La situation du padel en Belgique n’en finit plus d’être paradoxale. En décembre dernier, le gouvernement a confié pour deux ans les rênes du padel à l’AFT Padel, fédération qui regroupe à la fois le tennis et le padel… Ce succès de la fédération mixte, en charge du padel pour deux ans de plus, aurait pu sonner le glas des espoirs de l’AFPadel, qui défend une fédération de padel indépendante.
Mais apparemment, il n’en est rien : non seulement l’AFP continue d’affilier des clubs et des joueurs, d’organiser ses propres compétitions, mais elle revendique même une prochaine victoire finale dans la guerre ouverte qui l’oppose à l’AFT Padel. Une victoire fondée sur un plus grand nombre de clubs et de joueurs qui lui sont fidèles, ainsi que sur des compétitions davantage fréquentées.
Près de 3000 licenciés et 81 clubs
Philippe Cerfont, trésorier de la fédération AFPadel, revient pour nous sur le choix du ministère et sur la “résistance qui s’organise” en vue de remporter “la guerre du padel”.
« Malgré le choix malheureux de la ministre des Sports en Belgique francophone, Valérie Glatigny, de reconnaître la fédération de tennis (AFT), la guerre du padel est en passe d’être gagnée par la fédération indépendante de padel, l’AFPadel. Au 12 janvier 2023, nous avons déjà près de 3000 licences validées et 81 clubs qui nous ont rejoints de manière volontaire. Il faut savoir que chez nos amis de l’AFT, un club mixte tennis-padel ne peut pas se retirer de la section AFT padel et est donc automatiquement listé comme faisant partie – parfois fictivement – de leur “fédération”. »
« Dans le même temps, l’AFT a précipitamment entamé son chant du cygne de la plus mauvaise manière puisqu’elle menace ses propres clubs de les exclure des interclubs et des compétitions de tennis. Elle invoque un point de ses statuts passé en catimini il y a quelque temps, qui stipule que les clubs de tennis ne peuvent plus partager leurs installations avec un sport lié à une autre fédération. L’AFT veut ainsi tenter d’intimider les clubs en leur disant qu’ils ne peuvent pas partager leur parking, leur vestiaire ou leur club house si le club fait le choix de la fédération de padel historique. »
“Nous tirons notre légitimité de nos clubs”
« Heureusement, la résistance s’organise et certains clubs sont bien décidés à ne pas être entravés dans leur liberté de choix par certains dirigeants de l’AFT. Ces clubs sont excédés par les mauvais résultats de la section padel de l’AFT et par des perspectives 2023 fort peu encourageantes pour eux. »
« Ces clubs et leurs dirigeants doivent comprendre que faire le choix de l’AFPadel est une question de bon sens pour eux. Les clubs ont pu juger sur pièce l’année passée lorsque les deux fédérations étaient en concurrence en Belgique francophone : ils ont naturellement constaté un succès plus important pour nos différentes compétitions. En interclubs AFT par exemple, certaines équipes d’interclubs d’un niveau loisir ont dû parfois faire de très longs déplacements pour rejoindre un autre club AFT. Ce sera encore pire cette année car nous avons davantage de clubs. C’est dommageable pour le développement de notre sport mais également peu éco-responsable. »
« Nous pensons que la reconnaissance ministérielle a été accordée de manière incorrecte, sans analyse de notre rapport d’activité. Nous avons d’ailleurs décidé d’aller devant le Conseil d’État pour contester cette décision qui aurait pourtant pu tout régler. Nous tirons notre légitimité de nos clubs, de notre communauté, de notre expérience et de nos résultats sur le terrain. »
Agir pour le bien du sport
« Nous déplorons une fois de plus l’attitude jusqu’au-boutiste et irresponsable de la fédération de tennis ainsi que son incapacité à véritablement agir pour le bien du sport mais aussi pour le bien de ses propres clubs. Se concentrer sur le tennis serait de bon augure au vu de l’énergie négative dépensée par certains dirigeants aveuglés par l’idée de s’accaparer le padel afin de clairement compenser le déclin du tennis, malgré un certain déni de réalité souvent entendu. »
« L’AFPadel veut à présent rassembler tous les joueurs de bonne volonté et tous les clubs qui souhaitent véritablement développer notre sport avec nous, en partenariat, comme nous l’avons toujours fait. Nous voulons mettre fin à la division de la communauté du padel en continuant à accueillir les clubs mixtes tennis-padel, bien sûr. Mais nous souhaitons rassembler tous les autres clubs déjà constitués, liés à d’autres sports ou pas, afin de leur proposer le meilleur service d’une fédération de passionnés, indépendante de toute influence externe et dont les décisions se prennent uniquement dans l’intérêt de notre sport favori, le padel. Nous réserverons le meilleur accueil à tous les clubs pour lesquels le padel constitue une vraie priorité. Nous comprenons que certains clubs préfèrent faire le choix du padel comme une activité annexe d’un club de tennis qui demeurera l’activité principale, à côté des terrains de pétanque ou des tables de ping-pong. Nous leur laissons évidemment le libre choix d’adhérer à la fédération de leur choix, nous. »
La balle est dans le camp de l’AFT Padel, qui – n’en doutons pas – doit elle aussi être persuadée qu’elle seule est en mesure de gagner la guerre !
Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.