Vice-champion de France 2025 aux côtés de Bastien Blanqué, Nicolas Rouanet a surpris tout le monde lors des derniers Championnats de France à Casa Padel Tres. Encore discret sur la scène nationale, le gaucher a prouvé qu’il savait répondre présent dans les moments de haute intensité. Entre préparation mentale, gestion de la pression, anecdotes inattendues et ambitions pour l’avenir, il raconte en détail son parcours.

Une préparation avant tout mentale

Dès qu’il a su qu’une association avec Bastien Blanqué était possible, Rouanet s’est préparé en priorité sur l’aspect psychologique : “J’étais un peu au courant que Bastien pouvait m’appeler. À partir de ce moment-là, je me suis préparé mentalement. Je savais que la pression allait être énorme, que tout le monde allait m’attendre au tournant. Mon objectif était d’être dans le moment présent et de dévoiler mon vrai niveau de jeu.” Rouanet raconte une anecdote savoureuse : avant ces Championnats, il n’avait quasiment jamais joué avec Bastien. “On s’était croisé une seule fois sur un tournoi en Italie, sur un FIP. On avait joué… 20 minutes ensemble, mais au pickleball !” Un détail qui rend encore plus improbable l’alchimie née lors de ce week-end.

La pression de jouer avec le numéro 1 français

Évoluer avec le meilleur joueur français à gauche, champion confirmé, n’était pas une mission simple : “Oui, il y avait de l’appréhension. Ce n’était pas une simple excitation, mais une vraie pression : celle d’être à la hauteur. Je savais que j’allais être énormément sollicité, que je toucherais beaucoup de balles. L’idée était de ne pas passer à côté et de montrer que je pouvais répondre présent.” Avant même le tournoi, certains commentaires fusaient : “On me disait déjà que j’étais champion de France avant que ça commence, juste parce que je jouais avec Bastien. Mais ce n’est pas si simple. Beaucoup de joueurs, dans ce type de duo, n’arrivent pas à gérer le poids. Moi, je me suis concentré pour justement ne pas passer à côté.”

Nicolas Rouanet : “J’ai entendu cent fois que si je gagnais, c’était grâce à Blanqué”

Répondre aux critiques

Le gaucher savait que son association allait susciter des réactions : “Si ça marchait, beaucoup allaient dire que c’était normal, que c’était grâce à Bastien. Mais ce n’était pas évident que ça fonctionne. Bastien a déjà joué avec d’autres, et parfois ça n’a pas pris. Moi, je voulais lui prouver, comme aux autres, qu’on pouvait former une bonne paire et aller chercher le titre.”

Un déclic pour la suite

Ce parcours lui a donné de nouvelles certitudes : “Je connaissais déjà mon niveau, mais j’ai réussi à le reproduire dans un contexte avec énormément de pression. Pour moi, c’est un déclic. Est-ce que j’ai joué mieux que d’habitude ? Non, mais j’ai réussi à livrer mon meilleur padel dans une situation très chaude, contre les meilleurs Français. Mentalement, j’ai franchi un cap. J’ai battu des joueurs de l’équipe de France, et ça change la perception que les autres peuvent avoir de moi.”

Objectifs et avenir

Rouanet ne compte pas s’arrêter là. La fin de saison sera encore chargée : “Il reste six ou sept tournois FIP jusqu’en novembre. Je continue avec Isaac Husevelt, avec qui je joue depuis deux mois. Ça marche bien entre nous, sur et en dehors du terrain, et on a de bons résultats. On termine la saison ensemble.”

L’équipe de France dans un coin de la tête

Même s’il n’a pas été retenu cette année, il espère que sa prestation pèsera pour l’avenir : “Je pense avoir marqué des points. Pablo Ayma m’a fait des retours très positifs après mes matchs. Je sais que la concurrence est rude, surtout à droite, mais c’est à moi de continuer à gagner et à progresser. Rien n’est acquis. Peut-être que ce Championnat fera pencher la balance pour la suite. En tout cas, je sais que Pablo m’a vu sur Bordeaux, il m’a vu sur ces Championnats et il suit mes résultats. Ça compte.”

Une finale amère

La défaite, après deux balles de match, reste douloureuse : “À chaud, c’était très compliqué. La remise des prix, je n’avais pas envie d’y être. Mais très vite avec Bastien, on a décidé de ne retenir que le positif. En une semaine, on a vécu une aventure forte, humaine et sportive. Jouer avec lui restera une expérience gravée.” Rouanet mesure aussi le chemin parcouru : “Notre tableau était corsé : Ayuso et Muesser dès les huitièmes, Boronad et Fonteny en quarts, Tison et Forcin en demi-finale… C’était usant physiquement et mentalement. En finale, il nous a peut-être manqué un peu de fraîcheur. À un point près, on était champions de France. Mais quand je regarde à froid, je ne retiens que le positif.”

Une histoire personnelle

Au-delà du sport, cette aventure a une résonance particulière pour lui : “Il y a quelques années, je vivais encore aux États-Unis. Je regardais sur YouTube les Championnats de France avec Bastien, Johan Bergeron… Je n’avais même jamais joué au padel. Et trois ans plus tard, je me retrouve à défendre le titre avec Bastien. C’est quelque chose d’unique, une aventure folle que je n’oublierai jamais.”

Franck Binisti

Franck Binisti découvre le padel au Club des Pyramides en 2009 en région parisienne. Depuis, le padel fait partie de sa vie. Vous le voyez souvent faire le tour de France en allant couvrir les grands événements de padel français.