À 25 ans, le Rennais a des ambitions débordantes. Il est à la fois entrepreneur avec sa société ‘The Court’, fondée avec Arthur Marie (frère du créateur de contenu Jules Marie), mais également fanatique de padel, un homme aux multiples facettes ayant déjà connu plusieurs moments marquants dans sa vie.

En tant qu’adolescent, il réalise que l’école n’est pas pour lui. Il tente alors une carrière dans le gaming. Son quotidien est rythmé par d’interminables sessions de Fortnite et une vie déconnectée de la réalité. Malgré un niveau semi-professionnel, Léo est mentalement et physiquement affecté, il décide alors d’arrêter. C’est finalement sa professeure de tennis qui le “sauve”. Inscrit “malgré lui” au diplôme d’enseignant de tennis, il réussit brillamment l’examen et devient professeur de tennis. Il se lance ensuite dans une carrière de créateur de contenu. Lassé du sport qu’il pratique depuis 16 ans, Léo découvre le padel. L’ancien “trancheur à jambon” tombe amoureux de cette discipline en vogue. Podcasts, tournois, partenariats, Léo nourrit une passion démesurée pour la petite balle jaune. En septembre, le fondateur du podcast ‘La Chiquita’ part s’installer à Malaga pour 6 mois avec un objectif en tête : défier les meilleurs joueurs français.

Le Tennis, c’est le commencement de tout

J’ai pratiqué le tennis pendant 16 ans, atteignant le niveau 3/6, et j’ai enseigné ce sport pendant 6 ans. En tant que personne créative, j’ai commencé à réaliser des vidéos sur TikTok grâce aux encouragements de mes élèves, et j’ai réussi à attirer 200 000 abonnés. Par la suite, j’ai rencontré un autre créateur de contenu, Jules Marie. J’ai décidé de l’accompagner sur le circuit pour l’aider dans la création et la gestion de ses vidéos, une activité qui m’a beaucoup plu. J’ai finalement quitté mon poste d’enseignant de tennis pour le suivre sur le circuit et développer nos réseaux sociaux respectifs, ce que j’ai fait pendant trois à quatre mois.

J’ai ensuite eu l’occasion de rencontrer le PDG de Célio, Sébastien Bismuth, qui m’a demandé si je pouvais faire la même chose pour son entreprise. J’ai donc arrêté mon projet avec Jules Marie et je me suis concentré sur les entreprises, notamment Celio, Décathlon, BNP Paribas. J’ai commencé à chercher un moyen de lier mon travail et ma passion.

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Entre passion et dégoût, la ligne est très fine

Lorsque je m’adonne à un sport, je m’y investis à 10 000%. Je jouais 3 heures par jour, donnais des cours en parallèle et sortais 3 à 4 vidéos par jour. En somme, je passais environ 10 heures sur les terrains de tennis, ce qui était insoutenable. À un moment donné, j’ai craqué. J’ai vécu une sorte de syndrome Benoît Paire, c’est-à-dire qu’à la simple idée de mettre les pieds sur un terrain de tennis, cela me donnait envie de vomir.

Le padel comme une évidence

J’ai découvert le padel il y a presque un an et je me suis rendu compte que c’était un milieu rempli d’entrepreneurs. J’ai donc pu rapidement combiner mes deux passions. Au tennis, j’avais atteint mon potentiel maximal et j’avais un style de jeu assez particulier. J’utilisais beaucoup les shops (d’où le terme “trancheuse à jambon”) et je servais à la cuillère. Quand j’ai découvert le padel, j’ai réalisé que ma technique était parfaitement adaptée à ce sport et qu’elle n’était pas du tout limitante, contrairement au tennis.

Pour moi, il y a quatre piliers au padel : la tactique, le physique, le mental et la technique. Alors qu’au tennis, pour atteindre un haut niveau de jeu, c’est la technique qui prime. Il n’y a aucune limite dans le padel et c’est ce qui m’a séduit.

L’Homme aux multi-casquettes

Je me définis comme un “entrepreneur-joueur de padel”. Mon objectif est à la fois de bien gagner ma vie et de développer au maximum mon niveau de jeu. L’argent que je génère grâce à mon entreprise et mes partenariats me permet de financer des stages de préparation. Les premiers mois ont été consacrés à l’adaptation et à comprendre le fonctionnement de ce milieu. À partir de septembre, je m’installe à Malaga pour des entraînements intensifs avec des préparateurs, dans le but de rivaliser avec les meilleurs joueurs français. C’est un projet à long terme, je suis conscient qu’il nécessite du temps et surtout beaucoup de travail.

Les réseaux sociaux sont indispensables pour démocratiser le padel

Mon positionnement sur les réseaux sociaux s’inscrit dans la continuité de ce que je faisais au tennis, mais je voulais l’aborder différemment. Je me positionne un peu comme un influenceur pour différents événements. J’ai créé ‘La Chiquita’ pour démocratiser le padel, mais aussi pour créer des liens. Des ententes se forment et cela peut donner naissance à des projets entrepreneuriaux

Aujourd’hui, il n’y a pas assez de création de contenu, c’est aussi pour cela que le tennis souffre. Patrick Mouratoglou essaie de le développer aussi et c’est une bonne chose, mais il est presque seul. Le padel est plus libre et cela explique aussi son ascension fulgurante.

Pour qu’une chose devienne virale, il faut qu’elle touche tout le monde. Le padel est encore un marché de niche en France, donc les vidéos deviennent rarement virales. La vraie différence que je vois est sur LinkedIn. Il y a beaucoup d’entrepreneurs et le padel séduit énormément. Olivier Ramel (PDG de KYMONO) fait des posts sur le padel et ils deviennent toujours viraux sur ce réseau.

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Le padel c’est avant tout une concurrence saine

Quand j’ai découvert le padel, je suis arrivé avec ma mentalité de tennisman. J’ai rapidement réalisé que ce n’était pas la bonne approche. Au fil des mois, j’ai beaucoup évolué grâce aux rencontres que j’ai pu faire. Mon coach à Malaga m’a fait progresser en tant que personne. L’objectif est de maintenir un environnement sain. Que ce soit avec Nicolas (Paolorsi) ou les autres, l’atmosphère est loin d’être toxique, au contraire, nous nous soutenons mutuellement. Chacun de nous peut apporter quelque chose de positif, ce qui me permet de grandir en tant que personne.

Je joue le jeu et je le fais à fond. Cependant, si demain il y a plus d’argent dans le padel, les mentalités risquent de changer.

Après le Top 500, le Top 100 en ligne de mire

Je voulais m’assurer d’atteindre le Top 500 afin de fédérer la communauté autour de moi. Finalement, j’ai réussi ce défi deux semaines plus tôt que prévu.

En ce qui concerne le Top 100, je n’ai pas fixé de date car je vais être en Espagne, je vais participer à beaucoup de tournois là-bas et je sais que cela ne comptera pas pour le circuit français. Si je joue avec des joueurs du Top 100, je pourrais monter rapidement, mais ce n’est pas l’objectif, je ne vois pas vraiment l’intérêt. J’ai envie d’être fier de ce que j’accomplis. J’ai joué deux fois avec Julien Seurin et Jean Thomas Peyrou, mais je ne le referai pas. Je ne critique pas cette expérience, au contraire, j’ai beaucoup appris lors de ces deux tournois et j’ai bien progressé.

Un chemin long et sinueux

Je sais que le chemin est long et je suis bien conscient de cela. J’ai un exemple à suivre : Damien Marcel, un coach de haut niveau dans le gaming, qui est aussi un coach mental pour moi. Il me dit toujours : “la vie n’est pas un sprint, mais un marathon, donc la route est longue“. Je suis déterminé à atteindre mes objectifs et je ne veux surtout pas brûler les étapes.

Sur le plan mental, mon entourage et ma petite amie sont là pour me soutenir. Le tennis m’a beaucoup endurci, il nous apprend la rigueur du sport et la solitude. Je suis un grand fan d’anime et de mangas et je me réfère souvent à des personnages quand je traverse des moments difficiles.

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Malaga, terre sainte du padel

À partir du 1er septembre, je serai à Malaga pour 6 mois. L’objectif est d’atteindre mon meilleur niveau de padel et de progresser en tant qu’être humain. Au début, je suis arrivé avec un objectif qui n’a pas plu à mon entraîneur, il a immédiatement réduit mon degré de compétitivité pour apprendre l’humilité et la remise en question. J’ai déjà fait un stage et j’ai été vraiment impressionné par l’intensité des entraînements.

À Malaga, j’ai rencontré Antonio Alamillo. Il a 20 ans et a une histoire vraiment inspirante. Il n’a pas de classement car il a commencé il y a peu de temps. Mais mon coach à Malaga croit beaucoup en lui, il pense que Antonio pourrait être une étoile montante. J’ai décidé de le financer et de développer ses réseaux sociaux. Je vais jouer avec lui en Espagne. Pas en tournoi, mais en face à face pour travailler ma technique et ma tactique. Nous nous aidons mutuellement. En Espagne, même si un joueur est très talentueux, c’est vraiment difficile de trouver un partenaire car il y a beaucoup de joueurs talentueux là-bas. Percer dans le padel représente un véritable investissement financier, il y a des sacrifices à faire.

L’objectif à la fin de ces 6 mois est de participer à un maximum de tournois P500 et P1000 pour venir concurrencer les meilleurs joueurs français.

Une préparation avec des limites physiques et mentales

Je vise à faire partie des meilleurs joueurs français, mais il y a une chose que je ne suis pas prêt à faire : intégrer le circuit professionnel. Voyager de pays en pays chaque semaine, ce n’est pas pour moi. J’ai eu un aperçu de ce style de vie avec Jules (Marie) et, franchement, je souhaite m’en éloigner. Je suis quelqu’un d’assez casanier. Certes, je pars à Malaga, mais tout est bien planifié. Je sais que je pars pour 6 mois et que je reviens une semaine par mois pour voir mes proches.

Physiquement, le problème est que j’ai une hernie au dos. Pendant mon stage en Espagne, je suis rentré plus tôt que prévu parce que mon dos me faisait vraiment souffrir, il était courbé à 90 degrés. J’ai choisi de ne pas me faire opérer car sinon, je perdrais une année. Mon autre faiblesse, ce sont mes jambes. J’ai l’explosivité d’un grand-père de 90 ans, ce qui est une véritable lacune. Mon préparateur physique travaille beaucoup sur ma capacité d’explosion, car c’est essentiel dans le padel.

Je suis vraiment confiant sur mon évolution et j’ai envie d’aller jusqu’au bout, quitte à prendre des risques. Au tennis, j’étais déjà lucide et je savais que j’avais atteint mon potentiel maximum, mais je pense avoir un réel potentiel dans le padel et je ne veux pas perdre de temps. C’est peut-être ma dernière chance d’atteindre un niveau professionnel dans un sport, donc je veux y aller à fond.

L’Espagne c’est un autre monde

En France, mon coach m’a fait travailler la technique en premier lieu, mais en arrivant en Espagne, j’ai vite compris que c’était le contraire. C’est la tactique qui est au cœur de l’approche et on comprend rapidement que c’est l’aspect le plus important du jeu.

Je me souviens d’une expérience assez marquante. Quand je suis arrivé en Espagne, j’ai vu un joueur tenir sa raquette comme une poêle à frire. Pour plaisanter, j’ai dit à mon coach, “je peux facilement le battre”, et mon coach m’a répondu : “c’est un de mes meilleurs joueurs, ne t’en fais pas, on en reparlera dans quelques semaines”. Lorsque je l’ai vu jouer, j’ai rapidement compris qu’il était extrêmement doué. Aujourd’hui, c’est mon joueur préféré. Il s’appelle Karlos Rodriguez, aussi connu sous le nom de “Karlitos”. Il est humble, ne se vante jamais de son style de jeu et m’inspire beaucoup.

En Espagne, on m’a appris l’importance du lob, le coup le plus puissant du padel. En tant que joueurs de tennis, nous avons tendance à jouer beaucoup de balles basses, mais l’objectif dans le padel est d’obtenir le filet. Une fois que tu maîtrises le lob, tu passes plus facilement en phase offensive. En Espagne, ils jouent énormément de lobs. L’objectif principal est de défendre pour ensuite pouvoir attaquer. Mon entraîneur en Espagne a un processus avec 45 étapes de défense à respecter. Une fois que tu as validé une étape, tu passes à la suivante pendant 6 mois, jusqu’à ce que tu maîtrises l’attaque.

Plus que dans le jeu lui-même, c’est dans l’état d’esprit que l’Espagne diffère. Les joueurs et les spectateurs viennent en Espagne pour passer un moment convivial. En France, il ne faut surtout pas faire l’erreur de reprendre les codes du tennis et de les appliquer au padel. Je pense qu’aujourd’hui, il y a un réel manque d’expertise en France, ce qui est flagrant quand on voit le niveau en Espagne. Mais je suis convaincu qu’avec le temps, cela va changer.

Vincent Gallié

Fan d’ovalie, de ballon rond mais aussi de sport de raquette, il a été piqué par le padel lors de son adolescence en Galice. Aussi à l’aise devant la caméra que derrière un micro, Vince saura apporter sa vision et son expertise de passionné de la petite balle jaune.