Après avoir étudié les enjeux entourant le marché du padel, nous allons nous intéresser à un nouveau sujet aujourd’hui : le parcours sportif des joueurs de padel en France. En effet, il convient finalement de se demander d’où viennent les 500 000 pratiquants recensés par la FFT et qui ils sont. Nous allons dans un premier temps nous pencher sur les pratiquants provenant d’autres disciplines sportives.
La forte présence des joueurs de tennis
Lors de l’arrivée du padel en Espagne, les pistes étaient intégrées dans les clubs de tennis, et ce sont donc les joueurs de tennis de ces clubs qui en étaient les premiers pratiquants. En France, nous pouvons émettre la même hypothèse. Le padel est arrivé dans le sud de la France et ce sont les joueurs des clubs de tennis alentours qui ont rapidement été attirés par cette pratique innovante se rapprochant du tennis.
Le padel a donc été inséré dans la famille du tennis avec pour objectif de proposer une offre diversifiée et innovante dans les clubs. Nous pouvons constater que le premier public cible du padel n’est autre que les joueurs de tennis, qui par leur proximité technique et/ou géographique sont les plus aptes à découvrir le padel. D’ailleurs, ceci est l’une des raisons pour lesquelles le ministère des Sports a délégué la gestion du padel à la FFT.
L’enquête par questionnaire menée auprès des pratiquants de l’agglomération orléanaise confirme une surreprésentation de joueurs de tennis. Parmi les 202 individus interrogés, 58,9% déclarent le tennis comme sport qu’ils ont déjà pratiqué, et 31,2% pratiquent encore le tennis aujourd’hui. Ces statistiques montrent que presque 6 pratiquants sur 10 ont déjà joué au tennis dans leur vie et que presque un tiers des pratiquants interrogés pratiquent le tennis et le padel en parallèle encore aujourd’hui.
La particularité de l’offre padel du territoire est que deux des trois clubs de padel sont intégrés et voisins d’un club de tennis. La structuration de ces deux offres de padel fait que n’importe quel joueur de tennis venant pratiquer dans son club, va forcément être amené à voir et passer à côté de terrains de padel. De ce fait, par le passage des individus, la communication des clubs et le phénomène de bouche à oreille, nous pouvons déduire que ces joueurs de tennis ont une forte probabilité de venir un jour essayer le padel.
Nous retrouvons à travers plusieurs exemples spécifiques au territoire d’enquête une idée commune, celle de démarrer l’activité des clubs en attirant les joueurs les plus aptes à apprécier la discipline étant donné la proximité technique. La FFT encourage l’installation de pistes de padel dans les clubs de tennis afin de fidéliser les licenciés.
Mais si ce constat correspond aux politiques de lancement du padel en France, est-ce qu’aujourd’hui le padel est autant surreprésenté par une population venant du tennis ? Les clubs ne recherchent-ils pas à diversifier les profils de pratiquants en attirant des sportifs venant d’autres disciplines et avec lesquelles le padel pourra être complémentaire ?
L’arrivée de nouveaux profils
Durant l’année 2021, nous avons pu voir que de nombreux investissements et plans d’actions ont été lancés pour augmenter le nombre de terrains de padel en France, afin de répondre à une demande de plus en plus grande. Or, lorsqu’on parle de massification d’une pratique sportive apparaît également l’arrivée de nouveaux profils de pratiquants. Le sujet ici est l’origine sportive de ces derniers. Si les clubs de tennis proposant du padel ont participé à une surreprésentation de joueurs de tennis parmi les joueurs de padel, un phénomène d’accessibilité du padel à tous les profils sportifs est apparu.
Jérôme Arnoux fait un sondage auprès des auditeurs de Padel Magazine sur le couplage du padel avec d’autres sports. Les résultats montrent que deux tiers des enquêtés ne voient pas d’inconvénients à partir du moment où la qualité des terrains de padel est assurée. Dans son analyse, le journaliste conclut que : « marier le padel avec d’autres sports permet de diversifier les origines sportives des pratiquants, mais pose aussi le problème de différence entre sports (bruit, population, codes de conduite…)». Il ressort alors un enjeu pour les dirigeants d’assurer une bonne cohabitation.
En France, il est courant de voir une association du padel avec d’autres sports comme le badminton, le squash, le football à 5 et le tennis principalement. Si l’association avec d’autres sports de raquette peut sembler justifiée, le couplage avec le foot à 5 est un pari assez osé. En effet, les profils de pratiquants entre un sport populaire en banlieue et un autre qui est géré par une fédération de tennis, sport à la réputation plutôt noble et onéreuse, sont peu similaires. En revanche, ces associations dont on parle ici sont favorables à une démocratisation du padel, même s’il est encore trop tôt pour parler d’une démocratisation à grande échelle.
Ce phénomène rapporte aux modes de connaissance du padel des pratiquants, que nous avons pu analyser avec le questionnaire d’enquête. L’ambition de ces clubs est de rassembler des sportifs à l’origine assez différents mais qui vont alors être amenés à se croiser et un joueur de football à 5 pourra par exemple être tenté d’essayer le padel.
On remarque sur ce sujet que le bouche à oreille et la transmission par relations sont les principaux modes de diffusion du padel. Le fait d’attirer d’autres publics au cœur des centres de padel va ainsi permettre de les confronter visuellement aux terrains de padel et potentiellement leur donner envie d’essayer.
De plus, les clubs 100% padel ou ne proposant qu’une offre de sports de raquette, vont essayer de diversifier leur public en faisant des initiations ou des événements avec des associations de différentes disciplines. Par exemple, lors d’un stage réalisé au 4Padel d’Orléans-Fleury, j’ai pu observer la venue temporaire de clubs de football, d’une association d’escrime, de joueurs de basketball, et des conventions sont régulièrement réalisées avec les clubs pour proposer des tarifs réduits.
Il ne faut également pas négliger les non sportifs, des personnes qui pratiquent peu le sport mais qui découvrent le padel lors de séminaires d’entreprise ou d’événements organisés. Le sport en entreprise est un sujet d’actualité avec de nombreuses actions qui sont mises en place pour proposer des moments de cohésion entre salariés autour d’une pratique sportive. Pour cela, les entreprises cherchent en général un sport qui convient à tout le monde et où tout individu peut s’en sortir quel que soit ses qualités techniques ou physiques.
Bilan des origines des pratiquants
Ainsi, si le padel était à l’origine très pratiqué par des joueurs de tennis, l’augmentation du nombre de terrains, de clubs et donc de joueurs a fait que le padel s’est fait connaître auprès d’autres profils de sportifs ou non sportifs. Le questionnaire d’enquête réalisé interroge les pratiquants sur leur pratique sportive passée et actuelle.
Si le tennis apparaît en premier dans les deux cas, nous retrouvons juste derrière le football qui a déjà été pratiqué par 50% des joueurs de padel. Puis, nous retrouvons dans l’ordre le tennis de table (16,3%), le basketball (13,9%), les activités liées à la course à pied (13,9%) ou encore le judo (12,4%). Si on regarde les activités pratiquées aujourd’hui, en parallèle du padel, nous retrouvons le tennis (31,2%), les activités liées à la course à pied (17,8%), le football (13,4%), les activités liées au fitness (9,9%) et le golf (8,4%).
Nous retrouvons donc autant des sportifs originaires de sports de raquette, de sports collectifs que de sports individuels pratiqués librement. Notons également la présence parmi les enquêtés de purs joueurs de padel, c’est-à-dire des sportifs qui ont commencé le sport par le padel (3,2%). On peut donc observer que ce sport rassemble différents profils de pratiquants et attire même des individus moins sportifs.
Dans une série d’articles, Paul Dornberger vous partage sa recherche consacrée au développement du padel. Ce joueur confirmé en France a réalisé un travail d’étude soutenu en avril 2024 dans le cadre de son Master en Management du Sport à l’UFR STAPS de Nantes.