Qui pourra véritablement rivaliser avec la paire composée de Bastien Blanqué et Thomas Leygue lors des championnats de France qui débutent ce vendredi au 4Padel de Strasbourg ? La question mérite d’être posée, d’autant plus que les observateurs sont unanimes : dans un récent sondage réalisé par Padel Mag, plus de 8 lecteurs sur 10 (81 %) estiment que Blanqué et Leygue sont bien partis pour réaliser le triplé (avis par ailleurs partagé par Adrien Maigret). De nombreux éléments plaident en faveur de leur domination annoncée, soulevant ainsi au moins deux questions importantes.
1- Des compositions d’équipes figées… à contretemps ?
En examinant de près la liste des paires qualifiées pour ces championnats de France, une interrogation légitime émerge : cette liste est-elle encore pertinente face aux enjeux ? Arrêtées dès le mois de mars, les compositions d’équipes semblent parfois décalées six mois plus tard. Beaucoup de joueurs ont en effet évolué dans leurs projets, changeant parfois plusieurs fois de partenaire depuis. Or, le padel étant un sport d’équipe où la communication et l’entente sont cruciales (clin d’œil au passage à Jean-Michel Pequery…), il est légitime de se demander quel sera le niveau de performance d’une paire qui n’a plus joué ensemble depuis plusieurs semaines… et qui a parfois perdu l’envie de le faire !
2- La sélection par ligues : une approche égalitariste… qui défavorise les meilleurs ?
Autre question soulevée avant ces championnats : le système de sélection qui repose sur les championnats régionaux est-il réellement bénéfique pour le niveau général ? Ce mode de qualification peut avoir un double effet : dans les ligues les plus fortes, seuls les meilleurs sortent, écartant ainsi des paires bien classées du niveau national ; à l’inverse, dans des ligues plus faibles, la qualification peut être obtenue avec moins de difficulté.
Prenons l’exemple de la paire Benoît Théard / Thibaud Pech. Selon Théard, « le système de qualification nuit à la qualité des Championnats de France ». Lors des phases régionales d’Occitanie, cette paire, tête de série n°1, s’est inclinée en demi-finale face aux jeunes espoirs Timéo Fonteny et Yann Boronad (TS3), terminant ainsi 3e. Théard et Pech pouvaient-ils espérer un repêchage ? Non, car le système privilégie les deuxièmes de chaque ligue, indépendamment du classement national (actuellement, Théard est 21e et Pech 28e). « C’est difficile à accepter », confiait le premier à Padel Magazine il y a quelques jours, après avoir vu sa demande de wild card refusée. « Ce tournoi représente l’aboutissement de beaucoup d’efforts pour nous (…) et nous faisons de nombreux sacrifices au quotidien pour maintenir notre classement, tout en gérant une vie de famille et un métier. »
3 – Un paradoxe avec l’esprit sportif ?
Il ne s’agit pas ici de juger si la méthode appliquée est bonne ou non, car la FFT assume son choix, ce qui peut se comprendre : l’objectif est de développer toutes les ligues. Si, demain, seules “les meilleures paires” sont sélectionnées, certaines ligues pourraient disparaître des Championnats de France, et ce serait regrettable. N’y aurait-il pas une approche plus équilibrée, qui permette à la fois de promouvoir toutes les ligues et de prendre en compte les meilleures paires françaises ?
On peut également se demander s’il n’y a pas une forme de paradoxe avec l’esprit sportif censé animer les championnats de France. En théorie, une compétition nationale doit couronner les meilleurs de la saison, d’autant que ce tournoi est estampillé P3000 et offre de nombreux points pour le classement annuel. Mais dans la pratique, il apparaît que toutes les paires engagées ne sont pas forcément dans une dynamique de projet sportif commun, et que le système de sélection favorise une approche égalitaire entre les ligues, au détriment parfois de la compétitivité.
Ne faudrait-il pas, à l’avenir, envisager davantage de flexibilité dans les dates d’inscription et aussi prendre en compte les paires les mieux classées au niveau national ? Le padel étant un sport en plein développement, il est légitime de penser que des ajustements seront apportés dans le futur. D’ici là, les matchs qui se dérouleront ce week-end au 4Padel de Strasbourg ne manqueront pas de nous faire vibrer, avec peut-être quelques surprises à la clé.
Affaire à suivre !
Pas un jour sans une ligne… de pista de padel ! Depuis quelques années, Frédéric a pris le parti de se consacrer à sa passion de toujours : la petite balle jaune et son univers impitoyable. Addict, vous avez dit addict ?