La FFT a annoncé 52 millions d’Euro d’aides pour les travaux des clubs de raquettes en 2018. Désormais tennis et padel sont officiellement traités à égalité au sein de la Fédération Française de Tennis. Cependant, pour obtenir des aides la question se complique lorsque l’on parle de structures privées.

Mais au fond quelles sont les différences entre les clubs privés et municipaux   ? Quand public et privé se rencontrent…

Leurs forces

Clubs privésClubs municipaux
Accueil, explications, mise en place et propositions de parties à compléter, existence de pro shop parfois, infos et conseils souvent avisés car passionnés et pratiquants en généralPrix des parties, voir même abonnement avec une cotisation au club, parfois couplé avec celle du tennis. Ce qui revient à un prix par partie totalement dérisoire.
Amplitudes horaires très larges pour jouer 7/7 et de 10h-22h30 souvent.Employés fonctionnaires ou bénévoles
Services annexes : vestiaires ; bar ; souvent de la restauration sur place possible (dépannage ou vrai chef en cuisine)Pas de charges : c’est la ville qui est propriétaire des locaux. Parfois les clubs doivent « payer » une location.
Structures souvent adaptées à l’organisation d’évènements.Si le professeur du club de tennis a envie de s’investir et développer le padel, c’est une chance certaine.
Souvent un coach dédié à ce sport, de plus en plus souvent formé et pratiquant

Leurs faiblesses

Clubs privésClubs municipaux
Charges : local, taxesPeu de « vie » proposée : animations, soirée ou journée, tournois, restauration, souvent 1 ou 2 courts max (v. cahier des charges pour organiser un P1000)

 

Nombre d’employés nécessaires pour couvrir heures ouvertures à salaires + chargesPeu de services proposés, même un accueil est parfois trop demandé. En général, pas de mise en relation, de dépannage de parties, etc.
Mettre une association loi 1901 et licencier les joueurs pour être éligible aux subventionsEn grande majorité ne peuvent organiser un P1000 (plus haute catégorie de tournois en France), car ils ne peuvent respecter le cahier des charges fédérales (v. ss tableau)
Prix des parties (surtout en « heures pleines ») plus cherParfois pas de matériel en état à la location.
Pas éligible aux subventions fédérales pour l’instant… Cela va changer avec la validation du Comex d’aides allouées aussi aux structures commercialesAbsence de bar ou de présence continue. Il est primordial, dans ce sport, de développer la convivialité, les échanges et les rencontres.
Formation et niveau des enseignants souvent insuffisants ou inexistants.
Horaires d’ouvertures souvent réduits. Le club est même parfois fermé les jours fériés par exemple

Cahier des charges P1000 hommes : minimum 3 terrains, avec hauteur sous plafond de 7m minimum. Pour les femmes, ce sont 2 terrains minimum avec même hauteur.

Tous pour un… ou chacun pour soi  ?

Je pense que pour répondre à cette question, il faut se la poser de manière différente. Quelles sont les valeurs que véhicule ce sport, tout droit venu de pays hispanophones  ? Qu’est-ce qui peut faire que le padel puisse répondre aux attentes de beaucoup de sportifs ?

Ce que je vois, ce que je sens, ce que je vis, ce que j’ai aimé dans le padel quand j’ai commencé (en 2013), c’est que l’esprit était, certes, rude sur le terrain, mais très chaleureux et convivial en-dehors. Ça me rappelait les matchs de tennis par équipes… de l’époque ! (oui je suis vieille).

Bien-sûr tout n’était pas rose, on reste des êtres humains avant tout ! Mais c’était dans l’ensemble sympa. Je retrouvais dans les clubs que je fréquentais des soirées agréables à partager des parties et de bons moments; je participais à des tournois où, en-dehors des matchs, on partageait un verre avec ceux qui passaient, sans distinction de niveaux.

Voilà ce qui me semble être la recette du succès et du développement du padel, et d’un club : accueillir les gens dans un endroit adapté : vestiaire, bar et parfois restauration possible ; créer des animations ; proposer des tournois loisirs : diverses formules ont fait leur preuve… il suffit de se renseigner auprès des clubs qui fonctionnent bien ; organiser des tournois homologués ; trouver ou remplacer un joueur lorsqu’il y a un absent sur une partie ; proposer des cours de qualité ; retransmettre des matchs de grandes compétitions sportives pour les clients ; diversifier son offre avec possibilité de suivre des cours d’intervenants extérieurs, voir même de pratiquer d’autres sports dans l’enceinte du club ; initier des séminaires d’entreprise ou team-building, etc.

Bref créer, proposer, travailler à ce que chacun se sente comme chez soi en venant au club… à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit ! Alors bien-sûr c’est du travail, un énorme travail et aujourd’hui les temps sont durs pour ces structures, qui croulent sous les charges et désirs des gens. Mais la clé du succès passe par là… à mon avis.

La FFT l’a compris et a décidé d’œuvrer pour vraiment développer le padel, en essayant de s’adapter à l’esprit de ce nouveau sport. Le padel ne pourra se développer, et peut-être même un jour devenir sport olympique, que si celui-ci est soutenu humainement et financièrement (entre autre…) par une Fédération auprès de tous. Tout le monde a besoin d’une augmentation du nombre de pratiquants, et de moyens investis pour la croissance du padel.

Ce sport ne pourra grandir qu’avec la présence de structures adaptées, qui répondent aux besoins et attentes toujours plus grands du public. C’est là, entre autre, que la FFT a besoin des structures privées … et que le « Tous pour un » est préférable au « Chacun pour soi »…

Quid de la compétition ?

La plupart des compétitions départementales ou régionales se jouent dans des clubs privés. Pourquoi  ? Ce sont souvent les seuls à proposer un nombre suffisant de courts et de services annexes pour recevoir ce genre de compétitions et répondre au cahier des charges fédéral.

Pour les mêmes raisons, jusqu’à aujourd’hui, seuls des clubs privés ont organisé les Championnats de France. Nous en sommes à la 4ème édition.

Il faut noter que la FFT participe aux frais du club organisateur… à partager avec la ligue et les instances fédérales organisatrices, sur place.

On l’a vu, tout cela devrait changer dans les années à venir. La FFT se veut être désormais le seul vrai représentant pour le développement du Padel en France, et a décidé d’œuvrer dans ce sens, en libérant des fonds importants pour les années futures avec en outre, le FFT PADEL TOUR. (et Le My Padel Tour)

Il existe également des initiatives privées « itinérantes » :

  • Open de France Place du Capitole, Toulouse : tournoi exhibition avec les meilleurs français et certains européens ;
  • Coupe d’Europe des Clubs : tournoi entre clubs européens organisé dans un pays et une ville différents chaque année (Casa Padel le we dernier) ;
  • NPC (National Padel Cup) tournoi homologué qui se déroule au Cap d’Agde pendant les vacances de la Toussaint ; des circuits de tournoi tels que Padel Infinity, Head Padel Open, etc.

Toutes ces animations, tournois (exhibitions ou officiels) remportent un grand succès auprès du public, initié ou non, sensibilisé au sport ou non. Très vite, il faudra permettre aux joueurs de se former et d’enseigner le padel, sans forcément passer par le Diplôme d’Etat de Tennis… Vous vous en doutez, une enquête du couteau suisse viendra sur la formation des coachs et joueurs.

Je finirai par ces mots de Bernard Giudicelli, Président de la FFT (Oct 18) : « 2019 sera l’année du padel. »

Le Padel : A un nouveau tournant de son histoire

Line Meites

Line Meites est l’une des meilleures joueuses françaises de padel. C’est la voix de vos live sur Padel Magazine. Mais pas seulement, elle anime également la chronique “Les enquêtes du couteau suisse”. Tous les mois, elle reviendra sur une polémique ou un thème qui lui tient à coeur.