La Fédération Internationale de Padel (FIP) vient d’annoncer la mise en place d’une licence obligatoire pour les coachs professionnels, une initiative qui, si elle semble bien intentionnée, suscite de nombreuses interrogations. Faut-il vraiment structurer à ce point une profession qui, jusque-là, s’est développée de manière organique, souvent au gré des performances des joueurs et des relations qu’ils tissent avec leurs entraîneurs ?
Un encadrement nécessaire ou une contrainte excessive ?
Le lancement de cette licence par la FIP pose une question fondamentale : fallait-il vraiment officialiser le métier de coach professionnel avec une telle mesure ? Certes, l’objectif de professionnaliser et d’uniformiser les standards semble louable, mais cela implique une ingérence potentielle de la FIP dans un domaine qui, jusqu’à présent, relevait davantage du mérite, de la reconnaissance des joueurs et des résultats sur le terrain.
Désormais, une question émerge : est-il indispensable d’être un ancien joueur professionnel pour devenir un entraîneur reconnu ? Si l’expérience personnelle du haut niveau est souvent un atout, cela ne garantit en rien les compétences pédagogiques ou la capacité à accompagner des joueurs sur le long terme. À l’inverse, de nombreux coachs n’ayant jamais joué au plus haut niveau ont prouvé leur valeur par des résultats tangibles. Cette licence risque-t-elle de marginaliser ces profils atypiques, mais talentueux ?
Une mainmise de la FIP sur le coaching ?
Avec cette nouvelle règlementation, une autre crainte se profile : la dépendance totale des coachs à la FIP. Cette licence sera-t-elle obligatoire pour suivre ses joueurs lors des compétitions du FIP Tour ou du circuit Premier Padel ? En d’autres termes, la FIP pourrait-elle décider qui est « apte » ou non à exercer ce métier, selon ses propres critères ? Si tel est le cas, cela reviendrait à confier à une entité unique le pouvoir de juger qui peut ou non accompagner les joueurs, ce qui pourrait entraîner des dérives.
La profession d’entraîneur deviendrait ainsi tributaire de l’aval de la FIP. Cela ne risque-t-il pas de créer une forme de dépendance institutionnelle, où les coachs devraient répondre à des standards imposés par la fédération, au détriment d’une approche plus libre et diversifiée du métier ?
Un développement prématuré ?
Le padel est encore en plein essor, notamment à travers des circuits comme le FIP Tour et Premier Padel, qui cherchent à s’imposer et à gagner en visibilité. Ne serait-il pas plus judicieux de laisser ce sport se structurer naturellement avant de mettre en place de telles mesures ? Une certaine liberté d’action pourrait permettre aux acteurs du padel de trouver leur équilibre et de favoriser l’innovation dans l’accompagnement des joueurs.
Enfin, cette licence pourrait poser un problème d’harmonisation. De nombreux pays, comme la France, disposent déjà de formations spécifiques pour les entraîneurs de padel. Cette nouvelle licence sera-t-elle intégrée dans les dispositifs existants, ou bien viendra-t-elle s’y ajouter, créant une nouvelle couche bureaucratique et d’éventuelles redondances ?
Une fausse bonne idée ?
Si l’idée de professionnaliser le coaching semble pertinente en théorie, elle soulève des doutes quant à sa mise en pratique. Le meilleur tri des coachs ne se fait-il pas naturellement, au fil des résultats et des relations qu’ils établissent avec leurs joueurs ? À ce niveau de la compétition, ce sont souvent les résultats qui parlent d’eux-mêmes, plutôt qu’une certification imposée par une fédération.
En fin de compte, cette licence soulève davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses. Bien qu’elle puisse offrir des perspectives positives pour le développement du coaching, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la nécessité d’une telle mesure dans un sport qui cherche encore sa pleine maturité.
Est-ce une avancée pour le padel, ou une façon pour la FIP de prendre un contrôle plus étroit sur ses acteurs ? Seul l’avenir nous le dira.

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.