CLaude Baigts a vu le padel se développer depuis 1990 sous ses yeux. A la fois joueur et acteur, il revient sur l’association Européenne des Clubs de Padel privés, mais nous livre aussi son sentiment sur le développement de notre sport.
L’EACP, une aventure incroyable
Je suis revenu fortuitement dans le padel après 15 ans de mise en retrait. L’Open de France de padel à Toulouse est redevenu, à la demande du maire de Toulouse, l’un de plus grands événements de padel amateur au monde sur une place publique : la Place du Capitole.
Mon retour s’explique de la manière suivante.
Il est difficile de refuser au Maire de Toulouse de relancer un Open de France sur la plus belle Place qui offre toutes les conditions de succès : superficie, cadre, public captif ( 50 000 passages jour), hôtel 5 étoiles face à la Place, parking, tous les flux d’énergie…
La rencontre avec Kevin et Alain Tournemire qui venaient de terminer la construction du Toulouse Padel Club présentant à ce jour 14 courts couverts et de nombreuses activités a été déterminante ; si des investisseurs privés à Toulouse se lançaient dans de telles réalisations c’est que le padel avait un avenir.
L’EACP, à l’américaine
On a décidé de travailler sur un modèle américain. Ce n’est pas un championnat. C’est une Coupe d’Europe de Clubs sur invitation sans montées ou descentes sportives.
L’objectif est de permettre aux clubs, aux coachs, de se rencontrer, d’échanger et de créer une économie dans le padel. Et ça fonctionne : on voit qu’il y a de nombreux échanges entre nos membres. Des clubs ont pu trouver des sponsors grâce à l’association.
A Malaga, en octobre prochain, nous réunissons 24 clubs dont 3 clubs africains (Maroc 2, Sénégal 1).
On espère que l’année prochaine, nous pourrons accueillir les clubs marocains, tunisiens et égyptiens présents en 2019 qui voulaient se joindre à nous.
Une cause commune
En 1992, la France, l’Italie et l’Autriche rejoignent la FIP. J’ai alors demandé une réunion pour essayer d’obtenir une voix, par une fédération. Puis je me suis battu pour permettre d’autoriser le service-volée. Le Président de la FIP a abondé dans mon sens alors qu’il représentait les joueurs argentins qui y étaient opposés. Mais c’était une décision juste car elle profitait à tous les nouveaux joueurs qui venaient du tennis.
En 2000, le mondial se fait à Toulouse. Là aussi, il a fallu convaincre. Mais on nous a suivi pour obtenir cette 5e édition qui s’était donc réalisée pour la première fois en-dehors de l’Espagne et de l’Argentine. Cela permettra en 2002 de voir le Mexique organiser la 6e édition du Mondial.
Je regrette que le plan de développement du Padel en France qui m’a été demandé en 2017 n’ait pas reçu immédiatement un échos favorable et qu’il ait fallu 2 ans pour voir des recommandations être mises en place : circuit sur Place publiques, Association des Clubs privés, ouverture vers les organisateurs de tournois et protection des clubs privés.
L’Espagne, un sacré modèle !
Le développement du padel en Espagne mais aussi en Italie, en Suède et plus globalement dans le monde repose sur 2 éléments : les investisseurs privés et la médiatisation.
En Espagne, les clubs privés et leurs investissements sans subventions représentent plus de 50% des réalisations
Et avec le parrainage du futur roi d’Espagne au mondial 1992, nous avions 2 chaînes de télévision en direct. Cela a permis à la Fédération de créer un circuit : le Circuit Beefeater padel.
Lors du 3ème Mondial de 1996 à Madrid, monsieur Jose Maria Aznar, le Président du Conseil Espagnol, joueur de padel, a permis à la Fédération Espagnol d’avoir accès à tous les médias pendant des mois précédant la compétition. Un budget avait été mis en place pour créer le club padel Espagne pour prendre en charge 10 joueuses et 10 joueurs pour accompagner par des résultats sportifs les investisseurs privés dans la construction de clubs. Les résultats sportifs ont été à la hauteur des attentes et les mois suivants la demande dans les clubs a été multipliée par 5.
Une succession de rendez-vous manqués
Le padel ne s’est pas développé comme ça devrait être le cas, car il y a une succession d’erreurs et un manque de connaissance du padel depuis son lancement dans les années 70 .
La FIP n’a malheureusement pas de moyens financiers et ce depuis sa création. Elle devrait avoir une dizaine de salariés au moins. Il y a des groupes de travail par continent qui se sont constitués récemment, et c’est déjà une très bonne chose.
On peut remercier Luigi Carraro. Mais c’est du bénévolat. Les décisions ne sont pas prises. La machine est lourde à se mettre en place, C’est en 2020, le point faible de toutes les fédérations. Tant que ça restera en l’état, on aura du mal à véritablement développer le padel de façon durable.
Alors pourquoi ces guerres entre les fédérations entre elles et les organisateurs de compétitions entre eux ? Rangeons-nous derrière la structure la plus représentative au niveau mondial : la FIP.
Que chacun apporte ses compétences, nous sommes en train de le faire avec l’AECP et la FIP. Nous avons ouvert la porte à la FEPA sous certaines conditions.
Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.