Peu après avoir pris sa retraite sportive, Johan Bergeron est passé au micro de Padel Magazine pour nous révéler les raisons qui se cachent derrière son choix.
« L’avenir en équipe de France, se fera forcément sans moi, ça c’est sûr. Après, je sais qu’au vu des joueurs qu’il y a déjà en équipe de France et lorsque l’on voit leur niveau actuel, je ne me fais vraiment pas de soucis. Il y aura forcément quelqu’un qui sera là pour me remplacer sans aucun problème. »
Padel Magazine : Justement, qui vois-tu prendre ta succession ?
J.B. : « Étant donné que le dernier Championnat du monde je l’ai fait à droite, on va plutôt chercher un joueur de droite. Je pense qu’on a tous dans un petit coin de la tête Dylan Guichard, qui s’entraîne en Espagne, un grand gaucher. Il a toutes les qualités pour réussir. »
” Se motiver pour l’équipe de France c’est facile, mais se motiver pour s’entraîner toute une année, c’est autre chose !”
Padel Magazine : Comme tu as pu le voir, nous avons été surpris à l’annonce de ta décision de mettre ta carrière en suspens. Comment s’explique cette décision ?
J.B. : « Je ne pense pas que c’est en ce moment que je joue le mieux, je suis beaucoup moins entraîné qu’avant. Et ça fait maintenant deux ans que je suis rentré en France, que j’ai ces projets avec la All-In Padel, que je m’entraîne moins. Je voulais déjà arrêter l’année dernière pour être franc. Mais avec l’arrivée du nouveau circuit, on entendait parler de Roland-Garros… j’avais envie de continuer car je souhaitais également profiter de ces moments-là, et je pense que j’ai bien fait parce qu’en voyant tous les tournois qui ont été magnifiques cette année, je pense que j’aurais eu un regret.
Ma tête est ailleurs déjà depuis un peu plus d’un an. Se motiver pour les Championnats de France et les échéances en équipe de France, c’est facile, mais se motiver toute une année pour s’entraîner, c’est autre chose et je sais que je ne suis plus capable de le faire. »
Padel Magazine : Est-ce qu’on pourra tout de même s’attendre à te voir sur des compétitions élite, ou est-ce que ta décision signifie tout arrêter ?
J.B : « En ce qui concerne les Championnats de France, c’est terminé. Je pars du principe que quand je participe à un tournoi, c’est pour espérer aller au bout ou au moins pouvoir donner le maximum pour espérer y aller. Et là, je ne suis plus à 100% donc je ne veux pas m’engager dans des compétitions si relevées pour être diminué ou pas investi.
Je ne veux pas paraître pour quelqu’un qui a la « grosse tête » mais : une fois que tu as gagné des titres, c’est très difficile de profiter du moment pour perdre en quarts.
Si j’ai une opportunité de faire quelques tournois, je le ferai avec plaisir mais ça sera vraiment du plaisir avant tout et ça ne sera pas une priorité en tout cas. »
Focus sur la All-In
Padel Magazine : Parlons maintenant de ta nouvelle carrière. On sait que tu es avec le groupe All-in Padel depuis un moment, est-ce que tu peux nous dire ce qu’il s’y passe actuellement ?
J.B. : « C’est aussi pour ça que j’ai pris cette décision d’arrêter. Je suis concentré sur d’autres choses. J’ai la chance d’être associé avec des gens qui sont formidables et qui veulent pousser dans ce sport, que ce soit Thierry Ascione, Jo Tsonga ou même Anthony Lopes (le gardien de l’OL) qui est fan de ce sport. Pour la petite anecdote, on a fait une animation coupe du monde à l’ouverture de la compétition et il est venu remettre les prix à tous les joueurs.
On se développe, on a trois centres (dont un qu’on ouvre début janvier), on a la boutique en ligne All-In Padel shop qui est lancée et qu’on essaye de faire connaître. Le Black Friday nous a un peu aidés parce que ça fait des animations autour de ça.
Après, on est sur plein d’autres projets. J’ai la chance d’être associé avec eux et c’est vrai qu’il y a 0 limite. Il faut que ce soit bien fait, mais en tout cas tout est fait pour que l’on aille vers l’avant et qu’on ne s’arrête pas à trois centres et un site internet. »
Padel Magazine : Vous n’allez pas vous arrêter là, qu’est-ce cela veut dire concrètement ?
J.B. : « Cela veut dire qu’on regarde tout ce qu’il se passe ailleurs, et qu’on est prêts. S’il y a des opportunités, on saura les saisir. En tout cas, on ne fera pas n’importe quoi dans le sens où on a notre business model et on ne dérogera pas à la règle. On ne va pas se lancer dans un projet si on sait que ça ne va pas être viable par exemple. On regarde tout ça, mais on reste à l’affût quand même. »
“Le Human Padel Open, l’un des pires moments de ma carrière”
Padel Magazine : Quel a été le moment le plus compliqué pour toi sur une piste de padel, un moment où tu aurais pu te dire : « là j’aurais pu m’arrêter avant l’heure » ?
J.B. : « Je pense sincèrement qu’au milieu de cette année, j’ai eu des moments très compliqués parce que je m’entraînais moins. J’ai bien performé en début d’année en faisant dernier tour de previas et 2e tour de previas, et je ne sais pas si je me suis reposé sur mes acquis ou quoi que ce soit, mais en tout cas je me suis moins entraîné à ce moment-là.
Le pire moment ça a sûrement été le World Padel Tour Toulouse (Human Padel Open), où physiquement j’étais à la rue. J’avais envie de profiter, j’avais envie de voir mes amis, dans ma tête il y avait tout qui se mélangeait.
Cette période a été dure parce que je suis assez réaliste sur ce que je fais et je sais qu’à ce moment-là physiquement j’étais vraiment dans le dur, et c’est très compliqué de se sentir autant dans les choux. »
La 1ère saison avec Bastien Blanqué, un souvenir inoubliable
Padel Magazine : En dehors des médailles ou des titres, est-ce qu’il y a eu des moments d’euphorie, où tu te sentais invincible ?
J.B. : « Je pense sincèrement que quand j’ai commencé avec Bastien (Blanqué), quand on est partis à Madrid c’est vrai qu’on a fait une année incroyable ! Il y a ce fameux titre de Champions de France (le 1er), mais sur toute l’année je crois qu’on avait perdu que 3 ou 4 matchs. Et puis même l’année d’après, il y avait la rivalité avec Ben (Tison) et Adri (Maigret). Mais il y avait une certaine confiance en nous qui faisait qu’on pouvait perdre, mais on arrivait toujours sur le terrain en se disant “on va gagner ce match, si on met les ingrédients, on gagnera”.
Ça c’est vrai que c’est des moments au contraire qui sont vraiment “kiffants”. Je ne vais pas dire que tu te sens vraiment invincible, parce que quand on allait au World Padel Tour on prenait des cuisantes défaites aussi.
On savait que quand on allait en France, on avait beaucoup de chances de gagner.
Et puis aussi j’ai bien aimé mon changement de côté, au début. Quand j’ai commencé à passer à gauche et que j’ai joué avec Ben, on a eu deux ou trois tournois où le niveau de jeu était quasiment excellent. Et puis après quand j’ai appris à défendre avec les vitres à gauche, j’ai peut-être perdu un peu la fougue que j’avais d’aller vers l’avant. »
Padel Magazine : Est-ce que tu ne t’es pas dit à un certain moment, que tu aurais pu continuer avec Bastien Blanqué ?
J.B. : « On aurait pu, oui. Notamment parce qu’on s’entendait bien, sur la piste on était très complémentaires. Après, il faut aussi se rendre compte de tout le travail qui est fait derrière et oui on était très confiants sur plein de tournois etc.. on a vécu ensemble pendant deux ans, j’ai changé de ville parce que j’avais besoin de changement, on s’entraînait ensemble tous les jours et au bout d’un moment oui, peut-être que cette flamme s’est un peu estompée. Et surtout si j’ai arrêté avec Bastien, c’est que j’avais envie de changer de côté ! »
Padel Magazine : Ces dernières semaines on a pu voir Bastien jouer à un niveau exceptionnels à gauche. Et en même temps beaucoup se disent que c’est un défenseur tel, qu’à droite il pourrait performer. Avec toi qui es passé à gauche, est-ce qu’une dernière danse lors des prochains Championnats de France avec Bastien à droite et toi à gauche ça ne te « chaufferait » pas ?
J.B. : « Franchement je n’en sais rien. Je ne sais pas comment l’équipe aurait marché. Après quand j’ai décidé de jouer à gauche, je savais que je n’allais pas être au top par rapport à d’autres joueurs de gauche. Et je pense qu’au début j’étais moins bon que certains joueurs de gauche en France.
Le fait de jouer avec Ben a été une grosse aide pour moi. Je ne sais pas si Bastien m’aurait aidé de la même façon que Ben a pu m’aider en étant gaucher.
Mais il le sait Bastien. Il est très complet, c’est quelqu’un qui peut jouer à gauche comme à droite. Après, c’est la tête qui va faire que s’il a envie de jouer à droite il jouera très bien. S’il n’a pas envie, tous les ingrédients ne seront pas mis pour performer. Mais il a les capacités pour jouer des deux côtés, sans aucun problème. »
Retrouvez l’interview dans son intégralité ci-dessous :
Passionné de football, j’ai découvert le padel en 2019. Depuis, c’est l’amour fou avec ce sport au point de délaisser mon sport de prédilection.