Qualifiés pour les championnats de France, Nicolas Lamontagne et Jordan Bouchez qui viennent de Nouvelle-Calédonie, nous en disent plus sur leurs débuts dans le padel, leur qualification pour ces championnats de France ainsi que leur évaluation du padel calédonien à travers une interview croisée.

“Il existe seulement 2 structures de padel en Nouvelle-Calédonie”

Padel Magazine : Comment avez-vous découvert le padel ?

Nicolas Lamontagne : ” J’ai découvert le padel sur l’île de la Réunion en 2017. Je jouais au foot à 5 dans un grand complexe sportif ou il y avait 4 pistes de padel. J’ai été invité à une partie “découverte” et j’ai tout de suite été mordu ! “

Jordan Bouchez : ” J’ai connu le padel grâce à mon ancien professeur de tennis qui m’a marqué depuis toujours : il s’agissait d’Alain Henry, un homme qui connaît une place importante dans le padel français. “

Padel Magazine : Où jouez-vous ?

Nicolas : ” Il existe seulement deux structures en Nouvelle-Calédonie : la ligue de tennis dispose de deux pistes et le club du Mont-Coffyn deux pistes également. J’ai beaucoup joué dans ces deux complexes, selon la disponibilité des terrains. “

Jordan : ” Je joue actuellement au tennis padel club Mont Coffyn à Nouméa. J’ai joué énormément au tennis depuis tout jeune en compétition en seconde série. Mais j’étais également très souvent axé sur les sports de glisse. “

Des faiblesses techniques, mais un fort esprit de compétition

Padel Magazine : Quelles sont vos forces et faiblesses dans ce sport ?

Nicolas : ” J’ai beaucoup de lacunes techniques dues à la fois au manque de formation et à une pratique autodidacte du tennis. J’ai pris pas mal de mauvaises habitudes au niveau de la gestuelle, sur les smashs notamment. J’essaie de compenser avec une bonne défense. J’ai eu l’occasion de prendre des cours de padel avec Mickaël Grenier au Réunion Padel Club et avec Mathieu Feyler en Nouvelle-Calédonie. J’en profite pour les saluer tous les deux car ils m’ont beaucoup aidé à progresser, sur tous les plans. “

Jordan : ” Mes forces dans le padel sont certainement ma motivation et mon esprit de compétition. Je n’ai pas la prétention de vouloir être le meilleur lors des championnats de France, mais je me donnerai à fond à la fois pour mon coéquipier mais aussi pour représenter la Calédonie qui possède un petit train de retard.

Mes faiblesses, disons que dans le jeu, il me manque pas mal d’automatismes et j’espère que la Calédonie va avoir des professeurs formés pour combler mes lacunes. “

Padel Magazine : Que pensez-vous de votre partenaire ? (Attention, c’est une question piège)

Nicolas : ” Jordan est un très bon joueur, de tennis et de padel. Il est à l’aise techniquement, à la volée et au niveau des smashs. Il est capable de varier les effets et le tempo. Nous sommes donc plutôt complémentaires. Il a été pas mal gêné par les blessures ces dernières années mais il revient bien. Il peut lui arriver de “fissurer” mentalement sur une piste de padel mais il a toujours été en contrôle sur ces championnats. Je me suis régalé en jouant à ses côtés. “

Jordan : ” J’ai un partenaire en or, un homme posé, qui comble mes faiblesses, qui a les bons mots au bon moment ! Et nous sommes assez complémentaires. Il faut savoir que Nico est le premier partenaire que j’ai eu en Calédonie et lui offrir la victoire lors des championnats calédoniens est ma plus grande satisfaction. “

” Ce fût instinctif, Nico m’a appelé et l’aventure commençait ! “

Padel Magazine : Racontez-nous votre aventure lors de ces qualifications ?

Nicolas : “Cela a été un weekend très agréable, dans une ambiance sportive et familiale. J’ai pu le partager avec ma compagne et ma fille de trois ans qui ont vu la plupart de mes matchs et c’était très important pour moi. Cela a été particulier car c’était mon dernier tournoi sur le territoire avant de retourner sur l’île de la Réunion pour de nouveaux projets professionnels. En plus, il se trouve que plusieurs favoris calédoniens ne sont pas inscrits à ces championnats, pour différentes raisons. Cela a donc été pour nous une opportunité inespérée de devenir l’une des équipes favorites d’un tournoi majeur, sur un territoire où le padel est en plein développement. On ne voulait pas laisser passer notre chance.

Au niveau de l’ambiance et du contexte, Il y avait parfois une centaine de personnes sur le complexe de la ligue de tennis et dans les tribunes. Cela a généré parfois un peu de crispation et on a senti quelques joueurs un peu tendus par l’enjeu et le contexte, nous les premiers. “

Jordan : Je ne devais pas être présent pour ces championnats, car je devais rentrer en métropole. Cependant, ils ont été avancés une semaine avant mon départ! Et ce fût instinctif, Nico m’a appelé, et l’aventure commençait.
Nous nous sommes entrainés un petit peu avant, sans non plus avoir trop de créneau puisqu’en Calédonie nous ne possédons que quatre pistes pour le moment.

Plusieurs de mes partenaires habituels étaient absents à ces championnats, pour différentes raisons. Avec Jordan, nous avions plusieurs fois envisagé de jouer ensemble, mais ses blessures et la Covid-19 en avaient décidé autrement. Heureusement, tous les voyants étaient au vert pour ces championnats et on a saisi l’occasion.

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Padel Magazine : Vous vous en êtes sortis dans des matchs parfois compliqués.

Nicolas : Oui, notre aventure lors des qualifications à été mouvementée. On est tombé sur la pire des poules et notre tableau final a été difficile jusqu’au bout. Les matchs ont bien tourné dans l’ensemble sauf en finale où nos adversaires ont mené 8-7 dans le super tie-break du troisième set, avec deux services à suivre. Cela s’est joué à rien. On a su rester calmes et soudés, et resserrer le jeu dans les moments difficiles. J’ai pris énormément de plaisir sur la piste. “

” On espère représenter dignement la Nouvelle-Calédonie et vendre chèrement notre peau ! “

Padel Magazine : Vous espérez créer une surprise au championnat de France ? Quelles sont vos ambitions dans ce sport ?

Nicolas : ” (Rires) Non. On espère représenter dignement la Nouvelle-Calédonie et vendre chèrement notre peau. On ne donnera aucun point. On espère juste prendre du plaisir et accumuler de l’expérience.

Nous sommes bien conscients d’arriver d’un territoire avec un niveau de padel parmi les plus faibles de l’ensemble du territoire national. Nous n’avons pas d’ambition particulière, sinon de jouer au maximum de nos capacités et d’aller le plus loin possible. “

Jordan : ” Nos objectifs pour ces championnats sont de prendre du plaisir, s’amuser et surtout se battre même si nous devons prendre une correction. Je m’estime chanceux de pouvoir participer aux championnats dans un tel sentiment de détente et de sérénité. “

Nicolas : ” J’ai 37 ans et ma volonté est de jouer le plus longtemps possible et d’atteindre un niveau satisfaisant en franchissant un maximum de paliers. Pour cela, la condition première est de prendre du plaisir et de profiter des superbes ambiances qui gravitent autour de ce sport. “

Jordan : ” L’ambition souhaitée dans cette compétition, c’est de nous améliorer afin de combler nos lacunes. Il ne faut pas se leurrer, quand on voit des Benjamin Tison et autres, il y a réellement un step au dessus. Mais jouer contre les meilleurs est un honneur et une expérience unique. “

Confiants vis-à-vis de la “nette progression” du padel Calédonien

Padel Magazine : Votre avis sur le développement du padel en Nouvelle-Calédonie ?

Nicolas : ” Ces championnats sont arrivés un an après la naissance du padel en Nouvelle-Calédonie, et ils ont permis de mesurer les progrès effectués par l’ensemble des joueuses et joueurs. Ils défendent de mieux en mieux, et l’intensité des parties grimpe en flèche, c’est impressionnant ! Avec l’arrivée de nouvelles pistes et d’enseignants formés et diplômés, je suis confiant sur la nette progression globale du padel calédonien ces prochaines années. “

Jordan : ” La Calédonie à un train de retard, mais au vu du succès de ce sport, le retard sera rattrapé ! J’en suis sûr. A noter que des très bons joueurs comme Nicolas Ngodrela arriveront très rapidement à faire progresser les futurs joueurs de Calédonie, et pourquoi pas intégrer des Calédoniens dans le circuit professionnel. “

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” Tout vient à point à qui sait attendre..”

Padel Magazine : Avez-vous des liens avec d’autres îles, autour du padel ?

Nicolas : ” Je retourne bientôt sur l’île de la Réunion où le niveau n’a rien à voir. Beaucoup d’infrastructures et énormément de joueurs, pour un niveau nettement supérieur à la Nouvelle-Calédonie. Je n’aurais pas pu espérer atteindre le tableau final là-bas sur les championnats territoriaux. C’est d’ailleurs mon ancien coach, Mickaël Grenier, qui les a remportés et je suis très heureux pour lui. J’ai hâte de retrouver les pistes réunionnaises car j’aurai l’occasion de me confronter à d’excellents joueurs dans des clubs très structurés avec des ambiances très festives et conviviales. “

Padel Magazine : Quels sont selon vous les forces et faiblesses du padel ?

Nicolas : ” Que des forces. Un sport ludique, passionnant, fédérateur et moins traumatisant pour nos vieux organismes (rires). Je suis devenu accro ! “

Jordan : ” Pour les forces, je dirais que c’est un sport très ludique accessible à tous, avec une marge de progression assez rapide. Je peux même dire que jouer avec des joueurs de tous niveaux est un réel plaisir.
Pour les faiblesses, je dirais un manque de professeurs compétents dans le domaine, une dynamique encore au ralenti (tournois, structures). Mais tout vient à point à qui sait attendre.

J’aimerais remercier particulièrement M. Alain Henry pour ses conseils avisés lors de mes débuts. Et surtout tous mes amis du padel avec qui nous passons des superbes moments avant et après les sessions. “

Nasser Housseini

Passionné de football, j’ai découvert le padel en 2019. Depuis, c’est l’amour fou avec ce sport au point de délaisser mon sport de prédilection.