Au terme (ou presque) d’une semaine à Toulouse, les spectateurs les plus assidus auront pu voir de près les meilleures joueuses et les meilleurs joueurs du monde. Observer de près ces athlètes de haut niveau, que ce soit sur la piste ou en dehors, durant leurs entraînements et leurs routines d’avant-match, est un privilège rare.
On peut voir leur manière de gérer la pression et les moments tendus, de saisir chaque occasion pour se relâcher et faire redescendre cette pression, de se servir parfois du public en faisant le show, de s’agacer parfois, de se frustrer ou de contester une décision de l’arbitre.
L’énorme majorité des joueurs sont exemplaires de fair-play, notamment au moment de reconnaître quand leur balle a touché la grille avant le sol, une partie de leur corps ou qu’elle a doublé au sol. Quelques rares spécimens se laissent parfois griser par leur envie de gagner ou profitent du combat dans l’arène pour décharger un peu d’agressivité.
Un début de match pas encore féroce
Chouchous du public, Paquito Navarro et son partenaire Federico Chingotto font partie des joueurs les plus spectaculaires et expressifs – en particulier le Sévillan. Ce samedi en demi-finale, ils sont rentrés dans l’arène toulousaine en mode tranquille, à la manière d’une meute de lion arrivant au point d’eau sans intention de se mettre en chasse immédiatement. La férocité était encore rentrée.
Le match contre Ale Galan et Jon Sanz a débuté par un round d’observation, presque comme un match d’entraînement entre amis. La crispation semblait aux abonnés absents, les sourires sur les visages, en particulier ceux de Paquito et Federico, dont on sentait le plaisir de jouer ; et parfois de jouer des tours à leurs adversaires, après un point particulièrement virtuose.
Ils ont chipé en premier le service de Jon Sanz, mais ne se sont pas alarmés de perdre juste après celui de Chingotto. Peu après, ils refaisaient le break et s’adjugeaient le premier set 6/3, sans donner l’impression de forcer.
Le second set a vu Galan et Sanz monter peu à peu en puissance, dans un palais des sports de plus en plus chaud. Mais Navarro et Chingotto, loin de s’affoler, ont élevé aussi leur niveau de jeu et – avec un peu plus de chance sur les punto de oro – auraient pu ravir plusieurs fois le service adverse. Leurs proies du jour se sont octroyé un répit en décrochant à l’énergie ce second set sur le score de 6/4. Malgré cela, Paquito arborait toujours le même sourire, sûr de son fait.
Jon Sanz, animal blessé
Mais rapidement dans le troisième set, les fauves Paquito et Fede se sont remis en chasse, harcelant et travaillant au corps leurs adversaires. Et ce qui devait arriver arriva : sur un point particulièrement difficile, Sanz a soudain eu un trou d’air, incapable de revenir défendre une volée au centre. Tel un animal blessé, il s’est alors réfugié dans un coin de la piste, accablé. Galan l’a rejoint pour le soutenir et tenter de l’aider.
En face, les deux grands prédateurs n’ont rien perdu de la scène, alléchés par ce signe évident de faiblesse – l’équivalent de l’odeur du sang dans la savane africaine. L’instant d’après, Jon Sanz a repris sa place à la volée, tentant de décontracter ses mollets, sans doute victimes de crampes, après son match de 2 h 47 joué la veille.
A partir de là, toutes les balles ou presque se sont concentrées sur l’ « animal » affaibli, qui a enchaîné les fautes et ne pouvait plus bouger pour (se) défendre. Un premier break a concrétisé cette domination, suivi d’un deuxième qui ne laissait plus aucun doute sur l’issue du match.
Le public de l’arène a alors pu applaudir cette « mise à mort » symbolique, perpétrée sans cruauté et dignement célébrée par les vainqueurs du jour. Mais Paquito et Chingotto savent que s’ils étaient les fauves aujourd’hui, ils seront peut-être les proies demain.
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Après 40 ans de tennis, Jérôme tombe dans la marmite du padel en 2018. Depuis, il y pense tous les matins en se rasant… mais ne se rase jamais pala en main ! Journaliste en Alsace, il n’a d’autre ambition que de partager sa passion avec vous, que vous parliez français, italien, espagnol ou anglais.