La rentrée 2025 / 2026 s’annonce agitée pour le circuit français de padel. Entre les nouvelles réglementations et la réorganisation des P1000, plusieurs joueurs du Top 200 français s’interrogent sur l’avenir de cette compétition qui, jusqu’ici, avait trouvé un équilibre.

Un changement de réglementation qui interroge

Depuis cette saison, la FFT n’assure plus la gestion du planning des P1000. Ce rôle revient désormais aux ligues régionales, avec des quotas fixés en fonction du nombre de licenciés. Problème : cette décentralisation risque de multiplier les chevauchements. “Et c’est bien cela le problème : ainsi, du 5 au 7 septembre prochain, pas moins de quatre P1000 auront lieu simultanément en France métropolitaine” nous explique-t-on.

Pour Damien Jean, gérant du club La Pommeraie à Caen, cette évolution n’est pas sans conséquence :

« Cela fait déjà un certain temps que l’on voit la qualité des P1000 être moins dotée en bons joueurs, même si le haut du panier reste toujours intéressant à suivre et à voir. »

L’alerte des joueurs

Thomas Cazes Carrère, habitué des P1000 et actuel 65e joueur français, alerte sur le risque d’un affaiblissement de cette catégorie :

« Ne sommes-nous pas en train de tuer les tournois P1000 qui avaient trouvé leur vitesse de croisière après une période de flou ? »

Il insiste aussi sur le mode de distribution des points :

« Avec le changement d’organisation des P1000, doit-on continuer à distribuer les points en fonction du nombre d’équipes ou du poids du tableau ? Pour moi, c’est une erreur. Certains P1000 seront peut-être très relevés avec peu d’équipes. On devrait distribuer les points en fonction du poids des 8 têtes de série. »

Avec la multiplication des tournois, il devient en effet plus simple d’entrer dans un tableau principal, et même de viser une victoire. Les joueurs habitués aux demi-finales pourraient désormais s’offrir des titres, du fait d’un nivellement du niveau moyen.

P1000 : vers une catégorie à deux vitesses ?

Les P1500, nouvel horizon

Les P1500 illustre déjà ce glissement. Le récent tournoi des Hauts de Nîmes a montré que les tableaux attirent désormais une partie des joueurs qui faisaient hier la force des P1000.

Pour Damien Jean, cette tendance est préoccupante :

« On avait déjà perdu en densité ces dernières années. Il va falloir s’attendre à voir le niveau moyen des catégories élites baisser davantage avec ce type de réglementation. »

Une concurrence accrue malgré tout

Le circuit reste cependant en constante évolution. De nouvelles paires émergent régulièrement et viennent se mêler à la lutte, garantissant un spectacle de qualité dans les derniers tours.

Mais le risque demeure : la France pourrait bientôt connaître des P1000 à deux vitesses, selon la formule de Thomas Cazes Carrère.

« Il faut espérer que les ligues dialoguent entre elles pour éviter qu’on se retrouve avec quatre P1000 le même week-end. Même répartis géographiquement, cela déséquilibrera les tableaux et fragilisera la catégorie. »

En effet, si les joueurs et les clubs avaient l’assurance qu’on ne pourrait pas dépasser par exemple plus de 2 P1000 par semaine et que les ligues seraient suffisamment rigoureuses pour s’astreindre à préserver la valeur des P1000, alors les craintes seraient infondées.

Avec 18 tournois disputés sur les douze derniers mois, Cazes Carrère fait partie des joueurs actifs du circuit. Beaucoup estiment que les P1000 avaient trouvé une bonne vitesse de croisière et qu’il “est dommage de voir cette catégorie ainsi bousculée, alors qu’il y avait sans doute d’autres priorités que de déstabiliser un format qui fonctionnait bien et était apprécié des compétiteurs, des clubs et des spectateurs“.

Affaire à suivre.

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.