien, vous y allez à fond. Moi ça n’a jamais été particulièrement mon univers.”

“Ce qui a été le plus difficile, ça a été de retrouver du sens lorsque j’ai arrêté ma carrière. De trouver ce qu’au fond de moi j’avais envie de donner aux gens. En tant que sportifs, on est des passeurs d’émotion, aujourd’hui j’ai envie d’être un passeur de sens. 

“On parle souvent de management. Ce qui marche bien, en cette époque digitalisée, c’est d’aller manager avec les pieds. Ce que vous envoyez par email, si vous pouvez prendre le temps de le dire à la personne en visuel, et vraiment échanger quelque chose au niveau émotionnel, c’est important, faites-le.”

Yannick Agnel est bien plus que le nageur qu’il a été. Ses réflexions profondes sont très inspirantes et peuvent être appliquées au monde du padel, et à la vie de manière plus large.

À ses noms, nous devinons ses origines espagnoles et italiennes. Lorenzo est un polyglotte passionné de sport : le journalisme par vocation et l’événementiel par adoration sont ses deux jambes. Il est le monsieur international de Padel Magazine. Vous le verrez souvent sur les différentes compétitions internationales, mais aussi sur les grands évènements français. @eyeofpadel sur Instagram pour voir ses meilleures photos de padel !