Environ 10 à 12 % de la population est gauchère, mais le padel professionnel affiche une tendance marquée : dans le Top 100 masculin, on retrouve parfois en fonction des mois sur ces deux dernières années jusqu’à 17% de gauchers. Cette surreprésentation accompagne l’émergence d’un style précis : un gaucher placé à droite, capable d’utiliser sa main forte au centre pour monter vite au filet et terminer les points.

Coello et Sanz : deux références du gaucher offensif

Bien sûr, la force des gauchers ne date pas d’hier : Belasteguín est resté 16 années consécutives numéro 1 mondial en jouant à gauche avec un gaucher à sa droite, dont 13 ans avec Juan Martín Díaz, puis 3 ans avec Pablo Lima. Néanmoins, ce qui semble évoluer ces dernières années, c’est l’agressivité des joueurs de gauche.

Arturo Coello en est l’illustration parfaite : il se projette très rapidement au filet, parfois en deux pas, pour se retrouver à la volée et prendre un grand espace qui déstabilise les adversaires. Le faire reculer est une option, mais au moindre lob court, la sanction arrive immédiatement.

Jon Sanz, dans un registre différent, possède lui aussi ce panel offensif propre au gaucher de droite : la capacité de transformer un lob moyen en par 3, ou d’enrouler une vibora parallèle très difficile à défendre.

Pourquoi l’association droitier/gaucher fonctionne si bien

Cette organisation permet d’accentuer la pression au filet. Ses avantages sont connus :

  • un atout physique et tactique : le gaucher peut venir couvrir ou soulager son partenaire de gauche dans certaines zones..
  • une couverture de terrain maximisée, avec deux mains fortes au centre, qui rendent le lob plus difficile ;
  • deux volées de coup droit pour conclure les points ;

Les limites du modèle gaucher

Un gaucher positionné à droite expose naturellement son revers ligne droite, une zone utilisée par les adversaires pour casser son agressivité.

Comme le rappelle d’ailleurs Jon Sanz, dans un entraînement partagé avec Xtres Padel, et publié par Padel Magazine.

« Quand un gaucher joue à droite, son coup le moins confortable est le revers parallèle, qui tombe sur sa jambe droite. C’est une zone où l’on peut exercer de la pression. »

Cependant, Coello compense ce point faible en raccourcissant le temps de réaction : il prend la balle très tôt, en volée ou demi-volée, empêchant l’adversaire d’installer la profondeur sur son revers. Cette anticipation réduit fortement la possibilité d’exploiter cette zone.

Une coordination qui doit être millimétrée

Deux mains fortes au centre exigent une communication irréprochable : gestion du lob au milieu, couverture de la zone intérieure, décisions rapides.

C’est d’ailleurs un des points qui différencient la paire Coello / Tapia : très peu d’incompréhensions, pratiquement jamais de doute sur qui doit prendre la balle.

À l’inverse, chez Paquito / Sanz, on a vu plusieurs actions discutées, notamment en finale contre Galán / Chingotto au P2 NewGiza, où Paquito a regretté certaines volées de coup droit de Sanz dans son espace.

L’essor des gauchers illustre l’évolution du padel moderne : un jeu plus rapide, plus vertical, où la prise d’initiative prime, mais qui exige en retour une coordination irréprochable.

Antoine Tricolet

J’ai découvert le Padel en Espagne par hasard dans un camping. Le virus a pris immédiatement, passionné de padel depuis 3 ans, je suis l’actualité internationale et régionale en vibrant tout autant que ce sport.