C´est en rencontrant les personnes d´un pays qu´on apprend à connaître son padel. Nous avons eu l´occasion de faire connaissance avec un entrepreneur du padel allemand, Fran González, créateur de Padel Analytics et sélectionneur national.
Padel Magazine : Le padel en Allemagne existe depuis quand ?
Fran González : La première piste s´est construite en 2003 et est restée la seule jusqu´en 2010, année de la création de la Fédération Allemande de Padel. Ce fût à ce moment-là le grand départ du padel dans mon pays avec ensuite environ 3 pistes par an, puis en 2016-17, environ 10 nouveaux clubs par an. Aujourd´hui il existe 39 clubs avec plus de 60 pistes.
PM : Qu´en est-il des joueurs ?
FG : Il n´y a pas encore de licence de joueurs proprement dite. Nous avons simplement la liste des joueurs qui participent aux différents tournois. On compte depuis 2002 environ 1 000 joueurs qui ont participé à des tournois et un total d´environ 1 500 en padel loisir.
Des joueurs qui participent aux tournois on peut détacher les joueurs “élite” qui sont sélectionnés pour l´équipe nationale. Ce qui est intéressant c´est que nous avons plusieurs sélections hommes, dames, mais aussi séniors. Les séniors sont présents en masse en Allemagne car sur les dernières compétitions par équipes, nous avons inscrit 47 participants. Sur les 16 pays qui participaient, cela nous place juste derrière l´Espagne en nombre de joueurs, c’est encourageant !
Notre soucis actuel sont les jeunes. Nous essayons de lancer la chose, nous avons quelques joueurs et joueuses, mais il est difficile de les unir sur un lieu en particulier pour lancer les compétitions. Nous y travaillons et j´espère que très bientôt nous verrons des équipes jeunes allemandes sur les épreuves internationales.
PM : On entend ces derniers mois que plusieurs pays unissent la fédération de tennis avec celle de padel. Est-ce aussi le cas en Allemagne ?
FG : Pas du tout. Pour le moment nous avons 2 fédérations de padel. Nous avons créé la DPV (Deutscher Padel Verband) en 2010, qui adhère à la FIP et à l´EPA, puis il y a une autre organisation, créée en 2011 qui lance plusieurs circuits. Personnellement je ne pense pas que ce soit bien de séparer les forces, surtout dans un petit pays comme le nôtre. Certains joueurs adhèrent à une fédération, d´autres à l´autre, et les joueurs qui adhèrent aux deux sont vraiment minoritaires. Il faut que nous avancions sur ce sujet et que les clubs et joueurs n´aient pas à se soucier de ces “problèmes” de fédération.
Nous aimerions lancer comme une “une Bundesliga” qui déboucherait sur une Champions League, comme au footbal, les clubs et joueurs pourraient se déplacer, rencontrer des passionnés du même sport, et ainsi s´améliorer.
PM : Comment cela se passe avec les sélections nationales ?
Côté féminin nous avons des joueuses qui ont peu d´expérience sur le circuit, qui découvrent la compétition. C´est difficile pour elles, mais elles sont les pionnières du padel en Allemagne, et ça c´est positif pour les générations futures.
Chez les messieurs, nous avons de belles équipes qui sont capables d´accrocher des sets à des paires plus fortes. Il faut être lucide, actuellement nous sommes une nation B qui joue sa place en deuxième division, derrière les équipes A qui sont en Europe l´Espagne, le Portugal, l´Italie, la France et le Royaume-Uni.
PM : Comment se fait la diffusion du padel en Allemagne ?
FG : Je sais que les gens lisent Padel Magazine. Ensuite, beaucoup de choses se font au niveau local, par la presse ou les réseaux sociaux. Ensuite je suis le créateur de Padel Analytics, et les joueurs allemands s´intéressent à ce site qui reprend toutes leurs statistiques tournois, résultats et autres depuis 2012, année de la création. Chaque année, chaque tournoi, chaque joueur, font qu´aujourd´hui la base de données commence à se remplir. Donc nous allons dire que Padel Analytics sert à la promotion du padel, avec l´appui de Padel Magazine.
PM : En parlant de tournois, y-a-t-il des tournois internationaux qui se disputent en Allemagne ?
FG : Oui nous tentons de créer des tournois internationaux, notamment via la FIP. Le soucis c´est que des tournois relevés sont chers à organiser. Ensuite nous avons dû annuler certains tournois par manque de participants. Les problèmes que nous rencontrons actuellement sont les soucis financiers car les joueurs n´ont clairement pas les moyens de financer les déplacements pour les différents tournois, les sponsors n´aident pas “encore” ce sport jeune en Allemagne. Autre soucis c´est la crainte des joueurs à s´inscrire aux tournois internationaux. Vu que des joueurs étrangers viennent et ont un bon niveau, les Allemands craignent de se voir balayer au premier tour, donc ils ne s´inscrivent pas.
Petit à petit nous y arriverons.
PM : Comment vois-tu le futur du padel en Allemagne ?
FG : Le monde du padel professionnel est tout petit. Tout le monde se connait. En venant sur des évènements internationaux comme les championnats d´Europe, les championnats du monde, les joueurs et joueuses sont demandeurs et apprennent des grands tout en effaçant leurs peurs. Ils en parlent à leurs amis, famille, partenaires de clubs, et nous voyons plus de demandes de joueurs pour participer et faire partie de la sélection.
C´est positif, et je pense que d´ici peu, de par l´aide des séniors, puis des joueurs adultes, nous obtiendrons une sélection jeune, et c´est de là que se créera le boom en Allemagne.
PM : Merci Fran
Julien Bondia est professeur de padel à Ténérife (Espagne). Chroniqueur et conseiller, il vous aide à mieux jouer par l’intermédiaire de ses tutoriels et articles tactiques/techniques padel.