La première émission Soir de Padel sur Canal + a abordé la polémique liée aux nouvelles règles imposées par le circuit Premier Padel pour la saison 2025. Plusieurs joueurs, dont les consultants, ont exprimé leur mécontentement face à ces changements.
Une émission très intéressante animée par Lyes Houhou avec Sébastien Heulot, Laura Clergue et Robin Haziza.
La nouvelle réglementation : “C’est honteux”
Le sujet est lancé avec une déclaration tranchante de l’équipe de Canal + qui a réagi après l’élimination de Thomas Leygue aux qualifications du tournoi de Riyad :
« Premier tournoi dans des conditions difficiles, deux matchs dans la journée, double bye pour les têtes de série… Bref, honteux. »
Lyes Houhou explique les nouveaux règlements mis en place par la Fédération Internationale de Padel (FIP) et le circuit Premier Padel :
- Des tableaux principaux plus petits, ce qui signifie que davantage de joueurs devront passer par les qualifications.
- Un système de qualification allongé, passant de deux à trois tours à gagner pour intégrer le tableau final.
- Aucune rémunération pour les éliminés du premier tour des qualifications, ce qui signifie que les joueurs prennent en charge tous leurs frais de déplacement, d’hôtel et d’entraîneur sans garantie de gagner le moindre euro.
Un problème majeur pour les joueurs classés au-delà du top 50
Robin Haziza analyse les conséquences directes de ces changements :
« Il y a un problème, car la promesse du Premier Padel, lorsqu’ils ont racheté le World Padel Tour, était d’améliorer les conditions des joueurs de la première place mondiale jusqu’à la 150e place. Là, ça se complique. »
Il explique que les promoteurs des tournois ont des coûts d’organisation très élevés, et que les nouvelles mesures sont prises pour rendre les événements plus rentables :
« Pour qu’un promoteur gagne de l’argent, il faudrait que ses tribunes soient pleines dès le lundi ou le mardi. Ce n’est pas le cas. Ce sont les meilleurs joueurs du monde qui remplissent les tribunes le vendredi, le samedi et le dimanche. Donc, si on veut que le circuit continue à exister, il faut raccourcir les tableaux et enlever du monde. »
Mais selon lui, ce sont toujours les mêmes qui en subissent les conséquences :
« Comme toujours, ce sont les joueurs les moins bien classés qui paient le prix fort. »
Une pression physique et mentale accrue pour les joueurs des qualifications
Sébastien Heulot apporte une autre dimension à la problématique :
« Ce dont on ne parle pas assez, c’est que pour ceux qui jouent les qualifications, ce n’est pas seulement plus difficile d’y entrer, mais aussi beaucoup plus éprouvant physiquement. »
En effet, il explique que les joueurs doivent disputer plusieurs tours dans des conditions parfois extrêmes, notamment à Riyad, où les températures avoisinent les 30 à 40 degrés.
« Ils jouent à 10h du matin un premier match qui dure parfois 2h30, puis doivent rejouer un deuxième match 4 ou 5 heures plus tard. Pendant ce temps, les têtes de série entrent tranquillement dans le tableau principal grâce à des bye. »
Laura Clergue : “C’est décourageant pour la nouvelle génération”
Laura Clergue se dit préoccupée par l’impact sur la relève du padel mondial :
« C’est décourageant pour les jeunes joueurs. Là, on parle de Thomas Leygue qui, lui, est déjà dans les qualifications, mais il faut aussi penser à ceux qui ne peuvent même plus participer aux tournois. »
Elle évoque notamment le cas de Timéo Fonteny et Yoan Boronad, deux jeunes Français qui tentent de percer au niveau international :
« Avec ces nouvelles règles, ils sont encore plus loin d’avoir une chance d’intégrer le circuit Premier Padel. Ils vont devoir accumuler des points sur les tournois de la Fédération Internationale de Padel (FIP), mais c’est un parcours du combattant. »
Le problème ne se limite pas aux jeunes :
« Les joueurs qui étaient déjà en difficulté se retrouvent encore plus bloqués. On parle souvent des meilleurs joueurs, mais derrière, ce sont des centaines de joueurs qui vont galérer encore plus pour vivre de ce sport. »
Un circuit FIP renforcé, mais est-ce une vraie solution ?
Robin Haziza tente de nuancer en rappelant que le circuit FIP pourrait bénéficier de ces changements :
« Cela va renforcer les tournois FIP Platinum, Gold, Silver et Bronze, qui deviennent de plus en plus nombreux. Il y aura plus d’opportunités pour les joueurs en dehors du top 50. »
Mais il reconnaît que ces tournois ne garantissent ni la même visibilité ni la même rémunération :
« Ce circuit FIP deviendra en quelque sorte l’équivalent des tournois challengers en tennis, mais ça reste un tremplin bien moins lucratif que Premier Padel. »
Les stars du circuit prennent position contre ces nouvelles règles
Lyes Houhou révèle que plusieurs joueurs du top mondial ont pris position contre ces nouvelles règles :
« Chez les hommes, les meilleurs ont décidé de ne pas participer au premier tournoi en Espagne, après Riyad, en signe de protestation. »
Laura Clergue souligne que même si ces joueurs sont protégés par leur statut, ils ont décidé de soutenir leurs collègues moins bien classés :
« C’est un geste fort. Ils savent que ces nouvelles règles ne les impactent pas directement, mais ils prennent quand même position pour les autres. »

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