Mathieu Squarta de Padel Riviera Mougins et Fabien Veber de Padel Horizon sont les invités du Podcast PADEL TALKS n°3 animée par Michael Kuzaj et Alex Cortey, les fondateurs de la marque de vêtements & accessoires padel éco-responsable Twenty by Ten.
Mathieu et Fabien sont tous deux des enseignants passionnés de padel, des ambassadeurs Bullpadel, et deux joueurs de bon niveau (No 49 français pour Mathieu et Fabien se situe aux alentours de la 100ème place française). Ils partagent avec nous leur avis, sans langue de bois, sur: la gestion controversée du padel par la FFT, la transition tennis-padel dans les clubs, leurs joueurs pros préférés et bien d’autres anecdotes croustillantes.
Ecoutez le podcast dans son intégralité: https://twentybyten.com/padel-talks-podcast-3/ ainsi que sur Apple Podcasts, Google Podcasts et Spotify.
REVIVRE UNE SECONDE FOIS
AC: Mathieu, tu nous disais en off qu’au tennis tu ne progressais plus alors qu’au padel, malgré la années tu continuais à progresser. Est-ce toujours le cas?
MS: Quand tu arrives à un certain âge, ou à un certain classement au tennis tu sens que tu n’as plus de marge de progression et que tu te bats pour un objectif qui n’en est même plus un, et que tu te lances dans un autre sport qui ressemble un petit peu au tennis [le padel], qui est quand même différent, ça te donne de super bases pour apprendre.
Donc oui je continue à apprendre tous les jours au padel.
Ca s’arrêtera peut-être à un moment, mais pour l’instant j’ai l’impression de revivre ce que j’ai vécu quand j’étais jeune. […]
AC: Le padel est donc un sport facile et accessible pour les joueurs de tennis selon toi?
[…] Oui clairement, et encore ça c’est pour les joueurs de tennis, mais pour les débutants c’est tellement plus facile de progresser et de se faire plaisir tout de suite [au padel].
Au tennis quand tu ne sais pas jouer, tu tapes deux balles, il faut deux heures pour aller les chercher etc. C’est un peu infernal.
Alors que si tu mets quatre débutants sur un court de padel, au bout d’une demi-heure ils se régalent.
AC: On a quand même la sensation chez les joueurs de tennis [moi le premier] qu’ils jouent sur leurs acquis au padel, alors qu’ils devraient prendre des cours s’ils veulent vraiment progresser…
FV: “Oui, mais en même temps ce qui a changé chez les tennismen, c’est que depuis deux ans ils ont tellement entendu “laisse passer”, “laisse passer”, “joue avec la vitre arrière”… que maintenant ils savent ce qu’ils doivent faire sur un terrain de padel.
Il y a cinq ans, quand j’ai commencé ils ne voulaient pas en entendre parler. Ils te disaient “ouais, ouais c’est ça”, alors qu’aujourd’hui les jeunes qui viennent du tennis ils savent, et du coup leur marge de progression est beaucoup plus rapide qu’avant.
LA FFT : les + et les –
MK: Est-ce que vous pouvez nous parler un peu du relationnel entre le tennis et le padel au sein de la FFT [Fédération française de tennis], qui on le sait est un peu compliqué en ce moment?
FV: Aujourd’hui si la Fédé [FFT] avait vraiment envie de nous aider elle le ferait.
On a eu deux, trois coups de “buzz” sur le padel qui ont fait du bien :
- Quand Arnaud Clément et Arnaud Di Pasquale se sont mis au padel ça a fait parler.
- Quand Gaël Monfils a fait le tournoi à Lyon en 2017 avec Robin [Haziza] et n’est pas allé jouer en Coupe Davis ça a fait le buzz.
- Aujourd’hui il y a Lucas Pouille qui joue régulièrement, il y a Benoît Paire qui joue régulièrement Il y a Mika Llodra qui est en train de s’y mettre.
Tu as des joueurs pros de tennis qui aujourd’hui kiffent le padel. Quand Arnaud Clément raconte lors de l’interview sur Padel Mag qu’il est piqué, qu’il est “padel addict”, la fédé [FFT], ne veut surtout pas s’en servir, parce que s’ils se servent du padel, et on en revient toujours à la même chose. On ne croit pas au fait qu’ils aient vraiment envie de développer le padel.
MS: Aujourd’hui on a l’impression que la FFT essaie de se structurer par le haut, c’est à dire par la compétition, et ce n’est pas très logique. Quand on sait que le FFT Padel Tour a coûté 500 000€, on se dit qu’elle aurait pu mieux utiliser cet argent dans les médias et les réseaux sociaux pour faire de la pub de masse et montrer que ce sport existe, ce n’est pas aux clubs privés de faire ce travail…
La fédération pourrait également intervenir en demandant à des joueurs de tennis pros de jouer contre des joueurs du World Padel Tour. De les voir se faire laminer par des joueurs de padel, alors qu’on sait à quel point ils sont doués avec une raquette ça pourrait vraiment faire le buzz.
AC: Ce manque d’engagement de la part de la FFT est presque paradoxal étant donné que le padel est un sport ludique et accessible en plein essor…
FV: Oui c’est dommage d’autant que chez les enfants, on est pas loin de 100% d’adhésion pour ceux qui essayent le padel est qui trouvent ça top. Dans les clubs de tennis, si on proposait une mixité en trouvant un partenariat avec des présidents de club de tennis qui seraient ouverts au développement du padel […] on pourrait développer davantage le padel.
PAQUITO ET SALAZAR: LES SENIORS FONT DE LA RESISTANCE
MK: Je vous ai demandé à tous les deux de nous présenter un joueur ou une joueuse du World Padel Tour. On connaît leurs résultats, mais on ne sait souvent pas qui ils sont, ni comment ils jouent.
MS: J’ai choisi Alejandra Salazar. C’est une joueuse que j’aime particulièrement. Elle joue à droite et a une main exceptionnelle. Elle arrive sur ses 35 ans cette année, donc ce n’est plus une jeune joueuse, mais j’aime bien justement l’état d’esprit sur le World Padel Tour où maintenant les “anciens” joueurs commencent à jouer avec les jeunes joueurs qui arrivent. Il y a un paquet d’équipes où c’est ce qui se passe et c’est le cas de Salazar qui joue avec Ariana Sánchez qui a 23 ans. Elle a gagné quatre fois le Masters, je crois que c’est un record d’ailleurs. Elle est encore 2ème mondiale. Surtout qu’en 2017 elle s’est faite les ligaments croisés. Du coup d’arriver à revenir à ce niveau là c’est fort. Elle a d’ailleurs fait d’Ariana Sánchez la plus jeune à avoir gagné le Masters.
MK: Je pense que ces associations sont superbes, parce que tu as d’un côté la jeunesse, la fougue et l’explosivité physique des jeunes qui peuvent s’associer à l’expérience des joueuses et des joueurs un peu plus vieux. Ca fait souvent des très bons duos.
MS: Carrément, ça fait des meilleurs duos que quand tu mets deux jeunes ensemble selon moi. J’ai mon petit avis sur la paire Galan-Lebron. Je ne suis pas sûr que ça fonctionne vraiment. Je pense que les deux vont vouloir s’imposer, vont vouloir faire des trucs incroyables et qu’au final ils vont se marcher dessus. C’est ce qui s’est un peu passé avec Paquito et Lebron. Ils ont été incroyables, mais ils se sont marchés dessus.
AC: Justement, comment ça fonctionne les paires au padel? Est-ce qu’elles ont tendance à rester ensemble ou est-ce qu’il ya des guerres d’égo?
MS: Je pense qu’il y a pas mal de guerres d’égo. Apparement, il y a pas mal de disputes chez les joueurs et les joueuses. C’était un peu le cas chez Salazar et Marrero qui ne s’entendaient plus sur la fin.
LE PADEL CHAMPAGNE DE PAQUITO
MK: Pour enchaîner sur ton joueur pros Fab, est-ce que tu pourrais nous présenter Navarro Paquito?
FV: Il y a quatre, cinq ans quand j’ai commencé à regarder des vidéos du World Padel Tour, je trouvais que Paquito était déjà un de ceux qui faisait le plus le “show”, et ce que j’ai un peu imposé aussi à mon club Padel Horizon c’est de laisser exprimer les coups fantaisistes. Un coup entre les jambes, un coup dans le dos, une retrale, un chambrage ça fait parti du padel parce que c’est un jeu ludique.
J’ai depuis toujours cité Paquito qui arrive en finale d’un Master à défendre dans le dos, de faire une vitre arrière entre les jambes, et justement le fait de jouer la gagne, d’avoir un regard de tueur tout en faisant des coups qui viennent de nulle part, pour ça je l’adore. Il montre qu’on peut jouer la gagne, avoir la hargne qui le caractérise, mais toujours en gardant que si l’adversaire a fait un bon point t’as le droit de lui faire un sourire ou d’aller lui taper dans le dos.
MS: J’ai eu la chance de jouer avec lui pendant l’exhibition à Riviera Padel à Mougins organisée par BullPadel. J’ai joué avec [Navarro] Paquito et [Federico] Chingoto, et c’était juste génial. A un moment donné le type me fait sortir gentiment, et moi évidemment je lui mets une mine par la porte pour essayer de lui montrer un peu ce que je vaux, c’est à dire rien du tout…
Ce qu’il m’a bien fait comprendre sur les deux points suivants où il m’envoie deux volées de coup droit où il me faut un club de golf pour la remettre. Une fois que la balle avait touché le sol il n’y avait rien à faire. J’ai bien compris qu’il ne fallait plus que je fasse le malin. Et on a finit par regarder la finale de coupe du monde de foot ensemble tous au bar du club. C’était top.
AC: Selon vous où se situe la différence de niveau entre les joueurs français et les meilleurs joueurs du World Padel Tour?
MS: Ca n’a rien à voir. On a l’impression de bien jouer en France, mais sur le niveau mondial, on ne fait pas le poids. Les meilleurs joueurs français flirtent tout juste avec le top 100 et encore…
AC: Quelles sont les grosses différences de jeu à ce niveau?
MS: Les effets sont incroyables, la balle ne va pas forcément plus vite, c’est plutôt les zones qui sont incroyables, l’effet est incroyable, physiquement ils sont monstrueux.
FV: Ce qui est surprenant c’est qu’on a l’impression que ça va à deux à l’heure, que ça met la balle dans le terrain et que ça défend l’acier, mais ça va pas à deux à l’heure du tout, ça va à deux mille. Tout ce qu’ils font ils le font mieux. On dit que nos meilleurs joueurs [français] défendent tout, non, eux [les joueurs espagnols] ils défendent vraiment tout, et à la moindre opportunité tu te prends un scud. C’est juste un autre monde.
Par contre la beauté de ce sport et c’est pour ça qu’on est tous accros c’est que contre les meilleurs tu joues, alors que si tu mets un joueur lambda contre Roger [Federer] il ne joue pas. Là tu peux jouer contre des mecs monstrueux. Tu joues avec l’impression que t’étais “à ça” de pouvoir gagner, même si tu te prends 6-1 6-1, mais tu as pû jouer avec eux et prendre du plaisir.
MS: Et la défaite ou la victoire n’est pas la même [qu’au tennis]. Une fois qu’on a gagné ou perdu on sort tous du terrain et on se retrouve tous ensemble autour d’une table pour manger et à boire des coups.
Merci à Fabien Veber (Padel Horizon) https://www.padel-horizon.com/ et à Mathieu Squarta (Riviera Padel) http://www.padel-riviera.com/
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Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.